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Liban - Commentaire

Une priorité évidente : mettre enfin le Liban à l’abri des houles extérieures

Tout le monde convient que l'implication dans la lutte des axes et le maintien du Liban comme lice ouverte peuvent de nouveau entraîner des pertes humaines ou matérielles incommensurables. Ce qui ne peut être dans l'intérêt de personne. Dès lors, un dignitaire religieux souligne que les dirigeants ont le devoir absolu de prémunir le pays contre ce lourd danger. Ils peuvent en débattre, en vue d'une solution, aussi bien autour de la table de dialogue national qu'au sein même d'un gouvernement où toutes les fractions se trouvent rassemblées.
Mais quel bouclier choisir ? La première idée repose sur une mutation de statut. De sorte que le Liban, jusque-là modèle passif de coexistence, devienne un creuset actif de rencontre entre les cultures comme entre les religions. En se faisant reconnaître internationalement comme tel, à travers la mise en place d'une organisation ad hoc ayant son siège à Beyrouth.
Comme on sait, le président Michel Sleiman est un fervent partisan de ce projet, qu'il a défendu devant l'Assemblée générale de l'ONU, ainsi que lors du Sommet de la francophonie tenu au Canada. Il a souligné, dans ses interventions, que « la philosophie même de l'entité libanaise se fonde sur le dialogue et l'entente. Elle constitue donc un laboratoire naturel pour les échanges entre les cultures ainsi qu'entre les religions. Le regretté Jean-Paul II l'avait excellemment exprimé en affirmant que le Liban est plus qu'un pays, un message de liberté, un exemple de pluralisme pour l'Orient comme pour l'Occident, une scène pour le dialogue et la coexistence de cultures et de religions distinctes ».
Au départ, c'est un cénacle de penseurs qui a peaufiné le projet d'établir le Liban comme centre du dialogue universel entre les cultures et entre les religions diverses. Menés par l'ambassadeur Fouad Turk, ces intellectuels ont démarché l'ensemble des composantes du paysage sociopolitique, et ils en ont reçu un encouragement unanime. Ils ont également relancé les chancelleries et les organisations régionales ou internationales, qui se sont montrées positives. Non sans souligner, toutefois, que rien ne peut être décidé avant que les Libanais ne s'accordent sur un projet concret, que le pouvoir soumettrait aux Nations unies. Ce qui sous-entend, dans le langage diplomatique, que les Libanais doivent éviter d'abord l'écueil d'une polémique interne sur la neutralité. Car un Liban où une organisation internationale de dialogue aurait son siège ne saurait être de parti pris dans aucun conflit, même si lui-même ne se proclame pas neutre.

Conception
À l'issue d'une audience que le président Sleiman avait accordée au comité de promoteurs de l'idée, l'ambassadeur Turk rappelait, dans une déclaration, que le Liban ne se mesure ni en acres, ni en ressources naturelles, ni en densité démographique. Il ne prend de dimension, de pérennité et de sens qu'à travers le rôle qu'il peut jouer pour la région et pour le monde. En devenant l'hôte d'un centre permanent du dialogue entre les cultures et entre les religions. Beyrouth deviendrait ainsi une destination de pèlerinage pour les hommes de religion et de pensée, comme, du reste, pour ceux qui s'activent en faveur de la paix dans le monde. Du même coup, l'identité du Liban se définirait, définitivement, par les concepts de dialogue, d'interaction culturelle et de pluralisme religieux qui le distinguent. Une grâce que ne doivent plus entacher ces guerres et ces discordes qui induisent la question de la viabilité du pays.
Mais comme tout est dans tout et réciproquement, selon le mot d'Alfred Capus, le projet précité rebondit sur la question fondamentale : quel Liban voulons-nous ? Quel pacte, quelle Constitution ? Doit-il s'incarner dans un État souverain et indépendant ? Doit-il se fondre dans l'entité syrienne ? Le voulons-nous chrétien, musulman, phénicien, fédéral ? Allons-nous opter pour Hanoi ou pour Hong Kong ? Pour l'ouverture culturelle sur le monde entier ou pour l'isolement dans les valeurs orientales ?

Joumblatt en 2008...
Cependant, la deuxième idée défendue en ce qui concerne la nécessité d'immuniser le Liban contre les virus importés offre moins d'angles arrondis que le projet précité. Il s'agit en effet, comme on s'en doute, de traiter directement, de front, le cœur même du problème. En proclamant l'adoption du principe de la neutralité positive. Une proposition que Walid Joumblatt défendait il y a encore un an, dans un article confié à l'organe de presse de son parti, al-Anba'. Sous le titre éloquent de « La neutralité positive, une entrée pour la stabilité du Liban », le leader du PSP estimait alors que « la Résistance doit être progressivement assimilée par l'armée, dont les capacités de confrontation face à Israël s'en trouveraient considérablement renforcées. Un processus qui amènerait, également de manière progressive, les différentes parties libanaises à se rallier à la neutralité positive. Pour que le Liban devienne un État comme tous les autres et non plus un ring utilisé pour des règlements de comptes internationaux et régionaux ». À l'époque, donc avant son repositionnement, Joumblatt ajoutait : « Tout bazar frappant les fondements nationaux réalisés grâce à la lutte et à l'unité des Forces du 14 Mars constitue une trahison. Toute capitulation, également. Les Forces du 14 Mars ont certes su protéger leurs acquis dans les grands tournants. Mais elles ne délaissent pas leurs constantes. Leur combat a reçu l'onction du sang des martyrs. Il a conduit à la création du tribunal international qui va établir la vérité et la justice, pour tous les martyrs de la révolution du Cèdre. »
Le président Amine Gemayel ne cesse, quant à lui, de plaider, aujourd'hui comme hier, pour la neutralité positive, et la mise à l'écart du Liban par rapport à la lutte des axes. De son côté, le groupe de l'appel de Beyrouth pour la paix maintenant a remis en mars au président Sleiman un mémoire-plaidoyer intitulé « Initiative pour la neutralité du Liban dans les conflits armés extérieurs, et pour la neutralité de l'État dans les différends confessionnels locaux ». Mais c'est l'Église qui, dans sa charte pour l'action politique, publiée il y a quelques mois, met le plus l'accent sur la neutralité pour protéger le Liban.
Tout le monde convient que l'implication dans la lutte des axes et le maintien du Liban comme lice ouverte peuvent de nouveau entraîner des pertes humaines ou matérielles incommensurables. Ce qui ne peut être dans l'intérêt de personne. Dès lors, un dignitaire religieux souligne que les dirigeants ont le devoir absolu de prémunir le pays contre ce...
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