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Nos Lecteurs ont la Parole

Enfants de la rue, esclaves du travail

Par Yara Jreissaty SOUAID
On a voulu dans cet article clarifier certaines idées et pousser nos responsables à mettre en exécution ces promesses qu'ils nous répètent à chaque changement parlementaire ou ministériel.
Malgré leur bonne volonté, malgré la signature par le Liban de la convention des droits de l'enfant (1991), malgré l'instauration du Conseil supérieur de l'enfance, la question des enfants de la rue reste loin d'un traitement capable d'éradiquer ce phénomène. Puisqu'on est dans le domaine du travail, voyons dans quelle mesure le ministère du Travail est sensibilisé à ce problème.
Toute sensibilisation doit commencer par un recensement et des statistiques. Or le ministère du Travail ne s'y est jamais attelé. Il déclare, en effet, que cette tâche incombe au ministère des Affaires sociales, comme au ministère de la Justice, ou au ministère de l'Intérieur, qui s'en lavent également les mains. En virtuoses de l'art de décliner la responsabilité.
Qu'en est-il avec le ministère de l'Éducation ? Eh bien, il se contente de former des commissions qui se réunissent tous les mois pour discuter et discuter encore. Débats malheureusement vains, qui n'aboutissent jamais à des décisions strictes. Là encore, le ministère de l'Éducation répond qu'il n'est pas en mesure d'appliquer la loi.
Quant au ministère des Affaires sociales, dont le  budget est à 85 % consacré aux cas sociaux, il cède la place, moralement et financièrement, à l'Unicef et à ses dons. Concernant les droits de l'enfance, ce département milite pour une loi qui relève l'âge minimum du travail des enfants de 8 à 13 ans.
En général, quand l'État fait faillite, les yeux se tournent vers les ONG. Organisations de mission sociale qui ont plus de crédibilité, du simple fait qu'elles ne sont pas gouvernementales, mais relèvent de l'initiative privée, censément plus active, plus dévouée, sinon plus honnête. Mme Moawad,  ancienne présidente de la Commission parlementaire des droits de l'enfant, ex-ministre des Affaires sociales et présidente de la Fondation René Moawad, qui est une ONG,  répète que « dans une politique sociale, il faut faire participer les ONG, comme tous les secteurs de la vie publique et sociale. Dans toutes les conférences mondiales, une place énorme est réservée aux ONG et aux secteurs privés, afin de trouver peu à peu des solutions. La responsabilité revient à toute la société réunie. »
Or, les rapports, les constats sont comme les cailloux, on aime bien les lancer, mais on n'aime jamais en recevoir. Aujourd'hui, force est de constater que même la sensibilisation échoue, alors que l'initiative reste vivace.

Doit-on désespérer ?
Heureusement, certains médias gardent le souci de la dignité humaine, et surtout le respect de l'enfant, père de l'homme. Ce qui est indispensable, quand on se projette dans l'avenir, si vraiment nous voulons arriver à une société saine, sans délinquance ni terrorisme.
Certaines revues étrangères consacrent à cette défense nombre d'articles ou même de longues études. Ces dossiers ne sont pas des  remèdes, mais ils contribuent à la sensibilisation des lecteurs, y compris les politiciens et les responsables. On aurait souhaité que les publications en langue arabe, mieux accessibles à la majorité dans notre propre collectivité, s'intéressent à leur tour à un sujet aussi crucial. Car l'écriture est peut-être une arme inefficace, mais elle est quand même capable de réveiller les consciences endormies. Selon Jean-Jacques Rousseau « L'enfance est le sommeil de la raison. » On espère que nos responsables ne sombrent pas dans un sommeil profond, en négligeant ce fléau.
En somme, l'humanisme doit rester la première qualité de tout responsable, ou homme d'État. Cet humanisme consiste avant tout à accorder une place de choix à l'enfant dans la société. Tant qu'il y aura des enfants exploités et que les responsables se voilent les yeux, l'humanisme risque de rester un mirage !
On a voulu dans cet article clarifier certaines idées et pousser nos responsables à mettre en exécution ces promesses qu'ils nous répètent à chaque changement parlementaire ou ministériel.Malgré leur bonne volonté, malgré la signature par le Liban de la convention des droits de l'enfant (1991), malgré...

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