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Diaspora

L’association Unión Islah Beit Mellet, un exemple communautaire au Mexique

Si les communautés libanaises de l'étranger se regroupent généralement autour d'une église ou d'une mosquée, c'est souvent le village d'origine au Liban qui est un vecteur d'unité, comme c'est le cas pour les descendants de Beit Mellet au Mexique.

Jeunes Mexicains d’origine libanaise en procession au cours d’une messe de rite maronite.

Beit Mellet est une belle localité du Akkar, au Liban-Nord, dont les habitants, à l'instar de beaucoup de Libanais, ont émigré au début du XXe siècle en raison de la Première Guerre mondiale et de la famine qui s'en est suivie. Un grand nombre s'est établi au Mexique, constituant l'association Unión Islah Beit Mellet.
Réunis pour la première fois le 22 novembre 1930 - soit 13 ans jour pour jour avant la proclamation de l'indépendance du Liban - sous le toit de Kalil Hanna Matuk à Mexico, plusieurs émigrés bien motivés définirent l'objectif principal de cette union : aider au développement urbain et social de Beit Mellet, et consolider les liens au sein de la communauté au Mexique.

Mémoire de la Unión Islah Beit Mellet
Les deux premiers présidents furent Constantin Matuk et Lutfi Matuk, qui envoyèrent, avec le père Yousef Gaya, une aide financière pour la restauration de la mairie du village. Suivit une demande des pères de famille résidant à Beit Mellet, portant également les signatures de l'évêque de Tripoli, Mgr Antoun Abed, et du caïmacam du Akkar, afin de construire une école. La réponse ne se fit pas attendre, et l'école vit le jour quelques mois plus tard, sous l'administration des moines maronites de la Sainte-Famille, assurant l'éducation et la formation académique et chrétienne des enfants du
village.
La générosité de la Unión Islah Beit Mellet, qui n'a pas tari jusqu'à nos jours, a permis en l'espace de 80 ans la réalisation de nombreuses autres œuvres, comme la réhabilitation de l'église Saint-Siméon, l'ouverture de nouveaux chemins et l'établissement d'un réseau d'eau potable, ainsi que l'envoi de médicaments et de fonds en espèces pour les plus démunis ; avec toujours le même esprit d'ouverture basé sur l'union et l'harmonie entre les différentes familles du village, conformément au nom de l'Union, « Islah », portant en lui-même les idées de réforme, d'amélioration et de restauration.

Un annuaire téléphonique sur papier
Dans son introduction, l'évêque maronite du Mexique, Mgr Georges Abi-Younès, qui a réalisé en 2001 un annuaire téléphonique regroupant plus de 300 noms de descendants de Beit Mellet suite à un don de Antoun Sarkis Nehmé, président à l'époque de l'Union, raconte l'histoire de ce village situé dans la plaine fertile du Akkar : « Beit Mellet tire son nom du syriaque "Bet Melto", signifiant la "maison de la parole" ou le "lieu de l'opinion". Le patron de ce village est saint Siméon le Stylite, qui a vécu dans la région d'Alep et qui est fêté chaque année durant toute une journée et toute une nuit, le 1er septembre. »
Selon les archives du port de Veracruz, les premiers arrivants au Mexique à partir de Beit Mellet sont : Dahas Yitani (1909), José Matuk (1910), Yusef Name (1911), Ignacio Yapur (1913), Constantino et Élias Matuk (1913), Miguel Ysreue (1913), Miguel Gantus Layón (1920), José et Jorge Layón (1923), Simón Nehmé (1923) et bien d'autres appartenant aux familles Kuri, Hajj, Jacobo, Kalis, Abdel Masih, Sesin, Chain, Trad, Mansur, Dergal, Marun, Nader, Bechara, Halum, Salum, Rassi, Rufeil, Saleh, Selmen, Tactac, Saifé, Wehbé, etc.
Leurs fils, ainsi que ceux résidant actuellement au Venezuela, au Brésil, aux États-Unis et en Australie, sont toujours très attachés à leur village d'origine et ont formé deux importants groupes de contact sur Internet à travers Facebook. D'autres informations, ainsi que la possibilité de s'inscrire à l'Union, sont fournies par le site du diocèse maronite du Mexique :
www.sancharbel.com, qui comprend des informations sur la vie de la communauté ainsi que des textes de référence historiques, publiés en espagnol et en arabe.

« L'histoire d'un village », un film chargé d'émotions
Un film sur DVD, d'une durée de 30 mn, raconte l'histoire de ce paisible village, situé à 1 500 m d'altitude et à 125 km de Beyrouth, entouré d'oliviers et dominé par la montagne des cèdres millénaires. De belles images, filmées par un amateur, font ressortir le charme de Beit Mellet et de ses habitants toujours sur place, au nombre de 2 000. Ce village choyé possède une importante production agricole, les fruits et légumes abondant dans cette région du Liban-Nord riche en eaux de sources.
Les chansons patriotiques se mêlent aux gros plans montrant les villageois au petit déjeuner, à la sortie de la messe ou durant la fête de saint Siméon au pouvoir miraculeux et intercesseur, avec de grands banquets traditionnels accompagnant les musiques et danses du terroir. Sont également mis en évidence, les travaux de reconstruction rendus possibles grâce aux donations des émigrés.
Enfin, un retour au Mexique permet de découvrir un grand projet réalisé par les fils de Beit Mellet à Yautepec, dans l'État de Morelos, à l'initiative de Jorge Matuk Nazur, qui entreprit en 1976 de concrétiser son rêve : celui de construire sur un terrain de 60 000 m2 plus de 60 maisons où les propriétaires viennent régulièrement y passer leurs vacances, profitant d'installations sportives, de jardins et d'une église entourant la Plaza Ackar. Un exemple d'unité, d'humilité, de persévérance et de réussite, mettant en relief et protégeant les valeurs religieuses, civiques, sociales et morales de tout un peuple.
Beit Mellet est une belle localité du Akkar, au Liban-Nord, dont les habitants, à l'instar de beaucoup de Libanais, ont émigré au début du XXe siècle en raison de la Première Guerre mondiale et de la famine qui s'en est suivie. Un grand nombre s'est établi au Mexique, constituant l'association Unión Islah Beit...