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Nos Lecteurs ont la Parole

Imbroglio

Molly SELWAN
En ces temps, dominés par le terrorisme idéologique, où l´affiliation à une personne semble suppléer la fidélité à un pays, le problème de la Palestine demeure insoluble et plane sur le Moyen-Orient ; prétexte à toutes les déviations ; porte ouverte à toutes les indignités ; plaie béante dans une région qui saigne sous le regard impassible du monde. Quant à nous, libanais, victimes de nos frontières géographiques, écartelés par nos appartenances ethniques, nous sommes toujours à la recherche de notre équilibre. Dans ce pays de toutes les contradictions, les événements nous ramènent à des questions primordiales, et qui avalisent un besoin d'identité nationale, face à la mondialisation et au communautarisme. Y a-t-il des critères pour être patriote ? Est-ce un devoir, de servir le pays qui nous a vu naître ? C'est le sentiment d'attachement à la patrie qui définit le patriotisme. Il est ainsi développé au cours de la vie par le civisme et les valeurs communes.
Nos martyrs, tués pour des symboles comme l'indépendance et la souveraineté, nous ont laissé plus qu'un souvenir de mémoire : une leçon de courage pour le maintien de nos principes, ceux d'un Liban uni, non seulement message de coexistence mais aussi pays d'accueil pour tous les chrétiens du Moyen-Orient. Les dirigeants ne peuvent-ils pas dépasser cette optique (mercantile) d'un État, fait de partage pour s'orienter vers une vision patriotique de la nation dans le sens éthique et humanitaire, dans le respect de la république et des institutions ? Cela sans oublier la notion de transparence envers le peuple, source de tout pouvoir. Il leur est demandé de traiter les sujets concernant l'avenir du pays, dans le cénacle du Parlement, à travers les députés élus, et non pas à huis clos, ou dans les chancelleries voisines.
Sans s'aventurer dans les dédales de la formation du cabinet gouvernemental ni dans les méandres de la distribution des portefeuilles, je constate simplement que le résultat de ce processus a laissé un sentiment de soulagement empreint d'amertume. Ainsi donc la majorité issue des législatives ne fut qu'une illusion ! Illusions encore cette indépendance gagnée à force de martyrs, cette souveraineté fictive assujettie à des diktats régionaux. Illusoire notre autonomie (si complaisante), subissant autant de « dictatures » que d'aucuns dénomment « protectorats ». Les facteurs « endogènes et exogènes » qu'évoque le professeur Messarra dans son livre Le pacte libanais semblent s'appliquer étrangement à notre situation. Lorsqu'on atteint un chiffre de dette colossal, avec une économie branlante (malgré les Paris I, 2 et 3 et actuellement, la hausse du prix de l'or), nous ne pouvons qu'être dépendants économiquement de l'Arabie saoudite et des Émirats du Golfe où des Libanais expatriés envoient à leurs familles de l'argent qui vient s'ajouter aux aides financières octroyés par ces mêmes pays...
Lorsqu'une armée s'incruste à l'ombre de l´État, reliée directement au chef suprême iranien, nous dépendons nécessairement, dans le volet sécuritaire, de l'Iran. Lorsque, enfin, certains leaders reçoivent leurs ordres du président syrien et, à chaque fois qu'il y a une décision à régler, prennent « le chemin de Damas », ne sommes-nous pas dépendants politiquement de la Syrie ? Ainsi donc dirigé par ses tuteurs et leur envahissante sollicitude, le Liban perdure, tout en se prétendant (ce qu'il n'est pas) pays autonome et démocratique. Le citoyen continue de vivre une succession de présents alors que le futur de ses enfants demeure incertain, et l'avenir de son pays livré à des milices disparates.
Quant aux armes de la Résistance, sans être visibles, elles sont omniprésentes. Leur existence a non seulement modifié la donne des élections législatives, elle a, aussi, réduit le rôle de l'Exécutif à sa simple expression fonctionnelle et administrative alors que les sujets de discorde seront traités autour d'une table ronde qui nous ramène à un concept moyenâgeux. Cette (R) évolution de velours prépare, dit-on, une démocratie consensuelle, quand d'autres insistent pour appliquer entièrement l'accord de Taëf qu'une partie de la population rêve de fédération.
Dans cet imbroglio sur lequel viennent se juxtaposer les efforts pour justifier l'inconcevable (la cohabitation des armes et de la démocratie), Platon et Machiavel lui-même auraient perdus leur latin... Il ne reste plus qu'à souhaiter la réussite au compositeur de cette orchestration, avec l'espoir que l'œuvre qu´il peaufine ne devienne une symphonie inachevée dans le concert des nations.

Molly SELWAN
En ces temps, dominés par le terrorisme idéologique, où l´affiliation à une personne semble suppléer la fidélité à un pays, le problème de la Palestine demeure insoluble et plane sur le Moyen-Orient ; prétexte à toutes les déviations ; porte ouverte à toutes les...

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