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Économie - Liban - Agriculture

La production agricole au Liban a reculé de 12 % depuis 1970

Lors de la présentation du rapport annuel du Creal sur la production agricole libanaise, nombreux ont été les participants à pointer du doigt les difficultés rencontrées par le laissé-pour-compte de l'économie libanaise : le secteur agricole.


Le Centre de recherche et d'études agricoles libanais (Creal), représenté par son directeur, Riad Fouad Saadé, a présenté jeudi à la Chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Beyrouth (CCIAB) son 56e rapport annuel sur la production agricole pour l'année 2009, intitulé « Quel avenir pour l'agriculture au Liban ? ». En présence de nombreux acteurs du secteur et du ministre de l'Agriculture Hussein Hajj Hassan, M. Saadé a brossé un tableau sombre de la situation actuelle de l'agriculture locale. Il a notamment mis en relief les obstacles rencontrés par un secteur largement négligé et souffrant de nombreuses failles au niveau de l'infrastructure humaine et technique, soulignant l'importance de certains sous-secteurs de la production agricole.

Seulement 1,5 milliard de dollars par an
Le rapport du Creal, basé sur des statistiques englobant les productions agricoles de 92 Petites régions agricoles (PRA), couvre également les aspects agronomique, microéconomique et macroéconomique, tout en prenant en compte la dimension sociale, économique et administrative de cette production.
Selon ce rapport, l'ensemble des revenus générés par le secteur agricole, tous domaines compris et toutes régions confondues, ont totalisé près de 1,5 milliard de dollars en 2009, soit environ 5 % du produit intérieur brut (PIB). Ces chiffres confirment les résultats des comptes nationaux pour l'année 2008, publiés récemment, selon lesquels l'agriculture ne représentait que 6 % du PIB.
Plus en détail, le total des revenus engendrés par la production agricole végétale (fruits, légumes, céréales, arbres fruitiers, cultures en serre ...) a atteint plus de 830 millions de dollars, selon le rapport, tandis que l'élevage animalier (ovins, bovins, production laitière...) a totalisé 629 millions de dollars. Notons qu'au niveau de la production végétale, celle des pommes de terre a largement pris la tête du classement avec des revenus annuels avoisinant les 97 millions de dollars. La production de bananes est arrivée en seconde position avec près de 95 millions de dollars de revenus annuels, suivie des agrumes avec 87 millions de dollars.
Néanmoins, la culture de bananes en serre constituant une catégorie à part dans le classement, les revenus dans ce domaine, de plus de 20 millions de dollars, ne sont pas compris dans la section regroupant la production bananière. Autrement, avec plus de 105 millions de dollars totalisés pour les cultures dites « classiques » et en serre, il ne fait aucun doute que la banane a dépassé la pomme de terre en termes de revenus annuels.
Au niveau de la culture agro-industrielle, qui fait partie de la production végétale, les deux géants du domaine, l'olive et le tabac, ont généré 56 et 58 millions de dollars respectivement, soit des revenus annuels presque identiques. Enfin, le directeur du Creal a conclu son rapport en évoquant les nombreuses difficultés rencontrées hier et aujourd'hui par l'agriculture libanaise, et les perspectives d'avenir de ce secteur « orphelin ».

Le parent pauvre de l'économie
« Il n'est un secret pour personne que l'agriculture libanaise est un secteur en difficulté », a déclaré M. Saadé au cours de sa présentation. Ce dernier a estimé que « le gouvernement avait depuis longtemps pris la décision de délaisser ce secteur » au profit d'autres, plus rentables. À titre d'exemple, le rapport du Creal a observé que l'évolution de la production agricole locale ne s'était pas contentée de stagner entre 1970 et 2008 ;
elle a en effet reculé de 12 % durant cette période, contre une croissance de 562 % au sein de l'Union européenne ou encore de 686 % au Japon, toujours selon le rapport.
Loin de bénéficier des moyens de ces puissances économiques, le Liban ne s'est toutefois pas assez investi dans le soutien au développement agricole, aux dires du ministre de l'Agriculture, qui s'est montré extrêmement virulent dans ses propos lors de son intervention qui a suivi la présentation du rapport du Creal. « Au lendemain de la guerre, les politiciens ont décidé de condamner l'agriculture à mort », a-t-il asséné, ajoutant que la « négligence étatique » envers ce secteur avait eu des conséquences sociales dramatiques : « Que dire à ce million d'agriculteurs précipités dans la pauvreté ? » s'est-il interrogé. M. Hajj Hassan a également critiqué les politiques en vigueur « depuis des années », soulignant que l'avenir de l'agriculture ne se définissait nulle part sans une politique efficace de gestion et de planification à long terme, et de subventions gouvernementales. Le ministre a rappelé que la plupart des pays subventionnaient leur secteur agricole, tandis que l'État libanais « ne s'est guère investi jusqu'à présent », y compris en termes de projets de développement rural. « Personne ne peut être Superman sans moyens », a-t-il ironisé, faisant indirectement allusion au budget alloué à son ministère (de l'ordre de 1 % du budget de l'État).
Face aux innombrables problèmes rencontrés par l'agriculture libanaise, les participants se sont penchés sur certaines des solutions pouvant être apportées, dans le but de soutenir ou de soulager ce secteur fragile. Ils ont principalement plaidé en faveur d'une mobilisation étatique plus grande, mais ont également mis l'accent sur le danger que représente aujourd'hui le manque de main-d'œuvre qualifiée dans le secteur, ce phénomène étant aggravé par l'exode rural massif qui prive les campagnes de ses jeunes diplômés. À cet égard, l'ambassadeur de la Délégation de l'Union européenne au Liban, Patrick Laurent, avait récemment déclaré au cours d'un débat que l'État libanais devait encourager « en priorité » les formations académiques et professionnelles de spécialisation agricole, dans le but de soutenir le développement à long terme de ce secteur économique réel. Quoi qu'il en soit, il est un fait que le secteur est aujourd'hui en position précaire et que la nécessité de réformes en profondeur s'impose.
Le Centre de recherche et d'études agricoles libanais (Creal), représenté par son directeur, Riad Fouad Saadé, a présenté jeudi à la Chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Beyrouth (CCIAB) son 56e rapport annuel sur la production agricole pour l'année 2009, intitulé « Quel avenir pour l'agriculture au Liban...
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