Rechercher
Rechercher

Liban - Le commentaire

Doutes persistants sur les intentions syriennes

La visite inopinée de Bachar el-Assad à Abdallah d'Arabie a levé au Liban un vent automnal d'espoir. On sait en effet que, comme le souligne depuis longtemps Nabih Berry, le tableau politique local dépend beaucoup des relations entre Damas et Riyad. Comme ces deux capitales semblent se rapprocher de nouveau, l'heure est donc à l'optimisme pour ce qui est de la formation du nouveau gouvernement libanais. Mais chat échaudé craint l'eau froide. Et pour sa part, un ancien ministre, qui a beaucoup fréquenté les Syriens, continue à douter fortement de leurs intentions. Il souligne qu'ils sont passés maîtres dans l'art combiné des fausses promesses, des contre-vérités, des engagements équivoques, des louvoiements, des atermoiements, des dérobades et du gain de temps.
Une tactique usuelle, dans le cadre d'une stratégie mercantile. Dans ce sens, poursuit l'ancien ministre, que les Syriens savent depuis longtemps comment obtenir des cartes sur le marché du gros, d'attaque ou de défense, pour les monnayer au détail. Leur action obéit à la formule numéro un de tout bazar oriental : réclame et prends, prends et réclame. Et si tu es obligé de donner, cela ne doit jamais être sans contrepartie.
On en a vu l'illustration tout récemment. Contraints d'accepter une désignation de Saad Hariri contre laquelle ils ne pouvaient rien, ils ont fait mine de la soutenir. Mais sous la stricte condition qu'il mettrait sur pied un cabinet de coalition, incluant donc leurs bons amis du cru. Et là, ils y pouvaient quelque chose, puisque sans le tandem Amal-Hezbollah, il n'y aurait pas de représentation chiite, donc pas de gouvernement. Indépendamment de cet élément, la majorité, ou du moins Hariri, convient de la nécessité d'un cabinet d'union, en raison de la gravité de la situation régionale, ainsi que pour apaiser les dangereuses tensions intérieures.
Ce volet même ne pouvant plus être exploité, les prosyriens téléguidés se rabattent sur des sujets conflictuels prosaïques pour alimenter la crise. On les voit dès lors multiplier les exigences relatives aux quotas du copartage, à la composition ministérielle nominale et à la répartition des portefeuilles. Ils prétendent avoir le droit de désigner eux-mêmes les ministres devant représenter leurs formations. Mais, comble du culot, ils avancent en même temps des objections quant à certains postulants présentés par le camp d'en face ! Il est donc rapidement apparu que l'accord sur l'équation 15-10-5 ne tient pas la route et n'est pas suffisant.
Bien évidemment, derrière ces entraves délibérées, l'ancien ministre voit, comme tant d'autres, la main couplée de la Syrie et de l'Iran, patrons du jeu du côté de l'opposition libanaise. Damas et Téhéran, ajoute-t-il, ont certes des objectifs et des cibles distincts, mais leurs intérêts se rejoignent et se conjuguent. C'est sans doute sur leurs conseils pressants que les composantes du 8 Mars placées sous leur obédience directe envoient en première ligne Michel Aoun et ses troupes pour exiger la reconduction de Gebran Bassil aux Télécoms. Une condition irrecevable pour le 14 Mars, car l'intéressé a échoué aux législatives, ainsi que dans la gestion de son département, selon les loyalistes. Le coopter au gouvernement, précisent-ils, serait faire affront à la volonté de l'électorat comme aux gagnants, ces deux piliers de la révolution du Cèdre que sont Boutros Harb et Antoine Zahra. Sans compter que les Télécoms sont un instrument premier de la surveillance, pour ne pas dire de l'espionnage, politique et du terrain sécuritaire. Ce ministère peut dès lors se trouver classé dans la catégorie de la sûreté nationale qui englobe l'Intérieur, la Défense et la Justice. Il serait donc pertinent de le confier à une personnalité non partisane, désignée par le garant de la paix civile, le président Michel Sleiman. Mais quel prix Damas réclamerait-il pour y consentir ? Là est toute la question.
La visite inopinée de Bachar el-Assad à Abdallah d'Arabie a levé au Liban un vent automnal d'espoir. On sait en effet que, comme le souligne depuis longtemps Nabih Berry, le tableau politique local dépend beaucoup des relations entre Damas et Riyad. Comme ces deux capitales semblent se rapprocher de nouveau, l'heure est donc à l'optimisme pour ce qui est de la...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut