Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Hotte d’or

Goaaaaaaal !!!!!

Je ne sais pas comment il a réussi à me convaincre. Depuis quelque temps, en réalité depuis que nous avons fêté ses 20 ans, je le trouve bien moins drôle, bien moins excitant, mon Houssam. Je trouve qu'il ronronne un peu, qu'il s'est endormi sur ses lauriers, qu'il ose moins, qu'il me surprend moins... Nonobstant, il est toujours, jusqu'à quelque ordre nouveau, mon
Houssam-beau-comme-un-enfant-fort-comme-un-homme, et mes crises de tendresse à son endroit, moins fréquentes certes, n'en restent pas moins fulgurantes. Surtout quand, dans des jeans Hedi Slimane, torse et pieds nus, sourire d'archange et cinq ou sept goutelettes de Tsar de Van Cleef sur les biceps, il a pris son courage à mille mains et s'en est venu me supplier à l'oreille, tout doucement, comme dans un souffle, d'assister ce dimanche à un de ses matches de football hyperimportant, une finale ou quelque chose, contre je ne sais quel autre club. Tu sais, je suis le numéro 10, et je serai tellement fier que tu m'encourages, seules les fiancées des joueurs seront là, c'est en tout petit comité. Je ne sais pas ce que veut dire être le numéro 10, je sais à peine ce qu'est le football, mais son aplomb et l'intelligence de sa langue sur mon lobe ont suffi pour que je le regarde avec un immense sourire et que je lui dise J'y serai mon loup. Il faisait ce dimanche-là les quatre soleils, j'étais d'excellente humeur, ma robe cuir/tulle bois de rose Stella McCartney était une pure merveille, des Manolo Blahnik marron jusqu'aux chevilles, et, sur la tête, un trésor : les oreilles de lapin serre-tête en dentelle de Laeticia Crahay, que je mettrai au prochain Ascott juste pour voir Camilla Parker-Bowles Windsor s'étrangler de jalousie. J'avais mis aussi dans mon immense Miu Miu trois mini-Veuve Clicquot que les descendants Ponsardin fabriquent chaque année spécialement pour moi et un recueil de nouvelles d'Anaïs Nin en cas de profond ennui. Mais je n'ai pas touché le livre. J'avoue ! J'avoue que j'étais littéralement ravie par cette überjeunesse débordant de santé et d'hormones courir derrière la baballe, ces quadriceps et ces cuisses plus belles qu'un croquis de Leonardo da Vinci, j'étais surexcitée par le talent de Houssam qui a marqué deux buts, je l'ai encouragé comme une possédée, je sautais partout, on aurait dit que j'étais en intraveineuse de Deanxit, et lorsque le fort moustachu arbitre a sifflé la fin du match et la victoire de l'équipe de mon homme, j'ai poussé un hurlement tel que la plupart des dindes présentes en deux trois groupes et qui gloussaient depuis le début du match en me regardant comme si j'étais une Martienne ont bruyamment sursauté. J'étais d'ailleurs tranquillement en train de siroter mon champagne à la paille en attendant que Houssam sorte des vestiaires, j'aurais adoré y être déguisée en porte-savon, lorsque l'une de ces dindes s'est levée, s'est approchée de moi, agressant mes narines d'un vague reste de déodorant bon marché, m'a tendu une main aux ongles écaillés d'un vernis fuschia, et m'a dit Bonjour tante, enté la maman de Houssam, mahék ? Je lui ai fait un somptueux smiley Bagheera, me suis tenue très droite dans mes Blahnik et lui ai méthodiquement versé le reste de ma minibouteille sur sa tronche de rat avant que de m'en aller, drapée dans l'immense dignité de mon Shalimar - ses yeux écarquillés et éberlués au moment où les bulles de champagne explosaient sur ses paupières avachies par sa bêtise, ces yeux-là étaient un spectacle atrocement miam miam.

 

margueritek@live.com

Je ne sais pas comment il a réussi à me convaincre. Depuis quelque temps, en réalité depuis que nous avons fêté ses 20 ans, je le trouve bien moins drôle, bien moins excitant, mon Houssam. Je trouve qu'il ronronne un peu, qu'il s'est endormi sur ses lauriers, qu'il ose moins, qu'il me surprend moins... Nonobstant, il est toujours, jusqu'à...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut