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Liban - Science

Le programme Libris, pour étudier la vulnérabilité des régions libanaises aux séismes

Une série d'accords de coopération pour des projets de recherche ont été signés entre le Conseil national de la recherche scientifique (CNRS) et l'Institut de recherche pour le développement (IRD), de France, dont un sur la gestion des risques sismiques.

Le père René Chamussy, recteur de l’USJ, entouré de Michel Laurent (à g.) et de Mouin Hamzé.

C'est au cours d'une table ronde lundi au siège du CNRS à Beyrouth que plusieurs conventions sur des projets de recherche ont été signées par le président de l'IRD, Michel Laurent, et le secrétaire général du CNRS, Mouïne Hamzé, en présence du président du CNRS, Georges Tohmé, des directeurs des quatre centres spécialisés du CNRS et de chercheurs de l'IRD. Un accord-cadre de coopération entre les deux institutions avait été signé à Paris en janvier, en présence des Premiers ministres des deux pays, François Fillon et Saad Hariri. Parmi ces programmes de coopération, certains seront réalisés avec des universités, notamment l'Université Saint-Joseph et l'Université américaine.
L'IRD est un organisme de recherche français dont l'objectif principal est la coopération avec les pays du Sud pour la formation notamment de cadres, comme l'a expliqué son président. Ses principales préoccupations en matière de recherche sont les grandes questions qui se posent actuellement au monde, comme la gestion des ressources hydrauliques par exemple. Pour ce qui est du Liban, un groupe de chercheurs pourra profiter, dans le cadre de cette coopération, d'un programme de mentorat durant quatre à cinq ans.
L'un de ces programmes lancés en coopération avec l'IRD est donc Libris, un diminutif de « Liban risque », déjà entamé sur le terrain, mais soutenu désormais par une convention entre les deux organismes. Alexandre Sursock, directeur du Centre de géophysique du CNRS, et Cécile Cornou, docteur en géophysique et chercheuse à l'IRD et à l'Université de Grenoble, en expliquent la teneur à L'Orient-Le Jour. « Au départ, il y avait un intérêt pour un programme centré sur Beyrouth, pour tenter d'évaluer l'exposition de la ville aux séismes, afin de comprendre quelles sont, dans le milieu urbain, les amplifications de risques suivant la densité des habitants des différents quartiers et suivant la position des bâtiments sur du sable, sur des rochers, etc., explique M. Sursock. En bref, une étude de l'aléa par la position géologique, topographique et relative à la densité des habitants. »
« Il s'agit d'essayer de mesurer quelles sont les modifications du mouvement sismique causées par des contextes géologiques très particuliers, ajoute Mme Cornou. Ces contextes géologiques pourront causer une amplification du mouvement sismique. » « Cela existe partout, poursuit M. Sursock, mais le fait qu'il y ait une densité d'habitations multiplie les risques qui viennent s'ajouter aux risques naturels ».

À Beyrouth puis sur tout le territoire
Les premiers pas du programme Libris ont eu lieu en 2006. « Nous avions posé le dernier appareil au Grand Sérail, le 12 juillet à 10h30 (au moment où éclatait la guerre avec Israël - NDLR), se souvient-il. Les mesures ont duré six mois avant que les appareils ne soient rapatriés. C'est sur ces premières trouvailles et grâce à l'intérêt manifesté par le laboratoire de géophysique de l'Université de Grenoble, que Libris a été bâti. Après cela, le dossier a été déposé auprès de l'Agence nationale pour la recherche en France. Il est financé actuellement à hauteur de 750 000 euros. »
L'étude sur Beyrouth, qui a duré trois ans et qui est en cours de finalisation et d'analyse, fait partie de ce programme. Celui-ci comporte également une étude sur le pays entier avec le système GPS, en cours actuellement. « L'étude sur tout le pays permettra de bien prédire les mouvements sismiques qui peuvent toucher les agglomérations urbaines, explique Mme Cornou. Il y a aussi le volet de l'étude sur les conditions locales à Beyrouth, pour voir comment ce mouvement sismique à l'échelle régionale va être modifié par les couches géologiques et va donc être transformé. »
M. Sursock précise que l'étude sur l'ensemble du pays consistera à déployer une quarantaine de stations, cette partie étant assumée par le centre de géophysique. L'autre partie consistera à comprendre l'exposition des populations, et cette tâche a été confiée à l'USJ. Ce sont les deux partenaires libanais. « L'IRD, qui souhaitait s'installer au Liban, a constaté que les chercheurs de Grenoble avaient déjà travaillé en collaboration avec nous, et il a bâti sur cette collaboration, poursuit-il. Il va soutenir les partenaires libanais et français, et prendre en charge ce grand programme qui a été conçu en France. Dans le cadre de ce programme de quatre ans, des chercheurs français viendront s'installer ici durant des périodes données. Il y aura 70 chercheurs et ingénieurs, libanais et français, impliqués. »

Des résultats « exceptionnels »
Le directeur du centre de géophysique qualifie ce qui a été trouvé jusque-là sur Beyrouth d' « exceptionnel ». « C'était la plus grande opération de géotechnique jamais réalisée, affirme-t-il. Nous avions 600 points de mesure dans la capitale et dans les banlieues. Nous avons remarqué dès le début qu'il y avait des amplifications de risques en raison des conditions géomorphologiques, à la fois topographiques et géologiques. »
« Quand on parle de risques, il y a les aléas et la vulnérabilité, notamment sociale, explique Mme Cornou. L'étude visait à mieux comprendre et à quantifier et caractériser l'aléa local. Après cela, d'autres travailleront sur la vulnérabilité sociale, et ce sera la conjonction entre l'aléa et la vulnérabilité qui nous permettra de
progresser. »
Quelle est la finalité de telles études en milieu urbain ? « Le tissu urbain est constitué à Beyrouth depuis les années 60 environ, précise M. Sursock. Pour les nouvelles constructions, on pourrait imposer des règles parasismiques. Pour les anciennes bâtisses, on constate, par exemple, qu'un immeuble de cinq étages sur un sol donné est particulièrement exposé aux vibrations, etc. La finalité est donc économique. Si, par exemple, on peut, par ce moyen, développer les polices d'assurance pour couvrir le risque sismique, on aura protégé nos acquis, notre bien-être, notre patrimoine pour nos enfants. »
Mme Cornou ajoute que « ces informations récoltées par les sismologues géophysiciens seront transmises aux ingénieurs qui pourront établir des spectres de dimensionnement, pour appliquer ensuite le code parasismique, et permettre une couverture adaptée par l'assurance. » M. Sursock a conclu qu'une telle opération « aura un impact sur les règles d'urbanisme, ou encore sur les coefficients d'exploitation, et les chiffres que nous aurions obtenus permettront de responsabiliser les autorités et leur donneront la possibilité de prendre les bonnes décisions. »
C'est au cours d'une table ronde lundi au siège du CNRS à Beyrouth que plusieurs conventions sur des projets de recherche ont été signées par le président de l'IRD, Michel Laurent, et le secrétaire général du CNRS, Mouïne Hamzé, en présence du président du CNRS, Georges Tohmé, des directeurs des quatre...
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