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Économie - Liban - Scandale

Affaire Ezzeddine : chez les victimes, la loi du silence

Par discrétion, par loyauté envers Salah Ezzeddine, par crainte de franchir d'invisibles lignes rouges politiques, les habitants des villages touchés par la faillite de l'homme d'affaires proche du Hezbollah taisent leur colère et leur déception.
Maaroub est un petit village montagneux situé sur les hauteurs de Tyr. Rien ne le distingue des autres villages : une rue principale, un boucher, un garagiste, des épiceries. Néanmoins, Maaroub est l'épicentre d'un séisme à l'échelle de tout le Liban-Sud, et pour cause : c'est le village natal de l'homme d'affaires Salah Ezzeddine, le « Madoff » libanais.
À l'évocation de son nom, les visages se ferment et les rires deviennent contraints. Les habitants de Maaroub interrogés par L'Orient-Le Jour affirment, parfois sèchement, que tout va bien en dépit de la perte colossale subie par Ezzeddine et l'ensemble de ses clients. « Le village de Maaroub n'a pas du tout été affecté par les problèmes financiers de Salah Ezzeddine. » « Nous ne savons rien. » Les réponses sont quasiment identiques. Une personne ajoute : « M. Ezzeddine est un homme bon. Il a organisé quantité de galas de charité et a toujours aidé les nécessiteux. »
Il est évident que les habitants de Maaroub sont restés fidèles à l'homme qui aurait fait perdre des centaines de millions de dollars à certains de ses riches clients. Loyauté ou peur ? Le nom n'est jamais prononcé, mais la possible, éventuelle, potentielle implication de certains hauts responsables du Hezbollah dans l'affaire Ezzeddine suffit à rendre les gens muets. Subitement, personne ne se rappelle à quelle heure le mokhtar se rendra à son bureau. Personne n'a envie de commenter le fait que d'autres villages aient été touchés de plein fouet par la débâcle de Salah Ezzeddine. Par contre, les habitants de Yaroun, riche village (d'expatriés) situé dans le caza de Bint-Jbeil, sont plus ouvertement critiques envers l'homme d'affaires.
En effet, Yaroun serait l'un des villages les plus touchés par la faillite de Ezzeddine, car presque la moitié de ses habitants, d'après certaines sources, aurait confié de l'argent à l'homme d'affaires, en vue de le faire fructifier. Le montant des pertes serait estimé aujourd'hui à 150, voire 200 millions de dollars. Certains habitants de Yaroun, interrogés par L'Orient-Le Jour, n'hésitent pas à dire que presque tout le village a eu recours, à un moment ou un autre, aux services M. Ezzeddine.
« Pourquoi pas ? Le taux d'intérêt était attractif, mon neveu avait besoin d'argent pour faire construire une maison et s'établir », déclare un vieil homme en souriant. Il ajoute néanmoins que la grande majorité des clients du businessman faisaient partie de l'élite des nantis du village. Les moins privilégiés n'ont donc pas souffert. « Cette société fantôme opère depuis 7 ou 8 ans, ce n'était que du vent. De toute façon, ce sont les riches d'Afrique (sic) qui y ont perdu des plumes », déclare un autre habitant de Yaroun. Les gens haussent les épaules en souriant. Ils n'en diront pas plus. Le moukhtar de Yaroun affirme en personne qu'il est « très malade », trop fatigué pour être interrogé. Youssef Faour, l'un des principaux intermédiaires de Salah Ezzeddine au Liban-Sud, n'est pas disponible non plus. « Le hajj n'est pas là », a déclaré poliment mais fermement la secrétaire de son entreprise à Qasmiyé, sans donner plus de détails. De source autorisée, on indique qu'il a été placé en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur la faillite de son patron, vu que lui aussi aurait également collecté des fonds auprès des habitants du Sud.

Maaroub est un petit village montagneux situé sur les hauteurs de Tyr. Rien ne le distingue des autres villages : une rue principale, un boucher, un garagiste, des épiceries. Néanmoins, Maaroub est l'épicentre d'un séisme à l'échelle de tout le Liban-Sud, et pour cause : c'est le village natal de l'homme d'affaires Salah Ezzeddine, le...
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