Vaincre ou convaincre ?

Assis devant la télé, j'étais, comme tout bon téléspectateur qui se respecte, en train de zapper d'une chaîne à l'autre lorsque je suis tombé sur un truculent homme politique que je ne nommerai pas, plus virulent que jamais, terrorisant une malheureuse présentatrice qui, apparemment, n'en avait pas vu d'autres. En fait de dialogue, ce monologue, au grand dam de la présentatrice qui n'arrivait pas à en placer une, s'est borné à une série d'injures haineuses et ne m'a intéressé que dans la mesure où j'ai pu constater la déchéance du discours politique, qui a atteint des fonds abyssaux au Liban.
Étant professeur d'histoire et d'éducation civique, je me suis demandé pourquoi s'efforcer d'inculquer aux élèves des notions telles que les valeurs de la démocratie athénienne, la rhétorique dans le discours politique et le respect de l'avis de l'autre, les élections et l'obligation de se soumettre au choix de la majorité, la non-violence sous toutes ses formes comme principe de base d'une société évoluée... Alors que cet homme politique, fort de l'impunité totale que lui confère l'arsenal de ses alliés, s'est permis, en direct devant des milliers de téléspectateurs, de fouler aux pieds les règles les plus élémentaires du discours civilisé en déversant un flot d'injures qui n'a épargné aucun de ses adversaires politiques et en promettant de mettre à mal - j'ai cru entendre mettre dans des coffres de voiture - toute personne qui aurait l'imprudence de s'opposer à ceux qui ont les moyens d'affirmer leur politique.
Après avoir, comme beaucoup de Libanais, écouté jusqu'à la lie ce chantre du 7 mai 2008, je me suis dit qu'on devrait non pas prendre les droits de l'homme et du citoyen comme référence, mais se baser plutôt sur les œuvres de Pol Pot dans la formation des futurs Libanais.