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Europa Jaratouna: l'action de l'Europe dans 8 pays sud-méditerranéens - Analyse

Une meilleure visibilité de la PEV passe par une identification plus claire des objectifs

Une approche de terrain : meilleure solution pour rendre la Politique européenne de voisinage plus lisible et séduisante pour le public européen.

Si la couverture médiatique de la Politique européenne de voisinage (PEV) est très variée selon les pays membres de l'Union européenne (UE), le sujet reste globalement très peu discuté. Et les raisons sont nombreuses. D'une part, la visibilité de la PEV dans la presse européenne est handicapée par son caractère ambivalent et institutionnel. D'autre part, concernant la presse, elle manque d'une approche de terrain.
Or, pour les dirigeants et les responsables européens, informer le grand public sur les actions et la politique de l'UE est essentiel. Un public qui comprend non seulement les citoyens de l'UE, mais aussi les citoyens des pays voisins.
En ce qui concerne ces derniers, les institutions européennes semblent fournir un effort considérable pour rendre la PEV plus concrète. Que le sujet soit politique, sécuritaire ou qu'il touche à l'aide au développement, la presse du sud de la Méditerranée couvre régulièrement les relations euro-méditerranéennes. Des projets financés par l'UE donnent en outre un coup de pouce aux médias dont les pays bénéficient d'aides de Bruxelles. C'est toutefois au sein de l'Union européenne même que la visibilité de la PEV est médiocre, bien que le public, et donc le contribuable européen, finance les projets. « Le sujet est très peu discuté dans la presse européenne, car il est beaucoup trop institutionnel », relève Patrick Bèle, journaliste économique au quotidien français Le Figaro. Pour Florent Parmentier, chercheur au centre d'études européennes de sciences-po, à Paris, le traitement, dans la presse, des relations euro-méditerranéennes varie selon les régions d'Europe. La couverture étant meilleure dans les pays européens du Sud de la Méditerranée, que dans les pays du Nord et de l'Est de l'Europe, « dont l'attention se dirige vers d'autres problématiques et régions ». Une analyse partagée par Sabine Verhest, journaliste pour le quotidien belge La Libre Belgique : « La presse européenne est très diverse et la couverture espagnole de l'actualité euro-méditerranéenne est évidemment très différente de la couverture finlandaise. La presse belge, pour sa part, en parle peu, essentiellement en cas d'anniversaire ou d'actualité forte ». D'où l'intérêt des responsables européens pour une amélioration de la visibilité de la PEV en Europe.
Pour John O'Rourke, chef d'unité pour la PEV-coordination générale, la difficulté à rendre la PEV plus visible tient en son caractère même. « Et il ne s'agit pas d'un manque de transparence, souligne-t-il d'emblée. « Au contraire, la manière dont elle implique la société civile est assez exemplaire. Cependant, les objectifs de cette politique ne peuvent pas être jugés de façon "binaire", comme c'est le cas avec l'élargissement (où un pays devient un État membre ou ne le devient pas) ».
« Les gens ne sont pas trop intéressés parce qu'ils ne voient pas le bénéfice de ces projets », renchérit Thomas Mc Grath, responsable des médias, information et communication pour la région euromed. Selon lui, « les relations avec les pays du Sud ne sont pas assez claires. Le processus n'est pas assez sexy pour attirer le public européen, contrairement au processus de construction européenne, où les citoyens sentent et prennent conscience des travaux accomplis : un marché commun, une monnaie unique, 27 pays réunis, etc... ».
Il faut donc tenter de trouver des messages qui expliquent la finalité de cette politique de manière imagée, explique M. O'Rourke tout en convenant que la tâche n'est pas aisée. « Il existe, sans doute, une tension entre une politique - dont les ramifications sont nombreuses - et le souci de clarté, ou du moins de symboles forts qui résumeraient son action. Le problème n'est pas tant la transparence (la Commission communique autour de son action) que l'identification d'objectifs qui parlent aux citoyens », développe dans le même ordre d'idées Florent Parmentier. D'après lui, « si elle veut être davantage visible, elle doit communiquer sur sa capacité à apporter des réponses aux craintes des citoyens, et montrer que cette politique est dans l'intérêt de l'UE comme de ses voisins, deux facteurs qui doivent la rendre légitime ».
Il est donc important que le grand public sache quelles sont les principales problématiques dans les pays du voisinage (comme la protection de l'environnement, la sécurité, la bonne gouvernance ou encore la lutte contre la pauvreté). Qu'il sache ensuite pourquoi les problèmes auxquels les voisins de l'UE sont confrontés, sont aussi les problèmes de l'Europe. Et surtout qu'il soit informé des solutions qui sont apportées ou peuvent être apportées au niveau européen.
« L'étiquette "PEV" dans cette problématique sera d'une importance très relative », admet John O'Rourke. Même son de cloche chez Thomas Mc Grath qui préconise un effort de concentration beaucoup plus sur le fond et sur la substance de la politique européenne, que sur les différents mécanismes existants. « C'est pourquoi nous essayons de nous concentrer sur ce que l'UE accomplit », ajoute-t-il.
Pour ce faire, il existe dans chaque capitale européenne une représentation de l'UE, au sein de laquelle un responsable de la communication est chargé d'informer les citoyens de chaque pays, des efforts et des projets accomplis par l'UE en publiant des communiqués de presse, les rapports annuels pour chaque pays, des bulletins d'information. En sus de ces méthodes traditionnelles, l'UE organise des projets regroupant des journalistes du Nord et du Sud de la Méditerranée pour échanger leurs expériences et points de vue. « De tels échanges bénéficient aussi bien aux médias européens qu'aux médias du Sud », explique M. Mc Grath.
Force est de reconnaître, note toutefois M. Mc Grath, que « la PEV ne fera pas la une des journaux en Europe. Mais si nous pouvons prouver que ce que nous faisons peut avoir un impact positif sur la vie des gens, sur les relations commerciales, sur le dialogue culturel, sur le développement et la sécurité des voisins de l'UE, sur la paix en général, alors nous pouvons avoir de séduisantes histoires à raconter ».
« La PEV pourrait être traitée de manière plus concrète si les journaux en avaient encore les moyens », affirme, pour sa part, Sabine Verhest, en insistant sur le rôle des reportages sur le terrain pour rendre ce sujet plus attractif pour la presse et les lecteurs européens.
Un constat qui n'échappe pas à M. Mc Grath, puisque ce dernier n'exclut pas que soit monté un projet similaire à « Europa jaratouna », mais pour les journalistes européens cette fois. Un tel projet, qui favoriserait un travail de terrain et non pas uniquement institutionnel, pourrait permettre de présenter la PEV de manière attrayante pour le grand public européen.
Si la couverture médiatique de la Politique européenne de voisinage (PEV) est très variée selon les pays membres de l'Union européenne (UE), le sujet reste globalement très peu discuté. Et les raisons sont nombreuses. D'une part, la visibilité de la PEV dans la presse européenne est handicapée par son caractère...