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Lifestyle - Société

Le « marché aux mariées », tradition vivante chez les Tziganes ferblantiers

Pour les adolescents des deux sexes, l'événement constitue une rare occasion de s'amuser et de flirter comme tous les jeunes gens de leur âge.

Certaines jeunes filles se maquillent et s’endimanchent pour se faire remarquer. Photos Dimitar Dilkoff/AFP

Autrefois, les filles de la petite communauté des Tziganes ferblantiers de Bulgarie n'avaient pas le droit de porter des jeans. Ce temps est révolu, mais pas celui des «marchés» où se négocient leurs mariages.
Comme chaque année au début du carême, cette petite minorité nomade de la population Rom se donne rendez-vous dans le village de Moguila, au centre du pays, pour rencontrer amis et parents, mais surtout pour négocier le prix d'une mariée.
«Si je veux me marier ? Mais bien sûr», s'exclame Yanka, 15 ans, du village de Boliarovo, proche. Lèvres rouges, mascara bleu, robe de satin, elle explique «s'être fringuée exprès pour le
marché».
La société des Tziganes ferblantiers, patriarcale et très religieuse, compte environ 15000 âmes éparpillées en Bulgarie. Un mariage hors de cette communauté orthodoxe est formellement interdit.
Les filles sont strictement séparées des garçons et même souvent retirées de l'école vers l'âge de 11 ou 12 ans afin d'éviter qu'elles «déshonorent» leur famille, en clair qu'elles perdent leur virginité.
Pour les adolescents des deux sexes, les «marchés aux mariées», dont les principaux ont lieu quatre fois par an, constituent une rare occasion de s'amuser et de flirter comme tous les jeunes gens de leur âge.
«Il ne fait pas encore assez chaud pour porter des sandales, mais la beauté exige des sacrifices», reconnaissent les sœurs Kalinka et Galina, étalant des cheveux frisés jusqu'à la taille, des colliers lourds en or et des sandales couleur dorée. «Notre objectif est de nous faire remarquer!» déclarent-elles en jetant des regards espiègles aux photographes.
Leur père, lui, affiche ses conditions. «Je demande 50000 leva (25000 euros) pour les deux. C'est mon prix, je ne les laisse pas se marier sans argent», fait-il savoir, sévère.
Hristo Nikolov, un militant rom, met en garde contre toute généralisation: «Il est faux de croire que tous les Roms achètent leurs épouses», déclare-t-il, soulignant que cette pratique est bien particulière à la petite communauté des ferblantiers. «Je la condamne fermement», ajoute-t-il.
Le chercheur Alexei Pamporov, de l'organisation non gouvernementale (ONG) Open Society, estime qu'on «ne peut pas parler de mariages forcés». Selon lui, «les filles ne sont pas maltraitées et leur consentement est toujours demandé».
Le candidat au mariage doit donner de l'argent, le prix étant négocié entre les parents. L'idée est de prouver que le jeune homme est capable de nourrir une famille et de travailler pour rembourser l'argent, souvent prêté.
«La communauté est sensible à la modernité : les filles sont autorisées à porter des pantalons, à aller plus longtemps à l'école et à se marier plus tard que leurs parents», assure Alexei Pamporov.
Beaucoup de filles étaient venues au marché en tenue quotidienne, contrairement à leurs mères, endimanchées, en jupe de velours aux couleurs vives et voiles imprimés de roses. «Je n'aime pas leurs jupes bigarrées et leur maquillage. Je veux plaire à quelqu'un telle que je suis, naturelle», déclare Donka, 22 ans, habillée en jean et en tee-shirt, cheveux longs ramassés à la nuque. «Qu'on ne donne que peu d'argent pour moi, peu importe, ce qui m'intéresse est de m'entendre avec mon époux et de trouver le bonheur», dit-elle.
Sa sœur de 19 ans, Mariyka, approuve: «Je n'aime pas leurs habits, leur dot et leur argent... Mais on ne choisit pas ses parents», murmure-t-elle tout en se tournant pour baiser respectueusement la main d'un parent lointain.

(Source : AFP)
Autrefois, les filles de la petite communauté des Tziganes ferblantiers de Bulgarie n'avaient pas le droit de porter des jeans. Ce temps est révolu, mais pas celui des «marchés» où se négocient leurs mariages.Comme chaque année au début du carême, cette petite minorité nomade de la population Rom se donne rendez-vous dans le village de Moguila, au centre du pays, pour rencontrer amis...

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