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Liban - Commentaire

Le rôle imposé au Liban l’expose toujours aux frappes israéliennes

Au président Barack Obama, le président Michel Sleiman a rappelé qu'Israël ne cesse de ponctuer ses menaces à l'encontre du Liban de survols et d'incursions maritimes, ce qui contribue à grever lourdement une économie libanaise déjà exsangue. Il lui a demandé d'exercer une forte pression sur l'État hébreu pour qu'il respecte les dispositions de la 1701, en cessant ses transgressions, et en restituant au Liban les hameaux de Chebaa, les hauteurs de Kfarchouba et la partie du village de Ghajar encore occupée.
Mais il lui a été répondu que les États-Unis s'inquiètent fortement de la poursuite du trafic d'armes transfrontalier à destination du Hezbollah. Le président Obama a ajouté que la fourniture d'un armement lourd US à l'armée libanaise ne peut se faire tant que le Liban lui-même n'applique pas la 1701. Il a souligné qu'à son avis, il est de l'intérêt du Liban autant que d'Israël de mettre un terme à l'afflux d'armes et de se conformer à l'ensemble des dispositions de la résolution internationale. Pour conclure que les problèmes doivent être réglés par des négociations, loin de toute velléité de recours à la violence.
Cet échange, qui a tout l'air d'un dialogue de sourds, remet en mémoire une intervention du patriarche Sfeir datant, certes, de 1991, mais qui n'avait rien de prémonitoire. Car elle portait sur une réalité déjà ancienne. Le prélat constatait, en effet, qu'on ne cessait pas, depuis des décennies, d'exiger du petit, du faible Liban, ce que d'autres pays se refusaient à assumer en termes d'application des résolutions internationales, ou de confrontation. Ce qui l'empêchait de se redresser et, en même temps, d'étendre l'autorité de son État sur l'intégralité de son territoire. Le chef de l'Église maronite relevait que le maître d'œuvre des résolutions en question, le Conseil de sécurité de l'ONU, était censé veiller à leur concrétisation, sous peine de sanctions frappant les parties indociles. Or aucune initiative n'avait jamais été prise dans ce sens par le Conseil, et Israël avait pu ainsi ignorer la 425, pour impérative et immédiate qu'elle fût, durant 22 ans. Ce qui avait été à l'origine directe de l'émergence d'une résistance active, d'abord multipartite puis islamique. Autre effet du précédent laxisme international : la 1559, la 1680 et la 1701 connaissent aujourd'hui le même dédain de la part des parties qui doivent leur donner corps. Ces résolutions appellent à la dissolution de toutes les milices, libanaises et non libanaises, au rétablissement de l'autorité de l'État libanais sur l'ensemble de son territoire, au retrait de toutes les forces étrangères du Liban et au respect de la Constitution libanaise. En fait, et comme on sait, les Syriens ne se sont pas contentés d'ignorer la 1559 mais l'ont bafouée ouvertement, le lendemain de sa promulgation, en reconduisant Émile Lahoud à son poste. Ils ont de même stimulé l'armement des milices libanaises et non libanaises. Ils ont même installé, à leur frontière avec le Liban, dans la Békaa, des bases militaires gérées par des organisations palestiniennes gravitant dans leur orbite. Mais ils ont été forcés de retirer leurs troupes du Liban quand la révolution du Cèdre a éclaté, après l'assassinat du président Rafic Hariri et de ses compagnons.

Dérobades
Quant à la 1701, adoptée comme solution à la guerre de juillet 2006, opposant Israël au Hezbollah, elle a été admise et même sollicitée par le gouvernement libanais dont ce parti était membre. Ce texte, complet, reprenait et certifiait les injonctions de la 1559 et de la 1680 sur le désarmement des milices. Mais il est resté, en grande partie, lettre morte parce que personne n'en veut dans la région, et parce que le Conseil de sécurité n'assume pas son devoir de suivi. La ligne bleue, et la suspension des hostilités, c'est tout ce qui a été fait. Ni Chebaa, Kfarchouba et Ghajar n'ont été rendus, ni la neutralisation de la zone au sud du Litani par rapport à la présence d'éléments ou d'armes autres que l'armée et la Finul n'a été effectuée. Et encore moins, l'arrêt du trafic transfrontalier, le démantèlement des bases palestiniennes hors camps ou le désarmement des milices. En tout cas, on reste loin, encore plus loin qu'avant juillet 2006, des dispositions permettant d'aller, à travers une trêve confirmée, vers le rétablissement de la convention d'armistice libano-israélienne de 1949, comme le recommande expressément la 1701. Israël viole l'espace aérien libanais, sous prétexte de surveiller l'afflux d'armes iraniennes diligentées par la Syrie à destination d'un Hezbollah qui garde des dépôts d'armes, ainsi que l'ont montré des explosions, dans la zone interdite.
Quoique porteur d'une dose certaine de responsabilité dans la non-application des résolutions internationales, le Liban officiel, maillon faible de la chaîne, n'a pas tort de souligner qu'il n'est pas en mesure d'assumer tout seul une telle obligation. Il ne peut rien, en effet, contre les incursions israéliennes ni contre les infiltrations syriennes ou les roquettes palestiniennes. De fait, il se trouve en outre miné de l'intérieur, privé d'autorité et de souveraineté par des fractions locales agissant autant dans l'intérêt de parties extérieures que pour des avantages propres. Dès lors, il est évident que si l'Iran, la Syrie et Israël n'y mettent pas du leur, avec pression accentuée du Conseil de sécurité et de Washington, la 1701 resterait à l'état de fiction, de projet et de vœu pieux. Or, répétons-le, une fois sa frontière nord sécurisée, Israël se soucie peu de la 1701. L'Iran et la Syrie, de leur côté, ne souhaitent ni une fermeture totale et définitive du front du Liban-Sud, gardé demi-ouvert à dessein, ni une neutralisation du Hezbollah en tant que bras armé, ni l'émergence d'un État de droit libanais souverain échappant à leur influence.
Au président Barack Obama, le président Michel Sleiman a rappelé qu'Israël ne cesse de ponctuer ses menaces à l'encontre du Liban de survols et d'incursions maritimes, ce qui contribue à grever lourdement une économie libanaise déjà exsangue. Il lui a demandé d'exercer une forte pression sur l'État hébreu pour qu'il...
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