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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

Nasrallah : L’opposition est solidaire face à la « mesure inappropriée »

Le secrétaire général du Hezbollah a choisi l'iftar annuel des associations féminines du parti pour se prononcer sur la situation gouvernementale, annonçant que l'opposition est solidaire et qualifiant la démarche de Saad Hariri de « mesure inappropriée ».
Des femmes à perte de vue. 4 000 selon les organisatrices, placées dans un immense sous-sol décoré pour la circonstance. Mais la grande nouveauté, c'est que cette fois l'iftar des organisations féminines du Hezbollah regroupe des dames voilées et d'autres pas, avec même quelques timides décolletés. Le monde change, le Hezbollah aussi, tout en restant fidèle à ses principes et à sa ligne de conduite. Après le discours d'Oum Mahdi, présidente du Comité de soutien à la Résistance, c'est le secrétaire général du Hezbollah qui apparaît sur les écrans géants, placés sur des murs recouverts de bleu pour représenter le ciel et une petite lune à portée de main. Calme et souriant, Hassan Nasrallah s'adresse aux « sœurs » en multipliant les plaisanteries et les sourires. Le ton est presque badin, le contenu beaucoup moins. Deux grands thèmes articulent son discours : la Résistance et la situation interne. Mais il commence par remercier les dames de leur présence et leur soutien permanent, notamment l'ancienne Première dame Andrée Lahoud.
Le secrétaire général du Hezbollah entame son discours par un développement général qui consiste à dire que pour réussir, un individu, un groupe ou une nation doivent connaître avec réalisme leurs points forts et leurs points faibles. Ils doivent protéger les premiers et chercher à dépasser les seconds, mais le plus important est d'être réaliste et de ne pas se nourrir d'illusions sur sa force ou sa faiblesse. D'après lui, le slogan qui a fait fureur pendant des années, selon lequel la force du Liban réside dans sa faiblesse, est un non-sens et c'est ce slogan qui a permis aux Israéliens de considérer pendant des années que tout leur est permis dans notre pays. Selon lui, les années et les crises passées ont montré que le Liban ne pouvait compter que sur lui-même et que ni la Ligue arabe ni l'ONU n'ont rien pu faire pour l'aider face aux agressions israéliennes. Il a ainsi rappelé que ce n'est ni l'ONU ni la communauté internationale qui ont arrêté la guerre de juillet 2006, mais bien la Résistance libanaise et la prise de conscience par les Israéliens que la poursuite des combats ne pouvait qu'entraîner une catastrophe pour eux.
Nasrallah a insisté sur le fait que la communauté internationale et tous les pays du monde n'agissent que selon leurs intérêts et leur intérêt pour le Liban est justement dû à sa proximité géographique avec Israël et à la présence du Hezbollah dont les armes dérangent les Israéliens. Il a raconté à ce sujet un entretien avec le Premier ministre assassiné Rafic Hariri au cours duquel ce dernier lui a affirmé qu'il connaissait parfaitement la valeur des armes du Hezbollah et il avait ajouté : « Même si tous les Libanais le demandaient, je refuserais de désarmer le parti. » Nasrallah a encore lancé en guise de boutade : « Nos armes sont précieuses. Si vous voulez les vendre, que ce soit à un prix élevé. »
Abordant la situation interne, le secrétaire général du Hezbollah a affirmé que ceux qui croient que l'opposition est un groupe totalitaire et qu'une partie peut y imposer sa volonté aux autres n'ont aucune connaissance réelle de ce qu'elle est. Il a aussi précisé que lors des entretiens avec le Premier ministre désigné, il avait été convenu, après l'adoption de la formule 15-10-5, que chaque parti désignerait ses ministres. Il a ajouté qu'il y a eu de nombreuses erreurs qui constituent le summum de l'ignorance ou de la mauvaise foi : d'abord le fait de prétendre que c'est le général Aoun qui entrave la formation du gouvernement. Ensuite d'affirmer qu'il est un instrument entre les mains du Hezbollah. Les deux affirmations sont fausses, d'après Hassan Nasrallah, et poussent ceux qui y croient à aboutir à de mauvaises conclusions.
Nasrallah a encore demandé selon quel principe ou quel texte de loi il est interdit de nommer comme ministres des personnes ayant échoué aux élections législatives. Pourquoi ne pas dire que ceux qui refusent de nommer des candidats ayant échoué aux élections entravent la formation du gouvernement, s'est-il demandé ? Surtout dans des élections où beaucoup d'argent a été dépensé pour l'achat des voix, explique-t-il.
Nasrallah a encore affirmé que l'opposition restera unie et solidaire, notamment dans l'attitude qu'elle adoptera face à la « mesure inappropriée » du Premier ministre désigné. Il a ajouté que le Hezbollah a intérêt à ce qu'un gouvernement d'union soit formé au plus tôt et ceux qui disent le contraire se trompent totalement. Il a affirmé que le Hezbollah ne craint pas une guerre israélienne dans un proche avenir ni la parution de l'acte d'accusation du TSL, car il n'a absolument rien à y voir. Enfin, il a précisé que depuis le début des négociations pour la formation du gouvernement, la majorité n'a fait aucune concession, au contraire de l'opposition qui a cédé sur de nombreuses revendications. « Si on veut être juste, a-t-il déclaré, on peut dire qu'il y a un conflit sur les noms et sur les portefeuilles. Mais les entraves ne viennent pas d'un côté seulement. » Il a enfin insisté sur le fait que le problème est interne et qu'en tout cas, du côté de l'opposition, il n'y a pas d'entraves régionales...
Des femmes à perte de vue. 4 000 selon les organisatrices, placées dans un immense sous-sol décoré pour la circonstance. Mais la grande nouveauté, c'est que cette fois l'iftar des organisations féminines du Hezbollah regroupe des dames voilées et d'autres pas, avec même quelques timides décolletés. Le monde change, le...