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Économie - Liban - Société

Code 01.06 : explosion du marché des animaux de compagnie

Le marché spécialisé de l'animalier bénéficie au Liban d'une croissance sans précédent. Causes et effets du boom de ce secteur.
L'observateur averti aura déjà constaté au Liban un phénomène gagnant graduellement en amplitude, dans les grandes villes en particulier : cliniques spécialisées, salons de toilettage, rayons en grandes surfaces... et surtout, un défilé ininterrompu de femmes de ménages résignées dans certaines artères huppées de la capitale. Le marché des animaux de compagnie est en pleine explosion au Liban.
Les chiffres figurant sur le site officiel des douanes parlent pour eux-mêmes. Entre 2005 et 2009, plus de 5 000 mammifères labellisés code « 01.06.19 » ont été importés au Liban par voie aérienne, ainsi que 27 000 oiseaux de l'ordre des psittacidés (code « 01.06.32 »), c'est-à-dire appartenant à la famille des perroquets, cacatoès, perruches. Précisons que le code « 01.06.19 » concerne les chiens, chats, rongeurs, etc. Les espèces n'étant pas détaillées, il est donc impossible d'obtenir un chiffre précis pour chacune des espèces précitées.
La valeur totale de l'ensemble des animaux hors bétail ayant transité par l'aéroport de Beyrouth au cours des six premiers mois de 2009 se chiffre à 575 millions de livres, ce qui représente un boom des importations par rapport aux années précédentes.
Les destinations de provenance des animaux de compagnie sont variées. La République tchèque est le principal exportateur avec 57 % de la totalité des arrivages codés « 01.06.19 » au cours du premier semestre de 2009. L'Égypte et le Mali sont les principaux exportateurs africains, avec 31 % et 6 % respectivement pour la même période. L'Australie, quant à elle, compte pour 7 %, toujours au cours du premier semestre 2009.

« Une croissance anarchique »
Notons que la part des reptiles dans les importations par voie aérienne est négligeable, et pour cause : un employé du secteur animalier, sous le couvert de l'anonymat, a confié à L'Orient-Le Jour que les espèces rares de serpents et tortues sont interdites de vente... et donc importées illégalement par voie terrestre.
En principe, un chien importé au Liban par avion passe obligatoirement quelques jours en quarantaine dans une zone spécifique de l'aéroport et subit un examen vétérinaire. En pratique, un éleveur particulier basé dans le Chouf assure pouvoir nous obtenir un animal passé sous commande... en moins de vingt-quatre heures.
Alors, comment être sûr de la traçabilité et de l'origine de son animal de compagnie ? Mme Hélène Malek, présidente du Kennel Club Lebanon, soupire : « Quasiment, tous les élevages canins au Liban sont illégaux. Ils ne sont pas enregistrés ou répertoriés, et ne se soucient pas de la lignée (souvent douteuse) de leurs animaux. Souvent, les chiens sont importés de Russie ou d'Ukraine, les papiers sont falsifiés ou inexistants, c'est une croissance anarchique. »
Mme Diana Mallat, propriétaire du Shepherd's Land, seul élevage canin local répertorié par le Kennel Club mondial, confirme l'absence de tout contrôle concernant ces élevages, souvent effectués dans des conditions amatrices. D'après elle : « Monsieur Tout-le-Monde s'établit éleveur du jour au lendemain et croise ses chiens ou chats à des rythmes infernaux pour un maximum de rentabilité. »

Un marché juteux
Il est clair que le marché animalier est rentable. Les journaux regorgent de petites annonces proposant toutes sortes d'espèces d'animaux de compagnie ou de NAC (acronyme pour les nouveaux animaux de compagnie, moins conventionnels : reptiles, furets, insectes...). Les prix oscillent entre 100 dollars pour un chaton siamois et 1 500 dollars pour un serpent des blés de type « constrictor ». Un ara macaw - perroquet multicolore en provenance d'Amérique latine - vaut un bon millier de dollars sous le manteau ; un chien au pedigree irréprochable peut en valoir plusieurs, sans compter les prix offerts dans les expositions canines ou « Dog Shows » pouvant aller jusqu'à un millier de dollars, d'après Mme Malek du Kennel Club Lebanon.
Néanmoins, l'importation et la vente d'animaux ne sont pas les seuls secteurs en pleine expansion. En effet, les rayons spécialisés, les boutiques d'accessoires, les cliniques vétérinaires et les toiletteurs se multiplient proportionnellement au nombre de nouveaux clients et profitent de la tendance actuelle. Au terme d'une tournée dans différents magasins d'animaux de compagnie, L'Orient-Le Jour a pu constater que le moindre jouet pour chien en grande surface coûte une dizaine de dollars au minimum ; une cage pour chats en vaut 160 dans une grande enseigne spécialisée de la capitale. Une séance chez le toiletteur peut coûter très cher selon la taille du « client » et une consultation chez le vétérinaire peut facilement dépasser la centaine de dollars, car les médicaments pour animaux sont souvent coûteux.
Si nous prenons en considération le prix de la nourriture, des harnais et laisses pour chiens, roues pour hamsters, paniers pour chats, vivariums pour pythons molures (700 dollars), thermostats, filtres à aquarium et viande rouge pour crocodiles, le marché de l'animalier encore un bel avenir devant lui.
L'observateur averti aura déjà constaté au Liban un phénomène gagnant graduellement en amplitude, dans les grandes villes en particulier : cliniques spécialisées, salons de toilettage, rayons en grandes surfaces... et surtout, un défilé ininterrompu de femmes de ménages résignées dans certaines artères...
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