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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

Incapacités et désignations

Il n'est pas humainement possible d'intégrer le fait que tous les efforts fournis par Saad Hariri durant les 73 jours de sa première désignation étaient perdus d'avance, simplement mort-nés car condamnés par une conjoncture régionale peu favorable à la naissance d'un gouvernement au Liban. Il est tout aussi impossible pour les citoyens de s'imaginer aujourd'hui, et alors que les députés qu'ils ont eux-mêmes élus en juin 2009 arpentent les couloirs du palais présidentiel, que ces deux journées de consultations prévues par la Constitution seront tout aussi inutiles et vaines que les précédentes.
Certes, certains députés tant de la majorité que de l'opposition appellent de manière timide à la libanisation de l'échéance gouvernementale. En verbalisant ce que pense probablement tout bas la majorité silencieuse des Libanais, il y a comme un maigre espoir de conjurer le sort, comme une volonté de croire que le statu quo qui prévaut aujourd'hui peut réellement être brisé par une décision interne, proprement interne.
Mais ces déclarations éparses et désorganisées restent marginales et ne s'attirent de manière générale que le mépris mal réprimé des ténors de la politique interne. Tant et si bien qu'il est désormais légitime de s'interroger sur le dessein réel des responsables politiques locaux. Est-il logiquement possible qu'ils aient décidé de se faire le porte-drapeau de leur propre échec, de leur propre désaveu ? Est-il véritablement impossible de séparer le volet local - et qui consiste le plus simplement du monde à mettre sur pied un gouvernement d'union nationale - d'une crise régionale que les pays arabes, secondés par les Libanais eux-mêmes, tentent absolument d'implanter au Liban ?
Les citoyens qui se sont déplacés en juin dernier pour faire connaître leur opinion, pour octroyer leur confiance à des responsables politiques qui avaient promis, invariablement, de ne plus les décevoir, ne peuvent pas adhérer à ce scénario d'incapacité politique, scénario d'une immaturité politique édifiante.
Paradoxalement, c'est ce climat morose qui est aujourd'hui de nature à permettre au président de la République de sortir son épingle du jeu et de jouer le rôle véritable qui est le sien, en l'occurrence celui d'arbitre impartial, qui se place au-dessus de l'ensemble des parties politiques. En signant le décret de formation du gouvernement, ou en refusant de le faire, comme cela a été le cas il y a de cela quelques jours seulement, seul le président de la République bénéficie d'une marge de manœuvre suffisante qui lui permet de prendre la décision adéquate au moment adéquat, à l'heure où la présidence du Conseil est plus exposée que jamais aux attaques de ses opposants politiques. Or, s'il devait y avoir une différence entre la première désignation de Saad Hariri et l'actuelle deuxième, cette différence se situerait surtout au niveau du rôle que décidera de jouer, ou pas, le président de la République, pour sortir le pays de l'impasse. Ou le laisser couler dans les méandres des complications régionales.
Certes, certains députés tant de la majorité que de l'opposition appellent de manière timide à la libanisation de l'échéance gouvernementale. En verbalisant ce que pense probablement tout bas la majorité silencieuse des Libanais, il y a comme un maigre espoir de conjurer le sort, comme une volonté de croire que le statu quo qui...