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Économie - Liban - Rencontre

Échanges et investissements : le monde arabe doit coordonner ses efforts

Un forum sur les investissements et l'augmentation des exportations arabes a eu lieu hier à Beyrouth en présence de nombreux responsables libanais et arabes. Les participants ont déploré à cette occasion le faible volume des investissements interarabes, soulignant qu'il reste encore beaucoup à faire pour une meilleure exploitation des ressources dont dispose la région.

Vue de la conférence qui s’est tenue hier au Centre Adnane Kassar.Photo Sami Ayad

Le Centre Adnane Kassar pour l'économie arabe a accueilli hier le forum sur les investissements et l'augmentation des exportations arabes, organisé conjointement par la Ligue arabe, l'Union générale des Chambres arabes de commerce, et les Chambres de commerce mixtes arabo-étrangères. Inauguré en présence du ministre d'État Adnane Kassar, ce forum, réparti sur deux jours, prendra fin aujourd'hui. Le but de cette rencontre, aux dimensions arabe et internationale, est de se pencher sur les solutions envisageables pour accroître les investissements arabes et étrangers dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA). À cette occasion, M. Kassar a souligné la nécessité d'encourager les investissements interarabes, notamment au lendemain de la crise internationale, qualifiant ces investissements de « plus sûrs et plus rentables » dans le contexte mondial actuel.
Pour rappel, sur la période 1995-2004, les investissements arabes au Liban ont totalisé 4,7 milliards de dollars, plaçant le pays du Cèdre au premier rang des récepteurs des investissements interarabes (17,8 % du total). Pour la seule année de 2007, ces investissements ont totalisé 3,3 milliards de dollars, sur un total de 20,7 milliards de dollars dans le monde arabe, soit 16,2 % du total (voir tableau). Il allait donc de soi que Beyrouth accueille plusieurs responsables et experts économiques arabes et occidentaux dans le cadre de ce forum, dont notamment les Libanais Nabil Itani, PDG de l'Autorité de développement des investissements au Liban (IDAL), Alain Cordahi, vice-président du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), et Ziyad Hayeck, secrétaire général du Haut Conseil de privatisation (HCP).
Plusieurs interrogations ont été soulevées au cours de ce forum concernant les points forts et les points faibles des investissements et des exportations arabes, notamment en termes de lois et de régulations, d'application sur le terrain et de politique suivie par les différents pays. L'accent a notamment été mis sur le manque à gagner découlant de l'absence de coordination. Les pays arabes jouissent en effet de plusieurs avantages, qu'il s'agisse d'une situation géographique privilégiée comme c'est le cas de la Syrie - pays de transit idéal pour les exportations à destination de l'Irak ou de l'Iran -, de ressources naturelles (pétrole dans les pays du Golfe) ou d'une main-d'œuvre qualifiée (Liban). En dépit de plusieurs démarches initiées depuis des années, dont la signature de conventions ou de traités, il reste que le total des investissements interarabes s'est élevé en 2008 à seulement 34 milliards de dollars.
La plupart des participants ont mis l'accent sur l'importance cruciale des partenariats entre les secteurs public et privé (PPP), « notamment au niveau de l'infrastructure, champ très large englobant l'énergie, l'aménagement du territoire ou encore le réseau routier », selon M. Cordahi, qui a souligné que le PPP représentait la solution idéale pour le gouvernement libanais, lui permettant de financer à long terme des projets de développement d'envergure grâce à des capitaux privés.
Pour le moment, comme l'a rappelé le secrétaire général du HCP, Ziyad Hayeck, le recours au PPP reste toutefois peu répandu dans les pays arabes, hormis la Jordanie, même si certains pays semblent se diriger vers la bonne voie, comme l'a affirmé Salah Mohammad Saïd el-Attar, président de l'Autorité d'investissement au Yémen, faisant référence à son pays.
À cet égard, M. Farouk Joud, vice-président de la Chambre de commerce arabo-grecque, a cité en exemple la Syrie et ses mégaprojets urbains ou routiers, lancés par l'État dans une optique de partenariat avec le privé.

Flous juridiques, mesures repoussées, manque de coordination
Malgré ces progrès, l'image est loin d'être idyllique ; en dépit de leur énorme potentiel, les pays arabes ont encore beaucoup à faire. Des dizaines de projets au Liban, par exemple, sont en situation de stand-by en attendant qu'une loi soit votée ou appliquée. La mise en place de l'Internet haut débit (broadband) accumule aujourd'hui les retards, tout comme la construction des quelque 27 barrages hydrauliques sur l'ensemble du territoire.
De plus, l'infrastructure (réseau routier, réseau électrique...) reste largement sous-développée dans certains pays, ce qui représente un handicap certain pour les entreprises.
Au niveau des exportations, la circulation des biens et des marchandises dans l'espace arabe est handicapée par la multitude de normes variant d'un pays à l'autre et le manque d'harmonisation au niveau régional d'une part et par les problèmes liés aux formalités douanières, d'autre part. « Il est donc urgent que les pays arabes s'entendent sur une stratégie nationale et régionale » pour faciliter les échanges, la circulation de la main-d'œuvre et des marchandises », a ainsi souligné Hicham Khoder, un expert marocain délégué par l'Organisation arabe pour le développement industriel et minier.
« Nous ne sommes pas plus bureaucratiques que l'espace européen, au contraire », a souligné, de son côté, le secrétaire général de la Chambre de commerce franco-arabe, Saleh Bakr al-Tayar, « mais il est impératif que les pays arabes appliquent une politique de développement claire, que les données et informations soient précises, que les lois soient appliquées et que des garanties d'investissement soient fournies », soulignant que les investissements directs étrangers (IDE) étaient parfois découragés par la difficulté d'accès aux licences nécessaires, ou par l'absence de zones industrielles adaptées ou bien desservies. « Certains pays ont beaucoup amélioré leur infrastructure tandis que d'autres vivent encore à l'âge de pierre », a ironisé M. al-Tayar, concluant toutefois que le forum avait justement privilégié la présence de responsables arabes et non arabes pour établir « un dialogue, non un monologue » et trouver des solutions concrètes à l'ensemble des handicaps dont souffrent toujours les pays arabes.
Le Centre Adnane Kassar pour l'économie arabe a accueilli hier le forum sur les investissements et l'augmentation des exportations arabes, organisé conjointement par la Ligue arabe, l'Union générale des Chambres arabes de commerce, et les Chambres de commerce mixtes arabo-étrangères. Inauguré en présence du ministre d'État Adnane...
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