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Économie - Liban - 7e art

Le phénomène 3D envahit les salles de cinéma... et fait exploser les ventes

Avec la banalisation du piratage et la récession mondiale, en partie responsables d'une baisse de la fréquentation des salles de cinéma dans le monde, les exploitants au Liban avaient de quoi s'inquiéter. Aujourd'hui, ils se félicitent d'une croissance en flèche des ventes de billets, notamment grâce à l'explosion du nombre de films en trois dimensions.


La majorité des professionnels du secteur cinématographique libanais le confirme : non seulement la fréquentation des salles se porte (très) bien, mais les recettes générées par les films en trois dimensions (3D) se sont envolées entre 2009 et 2010. Selon les estimations de Gino Haddad, responsable financier du groupe Empire, les ventes des films en 3D ont réalisé un score largement supérieur à celui des films en format classique (environ 40 % de billets vendus en plus), malgré la différence de prix (12 000 livres pour les premiers contre 10 000 livres pour les seconds). L'exemple d'Avatar, du réalisateur James Cameron, illustre parfaitement ce cas de figure. Cette épopée cinématographique aurait déjà raflé plus de deux milliards de dollars de recettes dans le monde au cours des trois mois qui ont suivi sa sortie, et dépassé au Liban les 200 000 entrées. Toujours selon M. Haddad, la version 3D d'Avatar a captivé les foules et obtenu un succès dépassant de loin la version classique diffusée en parallèle. Autre poids lourd printanier, la version d'Alice aux pays des merveilles revisitée par Tim Burton, qui a réalisé en 5 semaines d'exploitation plus de 44 000 entrées. « Si ce film n'était pas sorti en 3D, il n'aurait pas réalisé plus de 20 à 24 000 entrées », a estimé Gino Haddad, au cours d'un entretien avec L'Orient-le Jour.

Un phénomène récent et marqué
D'après les chiffres communiqués par Élie Ghamica, coordinateur marketing pour le circuit Planète, les ventes de billets dans les salles libanaises ont augmenté de 22 % pour l'année 2009 à 2 495 693 billets, contre 2 045 364 ventes en 2008. En outre, la seule période englobant les deux premiers mois de 2010 (jusqu'au 3 mars) a totalisé 523 140 entrées, contre 313 023 entrées au cours de la même période de 2008, soit un bond de 67 % en deux ans. Ces chiffres, proches de ceux avancés par M. Haddad, auraient, selon ce dernier, été obtenus notamment grâce au boom de la 3D. MM. Ghamica et Haddad se sont d'ailleurs tous deux félicités de la hausse globale des ventes de billets sur l'ensemble du territoire au cours des trois premiers mois de 2010, estimée entre 25 et 30 % par rapport à 2009, selon les sources consultées.
Certes, ces chiffres restent éloignés du pic des 3,3 millions de spectateurs atteint en 1998, et le nombre d'entrées recensées en 2008 était tout de même inférieur de 22 % à celui de 2004. Les causes de cette dégringolade : l'instabilité politique, le renchérissement des prix, une politique commerciale parfois peu judicieuse de la part des salles et autres multiplexes et, surtout, le piratage sous toutes ses formes : vente de DVD contrefaits à des prix dérisoires, téléchargement intensif, chaînes câblées illégales... Les raids menés par l'Autorité de régulation des télécoms (ART) conjointement avec les Forces de sécurité intérieure (FSI) se sont multipliés à cet égard, mais il est difficile - pour le moment - d'endiguer le flot, d'autant plus que les contrevenants sont éparpillés sur l'ensemble du territoire libanais. Mais, en dépit de tous ces facteurs handicapants, les salles libanaises ont de bonnes raisons d'espérer remonter la pente.

Une réinvention astucieuse
Contrairement à certaines idées reçues, le cinéma en trois dimensions (3D) ne date pas d'hier ; mais la donne a changé avec l'apparition de nouvelles techniques de tournage. Aujourd'hui, ce qui était un genre en voie d'extinction a soudainement ressurgi du passé grâce aux innovations technologiques popularisées par Hollywood. Certes, la modernité a un coût : l'investissement requis au niveau du matériel se situe entre 130 000 et 200 000 dollars par salle, pour approximativement une trentaine de salles au Liban déjà équipées ou en voie de modernisation. Le phénomène ne concerne d'ailleurs pas que le Liban ; l'ensemble de la planète est peu à peu conquis et des télévisions en 3D sont d'ores et déjà en cours de fabrication à l'étranger.
De plus, la 3D représente également un argument de taille contre l'ennemi principal du secteur : le piratage. « Un film en 3D est impossible - pour le moment - à reproduire chez soi sur DVD piraté, pour la bonne raison que l'expérience ne se vit qu'en salle », a affirmé M. Haddad. « Le format 3D est aujourd'hui ce qu'il y a de plus attractif pour les spectateurs », a renchéri M. Ghamica. Quoi qu'il en soit, il est clair que le phénomène devrait durer ; l'ensemble des personnes interrogées à ce sujet par L'Orient-Le Jour ont exprimé leur optimisme, et le nombre de productions américaines en 3D prévues pour l'année 2011 a grimpé en flèche. D'où une frénésie qui a saisi Hollywood, en train d'enchaîner les productions le plus vite possible pour profiter de la manne... avant que les pirates trouvent la parade.
La majorité des professionnels du secteur cinématographique libanais le confirme : non seulement la fréquentation des salles se porte (très) bien, mais les recettes générées par les films en trois dimensions (3D) se sont envolées entre 2009 et 2010. Selon les estimations de Gino Haddad, responsable financier du groupe Empire, les ventes...
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