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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

Contacts tous azimuts pour colmater les brèches et dissuader Hariri de démissionner

Saad Hariri démissionnera-t-il ou persistera-t-il dans ses tentatives de former le cabinet ? Et s'il vient à démissionner, acceptera-t-il d'être de nouveau plébiscité par la majorité pour assurer la naissance du gouvernement, ou bien tirera-t-il totalement sa révérence pour l'instant ?
Et s'il est de nouveau désigné, se sentira-t-il tenu de reprendre ses concertations avec l'opposition en vertu de la formule de 10-5-15, qui était satisfaisante pour le 8 Mars, ou bien ira-t-il à la recherche d'une nouvelle équation, comprenant cette fois des pôles politiques ou des technocrates ?
Toutes ces questions sont pour l'instant sans réponses catégoriques. Même les principaux concernés semblaient encore incertains hier quant à la stratégie à suivre. Ainsi, des informations particulièrement alarmistes ont circulé dans la journée concernant une démission, dans les heures qui viennent, du Premier ministre désigné, incapable d'aller de l'avant face au blocage de l'opposition. Le secrétariat général du 14 Mars (dont le parti Kataëb a fort heureusement réintégré les rangs hier après un long mois d'absence) n'a pas publié de communiqué hebdomadaire en raison de l'incertitude de la situation, préférant se rendre en signe de soutien chez le Premier ministre désigné et écouter son point de vue. Cependant, en soirée, et en raison de l'insistance du président de la République, Michel Sleiman, du président de la Chambre, Nabih Berry, et du chef du Rassemblement démocratique, Walid Joumblatt - les trois hommes qui mènent une médiation pour tenter de sortir le pays de l'impasse politique et d'éviter la déflagration sécuritaire qui pourrait s'ensuivre -, Saad Hariri semblait avoir repris du poil de la bête, affirmant qu'« il ne cédera pas » et adressant un message cinglant au sujet de l'exigence de la vérité et de la justice et du Tribunal spécial pour le Liban. Et ce malgré la poursuite, particulièrement révélatrice, de la campagne menée par la presse officielle syrienne, notamment al-Watan. Le quotidien syrien s'est en effet permis, non sans toupet, de donner ses propres interprétations constitutionnelles de la démarche de Saad Hariri, dans une ingérence flagrante dans les affaires internes libanaises.
Sur le terrain, les concertations se sont poursuivies durant toute la journée. Dans la matinée, la délégation de l'opposition, formée de MM. Hussein Khalil (Hezbollah), Ali Hassan Khalil (Amal) et Gebran Bassil (CPL), s'est rendue chez le président Sleiman à Beiteddine pour lui faire part, selon des sources bien informées, de leur volonté d'obtenir quatre modifications majeures au niveau de la composition du gouvernement : l'intégration de Gebran Bassil à l'équipe ministérielle et l'octroi au 8 Mars du ministère stratégique des Télécoms (qui avait été attribué au PSP dans le projet Hariri). L'opposition aurait également demandé de donner son accord sur la répartition des portefeuilles et de choisir elle-même les noms de ses ministres. Elle aurait par ailleurs accepté de se départir des Travaux publics en échange des Télécoms, tout en affirmant vouloir, pour le CPL, les ministères de l'Éducation et de l'Énergie, ainsi que le remplacement du député Yassine Jaber par le frère du président de la Chambre, Nabih Berry, aux Affaires étrangères.
De son côté, des sources proches du Premier ministre désigné ont laissé entendre hier que ce dernier n'accepterait qu'un remodelage mineur de la composition ministérielle qu'il avait lui-même mis au point. Saad Hariri aurait également fait part d'un refus net et catégorique d'une intégration des candidats malheureux aux dernières législatives, dont Gebran Bassil, au gouvernement, tout comme il aurait refusé de se départir du ministère des Télécoms. En soirée, des sources proches du PSP ont affirmé qu'une solution pour débloquer la situation avait été proposée aux deux camps, sans savoir comment elle sera accueillie : il s'agirait d'attribuer le portefeuille des Télécoms au président de la République et d'accepter l'intégration du gendre du général Aoun comme ministre d'État.
Au terme de contacts menés par MM. Michel Sleiman, Nabih Berry et Walid Joumblatt - qui ont appelé chacun séparément hier à une décrispation nécessaire et salutaire - pour réchauffer le climat entre le 14 Mars et le 8 Mars, une délégation de l'opposition formée de MM. Hussein Khalil et Ali Hassan Khalil a accepté de se rendre en soirée chez Saad Hariri (Gebran Bassil ayant quant à lui refusé de se joindre à la délégation), avant de se rendre tard en soirée, et jusqu'aux premières heures de l'aube, chez Nabih Berry.
C'est à la lumière de cette réunion nocturne, dont rien n'a filtré hier soir, et des propositions concrètes qui en émaneront que Saad Hariri devrait se rendre aujourd'hui ou demain à Beiteddine, soit pour proposer une nouvelle initiative, soit pour claquer la porte, quand bien même le chef de l'État, Nabih Berry et Walid Joumblatt ont tenté de faire un forcing hier pour le convaincre de ne pas jeter l'éponge.
Et s'il est de nouveau désigné, se sentira-t-il tenu de reprendre ses concertations avec l'opposition en vertu de la formule de 10-5-15, qui était satisfaisante pour le 8 Mars, ou bien ira-t-il à la recherche d'une nouvelle équation, comprenant cette fois des pôles politiques ou des technocrates ?Toutes ces questions sont pour l'instant...