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Nos Lecteurs ont la Parole

« En prison, pour médiocrité ! »

Par Rabih NASSAR
« L'autorité repose d'abord sur la raison. » Une de ces vérités qu'on survole vite dans sa jeunesse en lisant Le Petit Prince ou, plus tard, en le redécouvrant. Cette vérité mérite pourtant un détour, car le roi lucide continue en disant : « J'ai le droit d'exiger l'obéissance parce que mes ordres sont raisonnables. »
La mosaïque d'enfants terribles que représente notre population libanaise est donc accusée à tort d'insubordination.
Bien sûr, qui de nous n'a jamais jugé cet automobiliste en sens interdit ou ce camionneur défiant les lois de la physique? Qui n'affiche pas une moue dédaigneuse en parlant de corruption ? La paille dans l'œil du voisin, pas la poutre dans notre œil ! Car enfin, nous avons tous brûlé un feu obstinément bloqué au rouge, écrasé l'accélérateur dans une rage incontrôlée sur une nouvelle chaussée par déjà trop déformée, et ceux qui, parmi nous, ont offert un coupe-papier à cet unique officier lettré ou un costume signé à ses cousins analphabètes l'avons fait en nous félicitant. Après tout, reprend le roi : « Il faut exiger de chacun ce que chacun peut donner. »
Sans vouloir pour autant justifier l'inconscient citoyen turbulent, je souhaite pointer du doigt l'autre coupable fuyant perpétuellement ses responsabilités : l'État libanais. Cette chose qui, depuis l'après-guerre, traite uniquement les symptômes de notre maladie. Comme un adolescent qui masque son acné à coups de fond de teint, tout en engloutissant une barre de chocolat.
Ces gouvernements successifs, soient-ils de gauche ou de droite, bleus ou jaunes, panachés ou monochromes, ne sont rien d'autre qu'une succession d'échecs : la majorité, pour excuser son incompétence démesurée, blâme l'opposition du moment, réfugiée, elle, dans le confort sans risques du critique sans jugement. Comme tous les incapables.
Car enfin, quel rapport entre le TSL et le gaspillage de nos ressources déjà rares ? Comment l'appétit nucléaire de l'axe du mal cause cette marée de déchets sur nos côtes asphyxiées ? Pourquoi des chambres désertes climatisées alors que l'électricité est encore rationnée? Quel malheur planétaire justifie les klaxons de minuit, l'Internet bas débit, les télécoms hors de prix ? Bien sûr le TSL, bien sûr les armes illégales, bien sûr la géopolitique, bien sûr l'hégémonie américaine, bien sûr le sionisme impuni. Bien sûr...
Il incombe au gouvernement d'assurer l'éducation nécessaire de la population au lieu de l'abrutir à coups de menaces sécuritaires et talk-shows politiques.
Car les peuples, quelles que soient leur origine, leur couleur de peau, leur religion et même leur croyance, partagent par-dessus tout leur instinct de survie : soit on leur assure ce dont ils ont besoin, soit ils trouvent le moyen de se le procurer. Et qui pourrait le leur reprocher? Or nos gouvernements ont brillamment réussi à ne rien assurer. Nourriture, eau, électricité, accès aux soins et à l'éducation, juste justice... La liste est longue, les conséquences sont simples : chacun pour soi et Dieu pour tous.
Ah ! Que revienne le temps où Montherlant disait dans La Reine morte, « En prison, pour médiocrité ! »
« L'autorité repose d'abord sur la raison. » Une de ces vérités qu'on survole vite dans sa jeunesse en lisant Le Petit Prince ou, plus tard, en le redécouvrant. Cette vérité mérite pourtant un détour, car le roi lucide continue en disant : « J'ai le droit d'exiger l'obéissance parce que mes ordres...

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