Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Sur un air de « hezzi, hezzi »

Louis INGEA
Oh ! Je sais. On me dira illico : « Tu es trop injuste, tu oublies les festivals de l'été, celui de Baalbeck et de Beiteddine. » (Voir L'Orient-Le Jour du mercredi 30 septembre 2009).
Non ! Je ne les oublie pas. Sauf qu'ils sont réservés exclusivement à une belle poignée de privilégiés et de touristes en vadrouille. Alors qu'il y a aussi des localités innombrables qui ne se réveillent, elles, que pour un folklore occasionnel ou une foire de « mouneh », pour terminer, en fin de soirée, par un « hezzi, hezzi » bien arrosé. D'ailleurs, au Liban, tout tourne dorénavant au « hezzi, hezzi » en fin de parcours : la musique et la danse dans les boîtes de nuit qui sautent du rap au déhanchement à l'orientale, le sport qui se gangrène suite aux émulations entre groupes communautaires rivaux, la vie sociale qui font à vue d'œil autour de « mezzés » voluptueux, les réceptions de mariage qui profanent à leur tour les couvents du Mont-Liban pendant que leur cours dallées et illuminées agonisent en beauté sous les trépignements de coquettes paysannes en mousseline et de jeunes coqs aux accents faussement virils. Jusqu'aux jeux de nos politiciens locaux qui, non contents de nous avoir épuisés à force de grincer des dents, nous font danser à présent la farandole infernale des gouvernements introuvables, le « hezzi, hezzi » des fins de règne. Tout ce qu'il faut, en un mot, pour qu'un empire s'écroule.
« C'est la faute aux Italiens », pourrait encore me rétorquer le plaisantin. Pas seulement les Italiens, ajouterais-je en moi-même, mais hélas, tout le monde occidental, depuis l'Oural jusqu'aux confins de la Californie. Un monde étouffé, étranglé par sa réussite technique et économique : un cancer implacable et inguérissable d'une modernité dépouillée de toute spiritualité. Nous en sommes arrivés, apparemment, à la déliquescence générale sur la planète : la banquise qui craque, l'atmosphère qui se désagrège, le climat qui ne suit plus, les valeurs éthiques dont la plupart se moquent, le fanatisme qui rampe, le terrorisme qui ronge, les appétits dans tous les domaines qui bousculent, qui bloquent et réduisent à néant tout ce que le sentiment humain a pu construire durant des siècles d'évolution de la matière et de la conscience.
L'Empire romain avait disparu par la faute de trop de puissance, de trop de confort, de trop de prospérité. L'empire du monde, en ce moment, est en train de s'effriter pour exactement les mêmes raisons.
Ne pleurons donc pas sur Jérusalem ! Pleurons plutôt sur nous-mêmes et sur nos enfants, selon les mots de l'Écriture. Le cosmos, lui, ne s'arrêtera pas de tourner. Il y aura bientôt un autre monde qui renaîtra et que l'humanité devra bien reconstituer. Le temps ne compte pas devant la perspective de l'éternité.
Et puisque les choses vont continuer à avancer dans la même direction, malgré la logique, malgré le cœur, malgré la foi, mieux vaudra ne pas regretter ce naufrage universel, détecté, mais accepté, par nos consciences malades.
Que mes amis lecteurs veuillent bien excuser le pessimisme de ces lignes. Cela n'était point dans mes habitudes. Mais nos responsables, toutes tendances confondues, ont tant fait que toute amélioration nous paraît aujourd'hui irréalisable. C'est une question d'éducation et de culture, un quelque chose qui leur fait cruellement défaut et dont nous subissons les conséquences, nous les derniers de Mohicans.
Une question demeurera ouverte, cependant. Qui sait si, sous le soleil, le véritable réveil de la vérité verra jamais le jour ? Nous disparaîtrons. Mais la pensée restera. « Toute chose passera, mais Mes Paroles ne passeront pas», avait prophétisé le messager qui avait vu de face cette vérité toute nue, Jésus de Nazareth !

Louis INGEA
Oh ! Je sais. On me dira illico : « Tu es trop injuste, tu oublies les festivals de l'été, celui de Baalbeck et de Beiteddine. » (Voir L'Orient-Le Jour du mercredi 30 septembre 2009).Non ! Je ne les oublie pas. Sauf qu'ils sont réservés exclusivement à une belle poignée de privilégiés et de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut