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Liban

Joumblatt s’excuse… sans s’excuser

La prestation samedi soir de Walid Joumblatt sur la chaîne al-Jazira a davantage suscité d'interrogations qu'elle n'a apporté de certitudes. Et d'abord chez les principaux concernés, les autorités syriennes, qui se sont abstenues hier du moindre commentaire officiel sur les propos tenus par le chef du PSP.
À l'origine, et selon des sources concordantes, l'interview à la chaîne qatarie était censée être l'acte de reddition finale de M. Joumblatt aux conditions posées par le président Bachar el-Assad pour que ce dernier accepte de le recevoir à Damas.
Après l'entretien, les voix officieuses syriennes et prosyriennes restaient dubitatives à cet égard, se demandant si M. Assad allait juger la prestation satisfaisante ou pas.
À Damas, deux sons de cloche contradictoires ont été entendus. D'un côté, un avocat syrien, qui avait dans le passé porté plainte contre M. Joumblatt pour « incitation à l'occupation de la Syrie et à des actes hostiles à son encontre », a annoncé hier qu'il retirait sa plainte, ayant jugé que M. Joumblatt « a présenté des excuses au président Assad ».
Tel n'est pourtant pas le constat du journal syrien al-Watan, pour lequel le chef druze a prononcé son mea culpa, mais ne s'est excusé ni de M. Assad ni du peuple syrien.
Al-Watan, qui avait lui-même suggéré précédemment ce que M. Joumblatt avait à dire pour recevoir un feu vert de Damas, a développé une série de reproches à son adresse, en particulier de « continuer à ballotter entre 14 et 8 Mars », d'avoir exprimé des positions qui ne sont « pas franches » et d'avoir gardé le silence sur son rôle dans l'enquête internationale sur l'assassinat de Rafic Hariri.
Mais c'est surtout le ton adopté par le chef du PSP qui semble avoir irrité le journal syrien. Ce dernier l'a accusé en effet d'avoir tenu des propos « hautains », un peu comme si c'était la Syrie qui tenait à ce qu'il lui rende visite et non le contraire.
Le journal a d'ailleurs relevé qu'au lieu de s'excuser, M. Joumblatt a malicieusement proposé un marché « donnant-donnant » à la Syrie, lui demandant d'oublier son « moment d'abandon » (le discours insultant pour M. Assad de la place des Martyrs, en 2007) en échange de sa promesse à lui d'oublier l'assassinat de son père Kamal, le 16 mars 1977. Ce qui est une manière de rappeler ses accusations contre Damas dans cet assassinat.
Plus subtile encore, mais que le Watan n'a pas expressément relevée, était la petite phrase de M. Joumblatt disant qu'au cours de ce « moment d'abandon » où il s'était laissé aller à prononcer des termes « indécents », il avait « glissé du domaine du public vers le domaine du privé ».
Autrement dit, le chef du PSP semblait ainsi suggérer qu'il regrettait les attaques personnelles qu'il avait lancées contre Bachar el-Assad, mais non pas les positions politiques qu'il défendait en ce temps-là. C'est peut-être d'ailleurs pour cette raison que la plainte de l'avocat syrien, qui revêt elle-même un caractère personnel, a été retirée.
De fait, sur un plan purement politique, l'interview à la chaîne al-Jazira apparaît, plusieurs mois après le « retournement » opéré par Walid Joumblatt en août dernier, comme un nouveau recentrage, mais en sens contraire cette fois-ci.
De l'indépendance et de la souveraineté retrouvées au respect de l'armistice avec Israël, des rêves réalisés de la révolution du Cèdre à la nécessaire intégration progressive de la résistance dans les rangs de l'armée, les principaux thèmes quatorze-marsistes parcourent l'interview du début jusqu'à la fin. Sans parler de l'hommage au patriarche Sfeir. Tout ce qu'a tenté de faire M. Joumblatt, c'est de ne pas mettre ces thèmes en confrontation avec la littérature « résistante » et avec la normalisation avec la Syrie.
Quant à savoir si cela sera suffisant pour lui ouvrir la route de Damas, c'est Wi'am Wahhab qui a traduit hier le sentiment général à ce propos : « Je ne le sais pas », a-t-il dit.
La prestation samedi soir de Walid Joumblatt sur la chaîne al-Jazira a davantage suscité d'interrogations qu'elle n'a apporté de certitudes. Et d'abord chez les principaux concernés, les autorités syriennes, qui se sont abstenues hier du moindre commentaire officiel sur les propos tenus par le chef du PSP.À l'origine, et selon des sources concordantes,...
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