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Liban - Commentaire

Bkerké reprend le combat pour une vraie démocratie

Pour ne pas altérer le soulagement des Libanais, le patriarche Sfeir a salué d'une manière courtoise l'avènement du nouveau gouvernement, en lui présentant ses vœux. Mais non sans rappeler, pour le principe comme dans le principe, qu'on fait fausse route en tournant le dos à la vraie démocratie. Très vite, les développements, ou plutôt le manque de développements positifs, notamment du côté de la déclaration ministérielle, lui ont donné raison. Aujourd'hui, il martèle derechef les constantes nationales systémiques. Devant la délégation de presse conduite par Melhem Karam, le prélat a ainsi rappelé que « la stabilité est tributaire de la présence d'une majorité qui gouverne et d'une minorité qui s'oppose. C'est ce que l'on voit dans tous les pays. C'est seulement dans des circonstances exceptionnelles, comme l'état de guerre, qu'il se forme des cabinets d'union nationale ».
La démocratie dite consensuelle, ce simulacre sinon cette imposture, ne met pas le pays à l'abri des secousses. Car elle ne peut en réguler, en équilibrer, la vie politique. Jadis, la majorité issue des urnes, donc de la volonté du peuple souverain, dégageait les trois pouvoirs politiques de l'État et dirigeait le Liban par leur entremise conjuguée. L'alternance restait cependant en ligne de mire. Car l'opposition surveillait le pouvoir et pouvait le censurer, voire le contraindre à rendre son tablier, soit par le biais d'une motion de défiance à la Chambre, soit par des pressions populaires légitimes, légales, comme les grèves générales, les manifestations pacifiques ou les sit-in. En 1952, l'opposition était ainsi parvenue à forcer le président Béchara el-Khoury à démissionner. En 1968, la victoire du Helf aux législatives avait empêché les chéhabistes de faire élire leur candidat, Élias Sarkis, à la présidence de la République, deux ans plus tard.
Au niveau des trois pouvoirs, la différence entre démocratie tout court et démocratie consensuelle est flagrante. Dans le premier cas, il y a compétition, souvent entre candidats issus d'un même camp. Et les immixtions extérieures, tout en infléchissant les considérations internes dans un sens déterminé, ne sont pas absolument déterminantes. Dans le second cas, non seulement il y a bazar local, mais également parachutage externe.
C'est ce que les prosyriens imposent au pays, par la menace et la force des armes, depuis le retrait militaire de leur parrain. Ils ont empêché la majorité de gouverner vraiment, et ils continuent évidemment à le faire. Tout comme ils lui ont interdit d'élire un président de la République issu de ses rangs. La vacance a donc duré six mois. En sus des trois ans de la prorogation abusive, télécommandée de Damas, du mandat du président Émile Lahoud. De plus, les prosyriens ont ravi à la majorité - et qui aurait osé protester ? - la présidence de l'Assemblée nationale où elle dispose pourtant de 71 sièges sur 128. C'est donc Nabih Berry, le fermeur de Chambre, fabuleux contre-exploit à ce niveau, qui en retrouve la tête. À ce sujet, d'ailleurs, la mainmise de l'axe Hezbollah-Amal sur le potentiel politique de la communauté chiite, une première dans le tableau libanais fondé sur la diversité, contribue largement à fausser le jeu et les équilibres naturels. En empêchant des regroupements d'ordre national entre forces issues de communautés distinctes. Donc en empêchant, autant qu'un brassage national, toute saine démocratie.

Pour ne pas altérer le soulagement des Libanais, le patriarche Sfeir a salué d'une manière courtoise l'avènement du nouveau gouvernement, en lui présentant ses vœux. Mais non sans rappeler, pour le principe comme dans le principe, qu'on fait fausse route en tournant le dos à la vraie démocratie. Très vite, les développements, ou...
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