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Marges de manœuvre, limites et perspectives de la société civile dans la dépollution de la Méditerranée - Environnement

Marges de manœuvre, limites et perspectives de la société civile dans la dépollution de la Méditerranée

Un atelier de travail regroupant parlementaires, ONG et journalistes, tenu récemment au Caire, a soulevé la question de l'implication de la société civile dans les initiatives de protection de la mer.

Le dépotoir de Saïda s’effondre régulièrement dans la mer. C’est un exemple de conséquence de la mauvaise gestion des déchets ménagers. Photo Ahmed Mantache

La Méditerranée est polluée et tous les pays riverains en sont responsables. Pour ne parler que du cas du Liban, les égouts se déversant sans traitement, les grands dépotoirs côtiers et les diverses autres activités humaines y contribuent de manière non négligeable. Pour une action efficace, idéalement, il faudrait combiner politiques nationales et stratégies régionales, avec une participation de la société civile à l'élaboration de toutes ces politiques, comme partenaire et comme censeur. Joue-t-elle son rôle actuellement au Nord comme au Sud de la Méditerranée ?
Cette question a été examinée sous tous les angles lors d'un atelier de travail organisé en Égypte par le Bureau d'information méditerranéen pour l'environnement, la culture et le développement durable (MIO-ECSDE) et le Réseau arabe pour l'environnement et le développement (RAED) avec l'appui du bureau régional du WWF. Le séminaire, auquel participaient des dizaines de parlementaires (dont le député libanais Mohammad Kabbani, président de la commission parlementaire des Travaux publics et de l'Énergie), des représentants de la société civile et des journalistes, s'inscrivait dans le cadre de l'initiative Horizon 2020 (H2020), ou dépollution de la Méditerranée d'ici à l'année 2020.
L'initiative H2020 avait été adoptée durant la Conférence ministérielle sur l'environnement qui avait eu lieu au Caire en 2006. Elle repose sur trois piliers :
  • L'examen, la surveillance et la recherche
  • L'investissement
  • Le renforcement des
capacités
Chacun de ces thèmes a été développé en projets (il y a aussi un label H2020 auquel des entreprises peuvent se porter candidates). Le séminaire s'est inséré dans le cadre du renforcement des capacités de la société civile à mieux comprendre les rouages de l'intervention auprès des organisations régionales et internationales comme auprès des gouvernements. Il a aussi observé les limites de la capacité de la société civile à influer sur l'un ou l'autre, et les moyens de la rendre plus organisée et efficace dans les pays riverains. Des débats animés ont parfois eu lieu, comme autour d'une intervention portant sur la relation avec l'Union européenne (UE), donnée par son représentant au Caire Daniel Weiss, notamment sur le point de savoir comment influer sur les organisations internationales quand celles-ci traitent le plus souvent avec les gouvernements. L'un des conseils, à ce propos, a été d'inciter les ONG à se regrouper en plates-formes de pression et à ne pas hésiter à hausser la voix... D'un autre côté, même les parlementaires ont souligné la difficulté de traiter quelquefois avec les gouvernements des pays méditerranéens.

Améliorer l'image des ONG
L'une des interventions de Michael Scoullos, président du MIO-ECSDE et d'une autre ONG régionale, Global Water Partnership (GWP), professeur universitaire, était justement axée sur l'amélioration de ce degré d'efficacité de la société civile dans le grand processus qu'est la dépollution de la Méditerranée. Pour lui, la participation du public rend la protection de l'environnement plus sûre à long terme, elle aide à combattre l'opacité et la corruption, et économise du temps, puisque tous les acteurs se trouvent impliqués dans la prise de décision.
Le développement durable, a rappelé M. Scoullos, est fondé sur trois axes : l'économie, la société et l'environnement, et ne peut être réalisé sans l'apport du gouvernement. Mais pour que la participation se réalise, il faut assurer le droit à l'information, ainsi que l'accès à la justice et aux fonds. « La participation du public est améliorée par la démocratisation, et elle est un processus en constante évolution, a-t-il souligné. Elle consiste à identifier ce qui n'est pas durable, à soulever le débat et à rechercher la solution. »
Pour sa part, Emad Adly, président de RAED, a dépeint une dure réalité. « Malgré tous les efforts, la société civile dans nos pays n'est toujours pas considérée par les gouvernements comme un partenaire à part entière, a-t-il dit. Souvent, l'initiative du partenariat vient de la société civile, et elle est surtout tributaire des relations personnelles avec les responsables. Le manque de confiance règne, d'une part, entre autorités et ONG et, d'autre part, entre les ONG et ceux qu'elles sont supposées représenter, et qui n'ont plus confiance en leur rôle. Il faut améliorer l'image des ONG dans la société, augmenter leurs ressources financières et renforcer leur relation avec les médias. »
M. Adly a insisté sur l'importance des réseaux régionaux pour contourner les difficultés. Il a fait remarquer qu'un partenariat efficace et fondé sur le dialogue entre autorités nationales et société civile profite aux deux, puisque la responsabilité devient partagée.
Par société civile, on n'entend pas seulement les associations, mais aussi le secteur privé. Celui-ci était représenté par Hicham Aboujaoudé, d'une entreprise spécialisée dans le développement durable et basée au Liban. Il a déploré le fait que les PME se soient montrées si passives dans le processus du H2020, à la naissance duquel elles avaient pourtant participé. Il a rappelé que les PME représentent 80 à 85 % du secteur privé du pourtour de la Méditerranée et assument 50 à 55 % de la pollution résultant du secteur privé, d'où leur importance. Or, selon lui, il leur reste difficile d'accéder à l'information ou aux fonds pour améliorer leur performance environnementale. Le renforcement des capacités les concerne donc tout autant.
La Méditerranée est polluée et tous les pays riverains en sont responsables. Pour ne parler que du cas du Liban, les égouts se déversant sans traitement, les grands dépotoirs côtiers et les diverses autres activités humaines y contribuent de manière non négligeable. Pour une action efficace, idéalement, il faudrait combiner politiques nationales et stratégies régionales,...