Marseille et la Côte d'Azur s'activent pour attirer Hollywood

Les enjeux économiques sont de taille : un petit film peut apporter des retombées sur l'économie locale de l'ordre de 20 000 euros par jour quand une grosse production hollywoodienne peut ramener jusqu'à 300 000 euros, selon la Chambre de Commerce et d'Industrie.

En 2007, "The Traitor", seul tournage hollywoodien de l'année à Marseille, avait ainsi généré près de 1,8 million d'euros. "A good year", du réalisateur britannique Ridley Scott, tourné dans le Lubéron en 2006, avait rapporté cinq millions d'euros, sans compter les bénéfices en terme d'image.

Pour tenter d'accroître cette manne, Film France, organisme de promotion de tournages, avaient avec Marseille et la région Paca a fait venir en novembre 2008 dix scénaristes américains sur l'île du comte de Monte-Cristo, au large de Marseille, pour titiller leur imagination. Mi-janvier c'était au tour de producteurs méditerranéens et anglo-saxons de fouler la Canebière, aux journées MovieMed.

Objectif de ces rencontres : former avec les six pays participants - Tunisie, Égypte, Maroc, Espagne, France et Liban - un réseau méditerranéen de coproductions et offrir à terme aux producteurs, notamment américains, un espace méditerranéen organisé.

Une délégation régionale doit également participer en avril au Location Trade Show de Los Angeles, le salon mondial des tournages de films, pour promouvoir les atouts provençaux et azuréens : des équipes compétentes, une belle luminosité et une grande variété de paysages sur un périmètre restreint, explique Eliane Zayan, responsable cinéma à la mairie de Marseille.

En marge de l'édition 2009 du salon, un cahier spécial de 20 pages intitulé "Comment filmer en France" avait été publié dans le magazine hollywoodien Variety, référence de l'industrie du cinéma. Pourtant, la cité phocéenne et sa région ont du mal à attirer hors de France, totalisant en 2009 essentiellement des téléfilms et long-métrages français.

"On est le pays qui accueille 80 millions de touristes par an et on accueille 200 tournages étrangers" dont à peine une trentaine de longs-métrages, relève Franck Priot de Film France.

Au coeur du problème, des coûts de production jugés prohibitifs. Pour y remédier, un nouveau dispositif fiscal permet à tout film étranger tourné en France de bénéficier d'un crédit d'impôt de 20% sur les dépenses françaises.

"Le but est d'éviter que se reproduise ce qui s'est passé pour +Inglorious Basterds+ de Quentin Tarantino: 95% du film se passe en France et 95% a été tourné en Allemagne", explique M. Priot.

"Killers", en partie filmé l'été dernier à Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes) et Nice avec Katherine Heigl et Tom Selleck, est le premier film américain à avoir bénéficié de ce dispositif.

Des développements encourageants, même si la région reste loin derrière Paris qui a accueilli en 2009 le tournage de 90 longs-métrages - dont deux américains, "Hereafter" de Clint Eastwood et "Inception" de Christopher Nolan.

Et si les terres provençales sont encore loin du "Hollywood à la française" rêvé en 1933 par Marcel Pagnol, il est des lots de consolation : la région Paca se félicite ainsi d'avoir soutenu trois films français totalisant 18 nominations aux César ("Mademoiselle Chambon", "Qu'un seul tienne les autres suivront", "Un Prophète").