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Nos Lecteurs ont la Parole

II. – Plaidoyer pour une nouvelle Constitution

Par Louis INGEA
La démographie galopante des populations non chrétiennes, qui les entourent géographiquement, n'aura pas dessillé les yeux de ces Libanais chrétiens (voir L'Orient-Le Jour du mardi 27 octobre 2009). Minoritaires, ils persistent à se croire immortels et se gargarisent de leur étiquette alors qu'ils n'en appliquent plus la moindre recommandation. Ils ne voient pas comment utiliser la solidarité à l'intérieur d'un groupe constitué. Pourtant, les exemples ne manquent pas. Voyez les Arméniens, les juifs, les chiites, les druzes et les Arabo-musulmans en général face au monde entier... Pas une faille qui les déstabilise dès qu'il s'agit de leurs valeurs sacro-saintes. Alors que chez le chrétien libanais, chacun, à lui seul, est une affiche : « Rejoignez mon panache blanc, morbleu ! Et vogue la galère phénicienne... qui ira se briser contre les rochers de nos côtes. »
Alors, je dis : ça suffit ! Rêvons plutôt ensemble à une nouvelle Constitution, moins folle qu'elle n'y paraît.
Là, je devine vos sourires. Oui ! Je suis naïf, candide et irréaliste. Seulement, avez-vous mieux à proposer ? En tout cas, mon seul péché sera de vous avoir distrait, l'espace d'une lecture.
Ainsi, reportons-nous, pour rêver, à l'éventualité d'un congrès national au plus haut sommet, comme on nous l'a déjà fait entendre. Faqra, pour les plus douillets, présenterait pas mal d'avantages, les palaces Hariri et Boueiz assurant pour leur part tout le confort requis pour consciences élastiques.
Puis fermons les yeux et imaginons un Liban décrété émirat cantonal, beaucoup plus conforme à l'étroitesse de son territoire et la petitesse de ses citoyens. À sa tête, un chef, émir provisoire, élu (eh ! oui) au suffrage universel pour une période donnée non renouvelable. Il ne serait choisi, pour cause de susceptibilités particulières - et seulement si les chrétiens se ressaisissaient côté solidarité - que parmi les candidats de confession chrétienne, quelle que soit leur communauté. Il n'y aurait pas, de plus (retenez votre souffle), de président du Conseil. Le chef de l'État gouvernerait seul, directement, en choisissant ses propres ministres et en révoquant l'un ou l'autre à la première incartade. En revanche, deux tiers de ces derniers seraient musulmans. Le délicat équilibre confessionnel resterait largement assuré grâce à ce biais-là et grâce au fait que la majorité musulmane du pays soit l'atout principal dans toute élection présidentielle. Quant aux députés, une Chambre consultative et législative d'une soixantaine d'unités suffirait, sans compter les énormes économies procurées, de la sorte, à la trésorerie nationale.
Pourtant, de cette pyramide inédite, deux superministères devront émerger, pour leur urgence et auxquels obéiront au doigt et à l'œil tous les autres portefeuilles, ramenés à l'état d'offices gouvernementaux. Leur fonctionnement, en fait, serait plus efficace que les ministères antérieurs.
Je choisis, quant à moi, sans hésitation, ceux de la Culture- Éducation et du Tourisme. Culture-Éducation, pour cause de denrée nous manquant le plus cruellement. Et Tourisme, pour la seule chose authentique qu'il nous soit décemment permis de distribuer : le soleil et la cuisine de notre terroir.
Arrêtons-nous à ce niveau et laissons les constitutionnalistes achever le travail. Car il est évident que l'ébauche ci-dessus n'est qu'une ligne de propension à faire suivre par le découpage administratif des cantons, les tribunaux indépendants et les affaires inhérentes au statut personnel selon l'affiliation confessionnelle.
Nous jouirions en outre d'une monnaie réévaluée de mille fois et de services bancaires revigorés qui sont, au demeurant, les seuls rescapés du désordre ambiant.
La déconfessionnalisation verrait alors lentement le jour sans décrets ni législation. Car il ne s'agit pas, pour la loi, de façonner, de force, les consciences, mais bien plutôt d'entériner les résultats d'une désintoxication opérée dans le silence et la maturation des esprits.
De cette façon, la réalité aura dépassé la fiction. Souvenons-nous que le monde n'a jamais avancé qu'à coups de passion. Et parions en tout cas que si mon rêve était soumis à un référendum populaire, il remporterait la palme haut la main. Encore faudrait-il que notre classe politique acceptât de se soumettre à pareille aventure. La connaissant comme mon gousset, je me demande si le seul moyen ne serait pas... une révolution dans le plein sens du terme.
Pour cela, il faut une explosion. Je l'attends de pied ferme.
La démographie galopante des populations non chrétiennes, qui les entourent géographiquement, n'aura pas dessillé les yeux de ces Libanais chrétiens (voir L'Orient-Le Jour du mardi 27 octobre 2009). Minoritaires, ils persistent à se croire immortels et se gargarisent de leur étiquette alors qu'ils n'en appliquent plus la moindre...

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