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Économie - Liban - Bilan

La canicule frappe de plein fouet le secteur agricole

La canicule qui frappe le Liban depuis au moins trois semaines est venue s’ajouter aux maux pandémiques du secteur agricole, portant un coup à la qualité et la quantité des produits. Face à ce phénomène, le ministère dit se pencher sur des solutions concrètes... avec les moyens du bord.

Dans le Akkar, les récoltes de tabac ont été brûlées par la chaleur. Photo Michel Hallak


Cultures abîmées, pertes et perturbations en tout genre : c'est le lourd bilan d'un été caniculaire, précédé par un hiver tout aussi capricieux (froid tardif, suivi de pluie et de grêles diluviennes), que l'agriculture subit de plein fouet.
S'il est difficile pour le moment d'estimer avec exactitude les pertes subies par le secteur en raison de cette vague de chaleur sans précédent, qui s'inscrit dans la durée depuis au moins trois semaines, il ne fait aucun doute que celles-ci sont loin d'être négligeables. Les derniers chiffres concernant l'impact de la canicule en Russie en attestent le mieux ; selon des estimations récentes du gouvernement moscovite, la sécheresse qui frappe le pays depuis plusieurs mois risque en effet de coûter entre 0,7 et 0,8 point du produit intérieur brut (PIB), tandis que la récolte de blé pourrait baisser de 30 % cette année.
« Au Liban, nous ne disposons pas encore d'estimations à ce niveau », indique le directeur du Centre de recherches et d'études agricoles libanais (Creal), Riad Saadé, dans un entretien avec L'Orient-Le Jour. « C'est seulement à partir du mois de décembre que nous pourrons fournir des chiffres exacts sur les conséquences économiques des perturbations des activités agricoles », ajoute-t-il. En attendant, « il faut prendre en compte deux aspects des conséquences de cet événement climatique : d'abord les dégâts directs causés par la hausse des températures, c'est-à-dire les dommages que subissent certains arbres, et puis les pertes de la moisson et de la cueillette des cultures dans les différentes régions libanaises », souligne-t-il. Le président du Creal affirme à ce sujet que les rendements de plusieurs cultures sont déjà en baisse, notamment dans la région de la Békaa. La quantité, mais aussi la qualité sont altérées : ainsi les cultures de plein champ, c'est-à-dire les cultures hors serres, ont été fortement touchées, souligne-t-il.
Selon cet ingénieur agronome, la dégradation de la qualité des tomates et des concombres, entre autres, et, par extension, de toutes les cultures végétales est notable dans certaines régions. « Les vignes sont également très affectées », ajoute-t-il.
Interrogé à ce sujet par L'Orient-Le Jour, le ministre de l'Agriculture, Hussein Hajj Hassan, a souligné l'impact désastreux de l'importante hausse des températures, non seulement en ce qui concerne la qualité et la quantité de la production agricole, mais au niveau de l'humidité qui accompagne la canicule et qui forme un climat idéal pour la prolifération des maladies. « La sécheresse touche également les puits artésiens », qui désemplissent plus rapidement depuis le déclenchement de la vague, a-t-il déclaré, indiquant que son ministère se penche en ce moment sur les mesures à entreprendre pour alléger les difficultés rencontrées par les agriculteurs et compenser ceux qui ont été le plus fortement touchés...

Un secteur déjà assommé par des années de négligence...
 Il aura donc fallu encore les changements climatiques pour donner le coup de grâce à ce secteur, déjà peu gâté au Liban... Laissée pour compte, car jugée moins rentable que d'autres, l'agriculture a en effet vu sa production reculer de 12 % entre 1970 et 2008, alors qu'à titre d'exemple celle de l'Union européenne a augmenté de 562 % sur la même période. La part du budget allouée au ministère de l'Agriculture, qui s'élève à 1 %, illustre d'ailleurs parfaitement l'indifférence de l'État vis-à-vis de ce secteur pourtant plus que vital sur le plan socio-économique.
Aujourd'hui, la canicule, qui pénalise les cultures, fragilise d'autant plus les agriculteurs qui peinent à s'en sortir dans un secteur déjà en difficulté. Ces derniers sont obligés depuis le déclenchement de la vague de chaleur de brader leurs produits parce que les acheteurs de récolte se plaignent de la qualité des cueillettes. « Les agriculteurs qui disposent de peu de moyens techniques sont les plus affectés », souligne à cet égard le directeur du Creal.
Ces derniers avaient déjà subi les perturbations de l'hiver qui avaient causé le bourgeonnement précoce des rosacées, lesquels bourgeons avaient ensuite été anéantis par la neige et les grêles, arrivées en grande pompe.
Peut-on pour autant parler d'une nouvelle phase en termes de bouleversements climatiques ? « Non », affirme Riad Saadé. « Il y a certes des répercussions périodiques telles que les explosions solaires, mais ce n'est pas pour autant que le Liban s'est engouffré dans une nouvelle ère », souligne-t-il. Quoi qu'il en soit, l'arrivée d'un faiseur de pluie serait plus que bienvenue... 
Cultures abîmées, pertes et perturbations en tout genre : c'est le lourd bilan d'un été caniculaire, précédé par un hiver tout aussi capricieux (froid tardif, suivi de pluie et de grêles diluviennes), que l'agriculture subit de plein fouet. S'il est difficile pour le moment d'estimer avec exactitude les pertes subies par le secteur en...
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