M. Yarnold nous a confié ses impressions dans une interview effectuée dans la capitale danoise, en marge d'une conférence sur le changement climatique organisée par « Project Syndicate » et le gouvernement danois. « Je crois qu'il est toujours possible que, à l'instar de ce qui s'est passé à Bali, on nous réserve les bonnes nouvelles pour le dernier jour, ou du moins vers la fin de la conférence », indique-t-il.
Croit-il donc en la possibilité qu'un deal-surprise soit conclu lors du sommet ? « Je crois que quel que soit le deal final, il émergera à la dernière minute, dit-il. Il y a des indices sur ce qui pourrait être mis sur la table par des pays en développement, particulièrement la Chine et l'Inde. Je crois donc qu'il est concevable qu'à la fin, nous soyons témoins d'une entente qui nous pousse à l'optimisme. Je ne crois pas en l'adoption d'un "blockbuster deal", parce que de telles négociations ne fonctionnent pas de cette manière. Mais il se peut qu'on réalise des avancées significatives qui nous permettent d'aller de l'avant pour la période de six mois qui suit. Et il est possible que la conférence soit prolongée de quelques jours, jusqu'à une semaine, ce qui sera perçu comme un signe positif pour les négociations. »
Que pense EDF du débat sur les préférences entre la taxe carbone et l'échange de crédits carbone ? « Nous sommes convaincus que l'échange de crédits carbone est le système qui fonctionnera le mieux, souligne-t-il. Je crois que ceux qui défendent la taxe carbone ont tort, parce que ce système ne fonctionnera pas au-delà des frontières des pays, et qu'il n'aide pas à résoudre le problème environnemental. » Mais les détracteurs du marché de carbone estiment qu'il sera bien trop compliqué à mettre en place et créera des problèmes qui lui sont spécifiques. « Sans nul doute, répond-il. Mais c'est un système qui a été testé avec succès, malgré le « crash » durant les deux ans de la phase test en Europe, alors que le plafond fixé avait été surestimé. Il a bien fonctionné depuis. C'est le système le plus équitable, prévisible et transparent qui soit. »
Comment, en tant qu'organisation américaine, parviennent-ils à exercer une influence sur le cours de la politique US en matière de lutte contre le changement climatique ? « Outre l'organisation d'Al Gore, EDF est l'ONG qui emploie le plus de personnes, et dépense le plus d'argent, le plus efficacement, dans ce domaine aux États-Unis, martèle David Yarnold. Nous faisons pression sur Washington. Nous avons contribué à l'adoption de la législation sur le réchauffement global en Californie, nous sommes présents dans les États du Nord-Est, etc. Nous faisons partie des trois cofondateurs d'un rassemblement d'entreprises appelé "US Cap". C'est la coalition d'entreprises qui s'est adressée au président des États-Unis et au Sénat pour leur demander d'agir, en leur définissant les objectifs à atteindre et en leur présentant un modèle de ce que devrait être la législation. C'est un vaste groupe de très grandes entreprises qui, parce qu'elles ont œuvré ensemble, ont été capables de formuler un plan. Elles sont devenues le cœur du processus qui a mené à l'adoption d'une législation dans la Chambre des représentants. »
EDF trouve-t-elle que la politique américaine est devenue assez entreprenante en matière de négociations mondiales sur le réchauffement ? « Nous sommes convaincus que si les entreprises sont impliquées, une action significative au Sénat sera bien plus réalisable, précise M. Yarnold. Je suis bien plus optimiste que je ne l'étais sous l'administration Bush. Je pense que notre président actuel est soumis à encore plus de pression maintenant qu'il a gagné le prix Nobel, et qu'il doit donner des preuves du leadership américain. Même si le projet de loi actuellement au Sénat n'est pas adopté d'ici au sommet de Copenhague, je crois que les États-Unis sont bien plus à même d'assumer leur rôle de leader qu'il y a dix-huit mois. »
Des plafonds pour les pays émergents
M. Yarnold insiste beaucoup sur les changements énormes et « encourageants » en Inde et en Chine, et pense que les États-Unis et d'autres pays feraient une erreur en ne poussant pas ces pays à accepter une limite d'émissions contraignante. « Ce serait à leur avantage, estime-t-il. Ils en deviendraient plus innovateurs, ils obtiendraient un financement plus rapidement et ils se mettraient plus vite sur la voie d'un développement vert. »
Quelle tendance devrait, selon lui, prendre la lutte contre le changement climatique : action auprès des entreprises, militantisme politique ou modification des comportements personnels ? « Les trois sont cruciaux, répond M. Yarnold. Il est important d'apprendre à nos enfants à vivre d'une autre façon, à consommer moins. C'est leur planète et la nôtre. Toutefois, l'action individuelle reste insuffisante. Ce problème doit être traité par les gouvernements. À titre d'exemple, citons le plafond d'émissions qui a été défini aux États-Unis pour le dioxyde de soufre, et qui a permis de traiter efficacement le problème de pluies acides. Une fois qu'un plafond est fixé, il sert de motivation aux entreprises qui sont alors obligées d'innover et de s'adapter. »
M. Yarnold se dit fermement convaincu qu'il faut mettre l'accent sur tout le positif que peut engendrer cette crise, aussi sévère soit-elle. Cet aspect positif, selon lui, c'est que le monde se résoudra à changer, à ne plus suivre une politique économique dépendant des énergies fossiles, et à voir dans le marché des énergies alternatives des possibilités significatives.
Qu'en est-il des petites économies comme le Liban ? « Elles en tireront sans nul doute des bénéfices, répond-il. De nouvelles technologies leur permettront d'avoir des sources d'énergies renouvelables qui seront utiles à plus d'un titre. Dans les pays africains, par exemple, cela les aidera à mieux gérer les ressources hydrauliques et les problèmes d'utilisation des sols. Ces problèmes sont interconnectés, et des solutions aux défis de l'énergie aideront à sortir de l'impasse. »
Croit-il donc en la possibilité qu'un deal-surprise soit conclu lors du sommet ? « Je crois que quel que soit le deal final, il émergera à la dernière minute, dit-il. Il y a des indices sur ce qui pourrait être mis sur la table par des pays en développement, particulièrement la Chine et l'Inde. Je crois donc qu'il est concevable qu'à la fin, nous soyons témoins d'une entente qui nous pousse à l'optimisme. Je ne crois pas en l'adoption d'un "blockbuster deal", parce que de telles négociations ne fonctionnent pas de cette manière. Mais il se peut qu'on réalise des avancées significatives qui nous permettent d'aller de l'avant pour la période de six mois qui suit. Et il est possible que la conférence soit prolongée de quelques jours, jusqu'à une semaine, ce qui sera perçu comme un signe positif pour les négociations. »
Que pense EDF du débat sur les préférences entre la taxe carbone et l'échange de crédits carbone ? « Nous sommes convaincus que l'échange de crédits carbone est le système qui fonctionnera le mieux, souligne-t-il. Je crois que ceux qui défendent la taxe carbone ont tort, parce que ce système ne fonctionnera pas au-delà des frontières des pays, et qu'il n'aide pas à résoudre le problème environnemental. » Mais les détracteurs du marché de carbone estiment qu'il sera bien trop compliqué à mettre en place et créera des problèmes qui lui sont spécifiques. « Sans nul doute, répond-il. Mais c'est un système qui a été testé avec succès, malgré le « crash » durant les deux ans de la phase test en Europe, alors que le plafond fixé avait été surestimé. Il a bien fonctionné depuis. C'est le système le plus équitable, prévisible et transparent qui soit. »
Comment, en tant qu'organisation américaine, parviennent-ils à exercer une influence sur le cours de la politique US en matière de lutte contre le changement climatique ? « Outre l'organisation d'Al Gore, EDF est l'ONG qui emploie le plus de personnes, et dépense le plus d'argent, le plus efficacement, dans ce domaine aux États-Unis, martèle David Yarnold. Nous faisons pression sur Washington. Nous avons contribué à l'adoption de la législation sur le réchauffement global en Californie, nous sommes présents dans les États du Nord-Est, etc. Nous faisons partie des trois cofondateurs d'un rassemblement d'entreprises appelé "US Cap". C'est la coalition d'entreprises qui s'est adressée au président des États-Unis et au Sénat pour leur demander d'agir, en leur définissant les objectifs à atteindre et en leur présentant un modèle de ce que devrait être la législation. C'est un vaste groupe de très grandes entreprises qui, parce qu'elles ont œuvré ensemble, ont été capables de formuler un plan. Elles sont devenues le cœur du processus qui a mené à l'adoption d'une législation dans la Chambre des représentants. »
EDF trouve-t-elle que la politique américaine est devenue assez entreprenante en matière de négociations mondiales sur le réchauffement ? « Nous sommes convaincus que si les entreprises sont impliquées, une action significative au Sénat sera bien plus réalisable, précise M. Yarnold. Je suis bien plus optimiste que je ne l'étais sous l'administration Bush. Je pense que notre président actuel est soumis à encore plus de pression maintenant qu'il a gagné le prix Nobel, et qu'il doit donner des preuves du leadership américain. Même si le projet de loi actuellement au Sénat n'est pas adopté d'ici au sommet de Copenhague, je crois que les États-Unis sont bien plus à même d'assumer leur rôle de leader qu'il y a dix-huit mois. »
Des plafonds pour les pays émergents
M. Yarnold insiste beaucoup sur les changements énormes et « encourageants » en Inde et en Chine, et pense que les États-Unis et d'autres pays feraient une erreur en ne poussant pas ces pays à accepter une limite d'émissions contraignante. « Ce serait à leur avantage, estime-t-il. Ils en deviendraient plus innovateurs, ils obtiendraient un financement plus rapidement et ils se mettraient plus vite sur la voie d'un développement vert. »
Quelle tendance devrait, selon lui, prendre la lutte contre le changement climatique : action auprès des entreprises, militantisme politique ou modification des comportements personnels ? « Les trois sont cruciaux, répond M. Yarnold. Il est important d'apprendre à nos enfants à vivre d'une autre façon, à consommer moins. C'est leur planète et la nôtre. Toutefois, l'action individuelle reste insuffisante. Ce problème doit être traité par les gouvernements. À titre d'exemple, citons le plafond d'émissions qui a été défini aux États-Unis pour le dioxyde de soufre, et qui a permis de traiter efficacement le problème de pluies acides. Une fois qu'un plafond est fixé, il sert de motivation aux entreprises qui sont alors obligées d'innover et de s'adapter. »
M. Yarnold se dit fermement convaincu qu'il faut mettre l'accent sur tout le positif que peut engendrer cette crise, aussi sévère soit-elle. Cet aspect positif, selon lui, c'est que le monde se résoudra à changer, à ne plus suivre une politique économique dépendant des énergies fossiles, et à voir dans le marché des énergies alternatives des possibilités significatives.
Qu'en est-il des petites économies comme le Liban ? « Elles en tireront sans nul doute des bénéfices, répond-il. De nouvelles technologies leur permettront d'avoir des sources d'énergies renouvelables qui seront utiles à plus d'un titre. Dans les pays africains, par exemple, cela les aidera à mieux gérer les ressources hydrauliques et les problèmes d'utilisation des sols. Ces problèmes sont interconnectés, et des solutions aux défis de l'énergie aideront à sortir de l'impasse. »
M. Yarnold nous a confié ses impressions dans une interview effectuée dans la capitale danoise, en marge d'une conférence sur le changement climatique organisée par « Project Syndicate » et le gouvernement danois. « Je crois qu'il est toujours possible que, à l'instar de ce qui s'est passé à Bali, on nous...
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