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Nos Lecteurs ont la Parole

Une œuvre d’art nommée Paris

Par Myriam ESTA
« Paris ! C'est la plus belle ville au monde ! » Credo de ma mère depuis que j'ai l'âge de comprendre que le monde est beaucoup plus vaste que les montagnes ancestrales de mon petit pays au grand cœur. Et mon père de renchérir : « J'ai fait le tour du monde, Paris c'est la plus jolie ! » End of discussion.
Je n'avais jamais compris cet amour inconditionnel que mes parents vouent à la Ville lumière. Et pourtant nous avions bien vécu à Paris, et je n'en ai pas gardé de bons souvenirs, ni ma mère d'ailleurs (mais cela est une autre histoire). Mais pour eux, Paris c'est le soleil du monde et le monde tourne autour de Paris. Ça doit être ça l'amour : aimer malgré tout.
De retour à Paris, vingt ans plus tard, j'ai petit à petit appris à comprendre, appris à apprécier, à admirer et surtout appris à aimer Paris :
- Tu as fait quoi aujourd'hui ?
- Rien, je me suis promenée
- Ah ! Tu as fait du shopping !
- Non, je me suis promenée
- Tu n'es pas partie faire une expo ou un musée
alors ?
- Non je me suis simplement promenée...
- Ah ! Du jogging pour la forme ?
- Mais non papa je te dis que je me suis juste promenée !
- Où ça ?
- Ben, dans Paris.
- Ah ! C'est grand Paris, c'est joli hein ?
Depuis quelques années, mes conversations téléphoniques du week-end se résument à cela. Je me promène dans Paris. Je flâne dans Paris. Je traîne dans Paris. Je glandouille dans Paris comme Alice aux pays des merveilles. Parce que les merveilles dans Paris, elles sont à chaque coin de rue. Bien sûr je fais du shopping, je vais à un apéro ou à un brunch parisien; je vais au musée d'Orsay et au Louvre (quand on a des amis qui viennent d'ailleurs, c'est toujours passage obligé) ou au musée Rodin (ma bouffée d'oxygène). Mais Paris est un musée ! Un musée en plein air (pas de chauffage en hiver, pas de climatisation en été, à vos risques et périls) mais un musée quand même. Et quel beau musée ! Des œuvres d'art partout, à vous couper le souffle.
Et le comble du comble, c'est que seuls les Parisiens ne s'en rendent pas compte : ils regardent sans voir ; ils font attention à ne pas marcher dans les crottes, sur les trottoirs, ne pas trébucher sur une chaise des cafés-trottoir, ne pas se prendre un cycliste ou un poteau, mais ils ne lèvent jamais la tête pour admirer la façade de l'immeuble qu'ils habitent depuis dix ans. Et pourtant, s'ils pouvaient juste regarder un peu plus haut, voilà, encore un peu, là c'est bon : regardes maintenant, qu'est-ce que tu vois ?
Bien sûr, les belles façades d'immeubles et les statues on en trouve partout. À Barcelone, à Londres, à Vienne, et j'en passe... Oui, je vous l'accorde. Mais Paris a un petit quelque chose qui fait son charme.
C'est en passant devant mon ancienne école à Paris que j'ai eu un flash : la porte. Quand j'étais gosse, cette grosse porte verte me paraissait immense. Gigantesque, gargantuesque. J'attendais avec impatience qu'elle s'ouvre pour courir dans les bras des miens et boudais quand elle se refermait sur moi, le matin. Cette porte a régi toute mon enfance parisienne. Elle m'impressionnait. Sans son ouverture, point de salut. Vingt ans plus tard, elle n'a pas changé. Toujours aussi majestueuse, toujours aussi sublime. Elle est éternelle, ma porte verte.
Parce qu'elles sont belles et immortelles, qu'elles sont uniques et mystérieuses, qu'elles sont gracieuses et coquettes, originales et artistiques, qu'elles sont toutes « ni tout à fait une autre, ni tout à fait la même », parce qu'elles sont la sécurité du foyer (je ne parle pas des femmes, ni des mères, mais la ressemblance est flagrante, avouez-le), les portes de Paris sont à l'honneur.
 Regardez bien la porte de votre immeuble ou celles de votre quartier : scrutez-les bien, admirez chaque petit détail et vous vous rendrez compte que vous vivez là, que vous ouvrez, fermez, claquez cette œuvre d'art depuis des années. C'est cela Paris : une œuvre d'art à vos pieds.
« Paris ! C'est la plus belle ville au monde ! » Credo de ma mère depuis que j'ai l'âge de comprendre que le monde est beaucoup plus vaste que les montagnes ancestrales de mon petit pays au grand cœur. Et mon père de renchérir : « J'ai fait le tour du monde, Paris c'est la plus jolie ! » End of...

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