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Nos Lecteurs ont la Parole

Ceci n’est pas…

Par Hala MOUBARAK
Ma lettre ouverte...
Mais mes poings sont levés à la face de ce monde politique.
Ceci n'est pas une pipe. Et ceci n'est pas une surprise.
On s'y attendait... Même si tous les journaux affichent leur surprise ce matin en gros, en gras et en première page, pour nous, ceci n'est pas une surprise.
Nous, Libanais, avec un peu de matière grise. Non messieurs, du tout.
Et là, je parle du fait d'être surpris, venant du verbe surprendre. Parce qu'il reste quand même un peu de matière à gratter de temps en temps, pour interrompre l'effet placebo apathique activé depuis des années et des générations.
Je n'ai pas une tête à surprises ce matin, et je ne suis pas ébahie face aux situations qui se profilent à l'horizon.
Et l'on se retrouve en plein dilemme, entre brin d'intelligence et stupidité héréditaire. Que l'on nous prenne pour des idiots ahuris finis passe encore, mais qu'on nous dise que nous sommes surpris.... Ah, ça non, messieurs. Pas du tout.
Ceci est du pipeau.
Du vrai, du réel, du cruel. Comme tout ce paysage politique qui écrase nos rêves et nos ambitions, jour après jour.
C'est se retrouver face à des barrages, de sièges qui s'étalent sous nos yeux. Des disputes incompréhensibles, et des arbres généalogiques qui doivent en choquer plus d'un.
C'est l'homme et son absurdité. Ionesco et ses « chaises ». Encore plus surréaliste que Magritte en personne.
Nous sommes tels ces vieux qui disparaissent petit à petit au milieu de la scène, une scène qui ne nous appartient pas, qui ne nous a jamais appartenu.
Nous perdons ce qui reste en nous de dignité, au nom de je ne sais quelle religion, de je ne sais quel Dieu et quelle croyance.
Nous délaissons l'humain pour nous consacrer au siège et au Saint sacrement choisi.
Sacrée politique ! Et peuple sacré, au milieu d'une scène qui ne surprend pas.
Où le roi qui ne se meurt pas du tout, sur son trône, ne présage rien de bon.
Et l'on nous efface....
Mais qu'est-ce qu'un pays sans un peuple ? Qu'est-ce qu'une nation sans des voix qui s'élèvent haut et fort quand il le faut ? Qu'est-ce qu'une terre qui avorte ses révolutions et ses métaphores ?
Tout cela, pour être surpris. Et se condamner à un avenir incertain.
Je crie.
J'écris.
Non.
Franchement, tout simplement, et en gros, en large, en italique en tout ce que vous vous voulez, c'est non. Et c'est catégorique.
Je ne veux ni surprises ni soleils. Et je ne veux plus de mensonges. Je désire vivre dans ce pays que j'aime et que je hais pleinement et ouvertement. Ne plus penser aux bagages tant et tant de fois pliés, dépliés et repliés. Ni aux guerres qui refont surface aujourd'hui.
« Ça n'a jamais existé, Paris, mon petit. » (Ionesco, Les chaises)
À cela, que pouvons-nous ajouter ?
Nous existons.
Nous sommes bien là.
Nous nous réveillons tous les matins, pour aller au boulot, se taper des embouteillages matin, midi et soir. Et que vous le vouliez ou pas, messieurs, malgré tous les efforts que vous fournissez pour nous écraser, nous existons.
Nous désirons vivre, respirer, grandir, enfanter et rêver. Surtout ça, oui. Catégorique.
Rêver !
Aux rythmes d'une comédie musicale de première classe, une nation s'effondre, et le monde est sourd.
Une jeunesse prend peur et s'enfuit.
Une vieillesse voit ressurgir un passé qui se redessine pour la millième fois.
Debout sur une chaise. Avec mon chapeau, ma pipe, ma pomme.
Surréaliste !
Mes poings levés à la face du soleil.
Pleine de rage,
Je vous salue.
Ma lettre ouverte...Mais mes poings sont levés à la face de ce monde politique. Ceci n'est pas une pipe. Et ceci n'est pas une surprise.On s'y attendait... Même si tous les journaux affichent leur surprise ce matin en gros, en gras et en première page, pour nous, ceci n'est pas une surprise.Nous, Libanais, avec un peu de matière grise. Non messieurs,...

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