« Le meilleur du meilleur » de Samy Khayath pour son jubilé d’or

Cinquante ans de franche rigolade envers et contre tout ça se fête! C'est ce que n'a pas manqué de faire Samy Khayath. Pour célébrer avec faste le jubilé d'or de son théâtre, le roi - autoproclamé - du rire a regroupé, le temps d'une soirée unique, les amis, les anciens collaborateurs, les nouveaux de la troupe et, bien sûr, son fidèle public au palais de l'Unesco, autour d'un «Best of the Best» de ses sketchs, parodies chantées et autres imitations.
Une grande fête du souvenir qui a fait salle comble et dont beaucoup sont ressortis sinon meilleurs, du moins plus joyeux. Et cela pour une double raison. La première est évidente. Peut-on rester morose après avoir passé près de trois heures en compagnie de cet humoriste pétulant?
L'autre raison de se réjouir est que l'intégralité des recettes de cette soirée sera reversée au profit des œuvres sociales de Domus - Beit el-Mohtaj. Qui projette, notamment, la construction d'une maison de repos pour vieillards démunis sur un terrain qui vient d'être acheté par l'association à
Hazmieh.
Près de trois heures de rires non stop entamées, en fanfare (par les scouts de la troupe al-Jarrah), et clôturées par un étincelant feu d'artifice, au cours desquelles défileront sur scène tous ceux et celles qui ont fait - et continuent de faire - les beaux jours du théâtre de Samy Khayath. Tous ceux et celles qui ont accompagné, sur les planches ou en coulisses, le parcours sur cinquante ans de cet amuseur public à l'énergie et à l'humour inaltérables.
C'est avec les membres de sa nouvelle troupe que Samy Khayath enclenche la première partie des festivités. Avec David et Vera Darazi, Jad Saad, Sabine Khayath (sa fille), Nadine Awad Dagher (grand talent de chanteuse-imitatrice, qui est la fille, elle, d'un de ses ex-comparses, Fouad Awad), Isabelle Ishkarian (au clavier) et, bien sûr, Nayla, sa femme, il va présenter une série d'imitations et de saynètes nouvelles. Dont une à la pointe de l'actualité, inspirée des récentes mesures de limitations de vitesse prises par le ministre de l'intérieur, Ziyad Baroud.
Des sketchs d'actualité, certes, sauf que celle-ci a parfois d'étranges résonances avec le passé. Surtout quand il s'agit du zèle des fonctionnaires, que Samy caricature à travers une épique conversation entre un usager et la centraliste des renseignements téléphoniques!
Des sketchs nouveaux, mais évoquant toujours, entre rire et nostalgie, le Beyrouth d'antan. Celui de ses débuts d'amuseur public à Jamhour, en classe de troisième. Celui de la grande époque des années 70, du stade du Chayla, où Samy et sa première troupe se produisaient. Celui des années de «rire malgré la guerre», dans les années 80 aussi....
La deuxième partie sera consacrée «au show hollywoodien», comme il le dit, de remise des Oscars aux anciens de la troupe Samy Khayath. Lesquels, appelés sur scène, pour recevoir leur trophée, ont rejoué chacun, à tour de rôle et avec une incroyable aisance (pour des personnes ayant abandonné les planches depuis un bon moment!) avec Samy leur meilleurs rôles. Parmi les meilleurs moments: l'imitation de l'accent arabe par André Bekhazi, son grand complice, celle de «Farid el-Atrache en visite à Paris» par Fouad Awad, la «Française découvrant le libanais (au double sens du terme : langue et spécimen masculin)» de Tania Alouf, en passant par d'hilarants sketchs téléphoniques et d'examen oral au bac interprétés successivement par Toni Nehmé et Youssef el-Hachem... Le rire mais également l'émotion étaient au rendez-vous avec un hommage particulier, visionnage d'extraits vidéos à l'appui, à Leyla Haddad, un des piliers de l'ancienne troupe aujourd'hui disparue.
Impossible de résumer une soirée couvrant cinquante ans d'émotions, de sentiments, de souvenirs et d'humour.
Il reste à souhaiter à Samy Khayath, véritable pile d'énergie et concentré de drôlerie, cinquante prochaines années aussi pleines de vitalité.