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Liban - Commentaire

Le 14 et le 8 Mars, deux faces d’une même médaille, mais de valeur inégale

Walid Joumblatt avance que la fonction des forces du 14 Mars a maintenant pris fin. Il ne dit pas s'il en va de même pour le 8 Mars. Ce qui devrait être le cas, objectivement. Car la fonction de l'un et de l'autre camp a pris corps, localement et extérieurement, au même moment, pour de mêmes motifs, mais inversés. Elle ne prendra donc fin, d'une manière toujours synchrone, que lorsque ces causes se seront dissipées.
En pratique, il en est qui soutiennent aujourd'hui qu'avec le retrait des troupes syriennes et la mise en place d'un tribunal international, tout est revenu à la normale. Pour eux, le Liban a maintenant recouvré son indépendance, sa souveraineté et ses libertés. Les loyalistes convaincus leur répondent qu'il n'en est absolument rien. Ils soulignent que la Syrie ne cesse de s'immiscer ouvertement dans les affaires intérieures libanaises, avec le concours docile de ses alliés du cru, chargés d'un blocage dont la dernière des multiples illustrations a été une crise ministérielle de cinq mois. La Syrie veut ainsi faire comprendre au monde, ainsi du reste qu'aux Libanais eux-mêmes, qu'ici rien ne peut se faire sans elle ni contre elle.
On ne peut donc parler d'indépendance recouvrée. Elle induit en effet que les différentes composantes du paysage politique interne s'engagent ensemble à fermer la porte devant toute immixtion extérieure, d'où qu'elle vienne. Or, pas plus que le retrait des troupes syriennes, l'instauration d'un tribunal spécial pour juger l'affaire de l'attentat dont Rafic Hariri et ses compagnons ont été victimes, ainsi que l'effroyable série d'assassinats qui a suivi ne suffisent pour affirmer que le Liban retrouve ses droits. Il faut encore, en effet, que ce tribunal ne se trouve pas empêché de conclure, par des manœuvres s'appuyant sur une part libanaise infestée. Et, une fois le verdict rendu, il faut encore que les coupables, commanditaires en tête, soient arrêtés et châtiés. Tout comme il faut que le jugement ne provoque pas de heurts internes. Là, comme pour le reste, ce qui est juste et bon pour le Liban ne peut s'accomplir sans une unité nationale effective. Or le terme même de nation se trouve contesté par des fractions opposantes, ou conditionné par des considérations qui n'ont aucun rapport avec l'intérêt exclusif du pays.
Sur un plan plus global, il est clair que l'on ne permet toujours pas au Liban de redevenir un État digne de ce nom. Un État de droit fort, protégeant les libertés, étendant son autorité sur l'intégralité du territoire, sans aucune région ou zone échappant au contrôle de ses forces régulières. Un État disposant seul des armes, après dissolution des milices et des bases palestiniennes d'obédience syrienne, avec des frontières sûres, verrouillées devant tout trafic. Un État démocratique, à régime parlementaire certifié, avec une majorité qui gouverne et une minorité qui s'oppose, la coexistence étant assurée par la participation des familles spirituelles au Parlement comme au gouvernement. Un État libre de décider s'il veut ou non être classé comme pays de confrontation directe ou de soutien, dans le cadre du conflit arabo-israélien.
C'est d'ailleurs le front du Sud, gardé semi-ouvert sur injonction de l'axe Damas-Téhéran, qui sert d'argument au 8 Mars pour justifier le rejet de fait de l'État libanais souverain. En soutenant que la Résistance doit garder son arsenal, qui a été tourné le 7 mai contre l'intérieur, tant qu'une paix régionale globale et juste, passant par la libération de Chebaa, n'aura pas été conclue.
Sans doute quand les poules auront des dents. Le 8 Mars affirme que sa fonction ne prendra fin que ce jour-là. Du même coup, le 14 Mars ne peut pas disparaître avant. Car ce serait sonner le glas de Taëf, de la Constitution qui en découle, du régime parlementaire démocratique, du Liban indépendant fort. Sinon de la paix civile comme du Liban tout court.
Walid Joumblatt avance que la fonction des forces du 14 Mars a maintenant pris fin. Il ne dit pas s'il en va de même pour le 8 Mars. Ce qui devrait être le cas, objectivement. Car la fonction de l'un et de l'autre camp a pris corps, localement et extérieurement, au même moment, pour de mêmes motifs, mais inversés. Elle ne prendra donc fin, d'une...
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