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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

Avec son brouillon de liste, Hariri entend tâter le pouls de l’opposition

Le Premier ministre désigné a soumis au président Michel Sleiman le brouillon de liste ministérielle qu'il vient d'élaborer. Le chef de l'État devrait, sans doute, arrondir quelques angles pour mieux aider à régler les problèmes que posent encore certains opposants. Cela à la lumière des concertations qu'il a développées durant quelque 70 jours avec les forces politiques du pays.
Ce tunnel, on n'en voit pas encore le bout. Saad Hariri annonce-t-il une initiative pour bientôt ? Aussitôt l'opposition reprend son escalade. Des cadres du Hezbollah proclament ainsi qu'au cas où leur allié, le général Michel Aoun, rejetterait la formule proposée par Saad Hariri et refuserait de participer au gouvernement, leur parti lui emboîterait le pas. Ils précisent que toutes les composantes de l'opposition doivent être cooptées par le pouvoir, sinon aucune. On voit bien, là, que le Hezb est aux commandes du côté du 8 Mars et qu'il parle au nom de tous les autres. Ces cadres du Hezbollah concluent sur une mise en garde adressée au Premier ministre désigné : ne vous lancez pas, le somment-ils en substance, dans une aventure risquée. Et comprenez qu'il est nécessaire que vous vous entendiez avec le général Michel Aoun.
Dans cette prise de position, les loyalistes trouvent confirmation que c'est le Hezbollah qui est derrière les moulinets, et les exigences rédhibitoires, du leader du CPL. Pour eux, les passes d'armes que le Hezb diligente ne signifient peut-être pas qu'il ne veuille pas qu'on mette en place un nouveau gouvernement. Mais, plutôt, qu'il n'a pas encore reçu, de Téhéran et de Damas, le fameux signal, appelé communément tantôt feu vert (ou rouge), tantôt mot d'ordre ou mot de passe.
Toujours selon les loyalistes, l'Iran et la Syrie manipulent la carte libanaise afin de faire pression sur Barack Obama pour qu'il engage de fait l'ouverture en leur direction qu'il a évoquée à plusieurs reprises. En effet, et en réalité, sauf la réexpédition d'un ambassadeur US à Damas, l'Iran et la Syrie n'ont encore rien vu venir. De plus, estiment les cadres cités, il y aurait une sourde émulation entre les deux alliés, les Iraniens se posant des questions sur le fait que les Américains aient pris langue avec les Syriens et pas avec eux. De plus, ils constatent que l'Arabie saoudite a mis un terme au rapprochement amorcé en leur direction.
Selon un député du bloc Liban d'abord, il est à craindre qu'au cas où Iraniens et Syriens se trouveraient déçus dans leurs espérances américaines, ils ne donneraient l'ordre à leurs fidèles du cru de torpiller carrément la mission de Hariri pour le forcer à se récuser. Via le CPL, utilisé comme paravent par le Hezbollah qui prend soin de ne pas trop se mettre en avant, contre Hariri, afin de ne pas rallumer les feux de la discorde entre sunnites et chiites au niveau de la rue.
Les loyalistes dénoncent, encore une fois, le manque de cohérence des prosyriens. Ces derniers ne cessaient de reprocher à Saad Hariri de ne pas avancer de proposition, et quand il annonce qu'il va en faire une, ils poussent les hauts cris et la rejettent avant d'en connaître le contenu. Les loyalistes répètent que le 8 Mars a reçu consigne de tout geler, en attendant les échéances de la mi-septembre, dont l'Assemblée générale de l'ONU.
Les loyalistes sourient, mais un peu jaune du jeu de casting, de répartition des rôles tragi-comiques au sein du camp adverse. Au président Nabih Berry, le jeûne verbal. Et l'anesthésie politique : non seulement il ne lève pas le petit doigt pour faciliter la formation du gouvernement, comme il en a le devoir constitutionnel, mais encore il se remet à oublier qu'il existe une Chambre. En effet, deux mois après les législatives, il ne l'a toujours pas convoquée, comme c'est également son devoir.
Quant au Hezbollah, qui avait consenti à gommer le tiers de blocage lors de la brève lune de miel saoudo-syrienne, il n'aide plus à la formation du gouvernement que du bout des lèvres. Il affirme qu'il ne peut pas exercer davantage de pressions sur Aoun pour l'amener à composition. Et même, il indique que sans une participation du CPL au pouvoir, toute l'opposition, lui en tête, déclarerait forfait.
Enfin, comme nul ne l'ignore, le général Michel Aoun endosse sur ses épaules l'armure du lancier irréductible que lui passent aimablement Amal et le Hezbollah. Il exige cinq ministères, quatre ministres maronites, le portefeuille-clé de l'Intérieur, son gendre Gebran Bassil aux Télécoms et d'autres battus aux élections. En précisant, si besoin était, que c'est lui et lui seul qui choisit les ministres devant représenter son bloc, et non « le député désigné », comme il baptise si courtoisement Saad Hariri, n'en déplaise à la Constitution. Et à la logique.
Ce tunnel, on n'en voit pas encore le bout. Saad Hariri annonce-t-il une initiative pour bientôt ? Aussitôt l'opposition reprend son escalade. Des cadres du Hezbollah proclament ainsi qu'au cas où leur allié, le général Michel Aoun, rejetterait la formule proposée par Saad Hariri et refuserait de participer au gouvernement, leur parti lui...