La tradition remonte à 1633 lorsqu'en pleine guerre de Trente Ans la peste a frappé. Les villageois ont alors promis à Dieu de mettre en scène une Passion, tous les dix ans, s'ils étaient épargnés. « Nombre de gens, dont 600 enfants, ne vont plus chez le coiffeur du mercredi des cendres 2009 (25 février) au 3 octobre 2010, ce qui nous fait un terrible manque à gagner », raconte Doris Renner, 51 ans, qui dirige un des trois salons de coiffure du village.
« Jésus », quant à lui, fait des heures supplémentaires. Frederik Mayet, 30 ans, étudiant en marketing, est à la fois porte-parole du « théâtre » et l'un des deux interprètes du Christ. Pour participer, « il faut être né au village, y avoir habité vingt ans, ou être marié à quelqu'un du village depuis dix ans », explique M. Mayet, un natif de ce bourg aux maisons recouvertes de fresques, qui s'est spécialisé dans la taille de figurines en bois, pour la plupart à motifs religieux.
Pour le village, la Passion « représente l'événement social de la décennie », selon le metteur en scène, Christian Stückl. « Certains veulent participer parce que c'est une tradition. D'autres pour des motifs religieux. D'autres encore ne sont pas du tout religieux, mais ne veulent pas être de reste. »
Pour les scènes de foule, jusqu'à 900 villageois prennent place sur le plateau du théâtre, spécialement construit pour la Passion. D'autres jouent dans l'orchestre, chantent dans le chœur, fabriquent les costumes, ou travaillent en coulisses. Ânes, chameaux, moutons, chèvres et colombes sont également de la partie. La Passion « est très importante pour le tourisme », souligne le maire Arno Nunn qui habite Oberammergau depuis 12 ans et ne peut donc pas participer. L'opération coûte près de 33 millions d'euros, dont 22 millions pour les cachets des participants qui ne peuvent travailler qu'à mi-temps pendant plusieurs mois. « En 2000 nous avons réalisé un bénéfice de 25 millions d'euros et nous espérons faire de même cette année » avec un demi-million de visiteurs attendus, ajoute M. Nunn qui reconnaît toutefois que les réservations sont en baisse du fait de la crise économique. « Nombre de visiteurs viennent de l'étranger, surtout de Grande-Bretagne et des États-Unis », souligne-t-il.
La sélection des acteurs se fait à Pâques, un an avant la représentation. « J'étais euphorique lorsqu'on a annoncé que je serai Jésus », reconnaît M. Mayet, un catholique. « C'est vraiment un grand honneur. »
Les femmes mariées peuvent participer depuis 1990, les non-chrétiens depuis 2000. « Judas » est un quadragénaire protestant, Carsten Lück. Le plus pénible est de se faire pousser la barbe. « Je m'en débarrasserai dès la fin des représentations », dit-il. Au salon de coiffure, Mme Renner promet d'ouvrir sa boutique dès le dimanche 3 octobre au soir. « Les premiers jours nous travaillerons de 10 heures du matin à 10 heures du soir. »
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