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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

Hariri se décide et présente une formule de trente ministres au président Sleiman

Onze semaines après avoir été chargé de former le gouvernement, M. Saad Hariri a enfin tranché. Passant outre aux réserves et veto de l'opposition, il a décidé d'assumer ses responsabilités nationales et de transmettre la liste du gouvernement d'union, tel qu'il l'entend, au président de la République, Michel Sleiman.
L'initiative a été saluée par les milieux de la majorité, en particulier par M. Amine Gemayel. En dépit du black-out voulu par la majorité, on assurait dans ces milieux qu'il ne s'agit pas d'un ballon d'essai et que M. Hariri a formé un gouvernement « qui tient la route, équilibré et représentatif ». « Il ne s'agit pas d'un gouvernement de majorité », ont encore affirmé ces milieux.
Selon divers recoupements, le gouvernement se présenterait, par confessions, de la façon suivante :
Sunnites : Saad Hariri, Tammam Salam, Assaaad Harmouche (Jamaa islamiya), Ghaleb Mahmassani, Raya el-Hassan et Mohammad Safadi, tous appartenant à la majorité.
Maronites : Ziyad Baroud (proche du président), Alain Aoun (CPL), Farid el-Khazen (CPL), Samy Gemayel (Kataëb), Joe Sarkis (FL) et Vera Yammine (Marada).
Chiites : Mohammad Jawad Khalifé (Amal), Mohammad Fneich (Hezbollah), Hussein Hajj Hassan (Hezbollah), Adnane Sayyed Hussein (conseiller du président), Yassine Jaber et Mahmoud Berry (Amal).
Druzes : Ghazi Aridi, Akram Chehayeb et Waël Bou Faour, tous appartenant à la Rencontre démocratique de Walid Joumblatt.
Grecs-catholiques : Michel Pharaon (14 Mars), Edgar Maalouf (CPL) et Micheline Breidi (proche du président).
Grecs-orthodoxes : Élias Murr (proche du président), Tarek Mitri (proche du président), Atef Majdalani (14 Mars) et Imad Wakim (FL-14 Mars).
Arméniens : Jean Oghassabian (14 Mars), Hagop Pakradounian (opposition).
« J'ai présenté une liste de 30 ministres (...) qui représentent tous les groupes parlementaires de manière équitable », a affirmé M. Hariri à l'issue de sa rencontre avec le président Sleiman, dans la résidence d'été présidentielle à Beiteddine.
« Le président de la République m'a informé qu'il allait étudier cette liste en vue de prendre une décision concernant la signature du décret de formation du gouvernement (...). Je suis dans l'attente de sa réponse », a-t-il précisé.
M. Hariri a ajouté que sa formation « respecte les résultats des élections (...)et adopte le principe de l'alternance dans l'attribution des portefeuilles ».
Le Premier ministre désigné a précisé que la composition du gouvernement respectait la formule « 15-10-5 », soit 15 ministres pour la majorité parlementaire, 10 pour la minorité et cinq ministres « neutres » choisis par le président de la République.
Pressentant que la formation du gouvernement ne répond pas à ses vœux, le chef du CPL, Michel Aoun, a immédiatement lancé un mot d'ordre de démission aux ministres membres de son groupe parlementaire dont les noms figureraient dans le gouvernement proposé.
« Nous n'accepterons pas un gouvernement de facto. (M. Hariri) doit tenir compte de nos demandes », a affirmé Simon Abi Ramia, député du Courant patriotique libre.
« C'est la meilleure formule pour entraîner le pays vers une situation de crispation », a-t-il ajouté.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, devait affirmer, au cours d'un iftar en soirée, que nul ne devrait escompter voir ébranlée la solidarité de l'opposition, ajoutant que cette opposition rejetait « la formule inappropriée » présentée par Hariri.

Récusation
Dans les cercles de M. Hariri, on assure que ce dernier a « épuisé toutes les combinaisons possibles avec tous les blocs parlementaires ». Et d'ajouter, à l'adresse du général Michel Aoun, que « la Constitution n'accorde à aucun chef de bloc parlementaire le droit de se conduire comme s'il était lui-même le Premier ministre désigné, ni celui de nommer ou de poser des veto, encore moins de décider quand et comment le nouveau gouvernement verra le jour ».
Dans le cas où le chef de l'État n'approuverait pas le nouveau gouvernement, on assure dans les cercles de M. Hariri qu'il n'est pas exclu que ce dernier se récuse et que cette possibilité est offerte à tout Premier ministre désigné. Mais sur ce plan, ajoutent ces milieux, c'est directement à lui qu'il faudrait adresser la question.

Sleiman prend son temps
Pour sa part, le chef de l'État prendra tout son temps avant d'approuver ou de désapprouver la formation gouvernementale proposée, ou éventuellement de l'amender, affirmait-on hier à Beiteddine. Dès aujourd'hui, il faut prévoir que des contacts intensifs seront pris par M. Sleiman avec l'opposition, au sujet du gouvernement. Aucune décision ne sera donc prise à ce sujet avant plusieurs jours, assurait-on aussi, dans la certitude que le chef de l'État n'approuvera aucun gouvernement qui ne soit d'union nationale. Du reste, le chef de l'État n'a pas attendu pour engager ces contacts. Il a ainsi reçu hier le député Ali Hassan Khalil, délégué par M. Nabih Berry à cette fin. Un Nabih Berry qui avait longuement reçu durant la journée M. Gebran Bassil.
Une réunion nocturne des ténors de l'opposition était prévue hier soir, dans le but de parvenir à une position unifiée vis-à-vis du projet de M. Hariri. Cette réunion a réuni des pôles de l'opposition, notamment Gebran Bassil, hajj Hussein Khalil et Ali Hassan Khalil. Blocage et rejet du projet de Saad Hariri étaient à l'affiche.

En fin de soirée, on affirmait dans les cercles proches de l'opposition que la formation gouvernementale proposée attribuait au CPL les portefeuilles de la Culture (Edgar Maalouf), de l'Éducation (Farid el-Khazen), des Travaux publics (Alain Aoun) et du Travail (Hagop Pakradounian). Un cinquième ministère, un ministère d'État, irait enfin à Vera Yammine, du mouvement des Marada.
Au mouvement Amal iraient les ministères de la Santé (Mohammad Jawad Khalifé) et des Affaires étrangères (Mahmoud Berry).
Au Hezbollah iraient les portefeuilles de l'Environnement et de l'Agriculture.
Il était fortement question d'attribuer le portefeuille des Finances à Raya el-Hassan, ancienne adjointe de Bassel Fleyhane, ou à Nadim el-Moulla. Le portefeuille du Tourisme irait à Samy Gemayel (Kataëb-14 Mars) , l'Industrie à Imad Wakim et les Télécoms à Ghazi Aridi. Les ministères de la Défense et de l'Intérieur ne changeraient pas de mains.
L'initiative a été saluée par les milieux de la majorité, en particulier par M. Amine Gemayel. En dépit du black-out voulu par la majorité, on assurait dans ces milieux qu'il ne s'agit pas d'un ballon d'essai et que M. Hariri a formé un gouvernement « qui tient la route, équilibré et représentatif »....