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Nos Lecteurs ont la Parole

Histoire vraie

Par Viviane IBRAHIM
On pourrait commencer ce récit par « Il était une fois » et le conte n'aurait perdu aucune de ses caractéristiques... Sauf que cette histoire est vraie ! Ses personnages existent vraiment, elle s'est passée dans un lieu on ne peut plus vrai, et le titre qui lui conviendrait à merveille serait : « J'accuse ! »
Il était une fois un petit garçon de 11 ans. Ce petit garçon va à l'école comme tous les autres enfants, joue et s'amuse. Sa mère remarquant que la nuit, il dormait la bouche ouverte, elle l'amène chez un chirurgien ORL (oto-rhino). Au bout d'une visite, le chirurgien décide que l'enfant doit être opéré d'une petite végétation nasale, intervention presque banale au niveau du nez. Le jour désigné pour l'opération, les parents conduisent leur enfant, non sans lui avoir expliqué qu'il aurait un petit pansement au nez à son réveil et qu'il serait tout à fait rétabli pour la rentrée scolaire 2009-2010.
Tout se passe comme prévu ou... presque. Car à sa sortie du bloc, le petit n'avait pas de pansement au nez ! La raison ? Elle est toute simple : il a subi une ablation des amygdales. Oui, cet enfant, qui n'a jamais souffert d'angine ou de quelque problème de gorge que ce soit, a subi une ablation des amygdales. Horreur ou scandale ? Les deux ! Justification du chirurgien : « Pas grave ! De toute façon, les amygdales n'ont pas de fonction importante dans le corps ! » Réponse assez convaincante, il faut bien l'avouer.
Et la conclusion à toute cette histoire ? Le petit se rétablit difficilement d'une opération de laquelle il n'avait pas besoin ; il se réveille la nuit, souffrant de la gorge.
Sur le même plan, alors que toutes les familles prennent autant que possible les mesures nécessaires contre la pandémie de grippe porcine, ce petit est devenu aujourd'hui une proie facile à toute sorte de grippe. Sa rentrée scolaire est ratée et toute la famille vit encore le choc de ce qui s'est passé, mis à part le traumatisme psychique vécu par le petit.
Évidemment, une histoire comme celle-ci doit se terminer devant les tribunaux, au moins pour que d'autres n'en soient pas d'éventuelles victimes. Mais le mal est fait, alors le revivre au tribunal reste assez difficile. C'est pourquoi j'écris, moi la maman de ce petit garçon, j'écris et je crie : j'accuse !
J'accuse le chirurgien d'abord : n'a-t-il pas au moins reconnu son patient ?
J'accuse l'hôpital : quel système régit le bloc opératoire et comment y planifie-t-on les opérations ?
J'accuse tout le service médical présent lors de cette intervention : n'a-t-on pas noté quelque part qu'un enfant allait être opéré du nez, non de la gorge ? N'est-il pas mentionné dans la check-list « sécurité du patient au bloc opératoire » dans la rubrique « Avant induction anesthésique », article 2, que « l'intervention et le site opératoire sont confirmés idéalement par le patient et dans tous les cas, à travers le dossier ou toute autre procédure en vigueur dans l'établissement » ?
J'accuse tous ceux qui ont participé de près ou de loin à ce massacre.
J'accuse enfin la négligence à tous les niveaux qui fait chaque jour des victimes innocentes.
J'accuse et je demande à l'organisme concerné : pourquoi, le jour de l'opération, n'y aurait-il pas une vérification toute simple ? Un des membres du bloc présents à l'intérieur pourrait sortir et faire la vérification avec les parents ou la famille du nom de l'opéré et de toutes les informations nécessaires. Ce côté participatif de la famille du patient dans l'administration des actes médicaux, comme par exemple s'assurer de la famille, de l'acte chirurgical à effectuer, éviterait sûrement beaucoup d'incidents malheureusement très fréquents. À toi, mon fils, je dis : excuse-moi de ne pas avoir appris la leçon que Molière nous a donnée il y a trois siècles dans son Malade imaginaire : pour se soigner, le mieux c'est de se faire soi-même médecin.
Ceci est une histoire tout à fait vraie, seuls les noms n'y figurent pas parce que ça pourrait être le nom de chacun de nous !
On pourrait commencer ce récit par « Il était une fois » et le conte n'aurait perdu aucune de ses caractéristiques... Sauf que cette histoire est vraie ! Ses personnages existent vraiment, elle s'est passée dans un lieu on ne peut plus vrai, et le titre qui lui conviendrait à merveille serait :...

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