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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

Rien de nouveau à l’horizon gouvernemental, sauf le respect de la trêve verbale…

Qui empêche la formation d'un gouvernement d'union nationale au Liban ? La question se pose avec d'autant plus d'acuité qu'officiellement, toutes les parties font preuve de bonne volonté et les nœuds internes étant connus, ils ne paraissent pas, aux yeux des simples citoyens, insurmontables au point d'être impossibles à défaire en plus de deux mois.
En dépit de l'appel pressant du président de la République mardi soir, qui a d'ailleurs placé les différentes parties face à leurs responsabilités, et de celui, tout aussi pressant, du conseil des évêques maronites, qui s'est réuni hier, la situation politique baigne dans une stagnation désolante. La rencontre annoncée entre le ministre des Télécommunications Gebran Bassil et le Premier ministre désigné Saad Hariri hier ne semble pas avoir enregistré la moindre percée. Au contraire, des sources proches de l'opposition estiment que les débats ont pratiquement régressé, puisque au lieu de se lancer dans l'examen détaillé de la formule 15-10-5 et de la distribution des portefeuilles, d'autres formules ont été évoquées avant d'ailleurs d'être rejetées : un gouvernement de pôles politiques a été mentionné, mais il se heurte notamment au choix de ces pôles, au sein de toutes les communautés, y compris sunnite, et la division des portefeuilles importants (Intérieur et Municipalités, Affaires étrangères et Émigrés, Éducation et Enseignement supérieur, en plus de la création d'un ministère du Plan) de manière à éliminer les ministres d'État, nécessite l'envoi d'un projet de loi au Parlement. Or, un gouvernement chargé des affaires courantes n'est pas habilité à le faire, selon plusieurs députés avec à leur tête le président de la Chambre.
Officiellement, le Premier ministre désigné et le ministre des Télécommunications ont refusé de donner la moindre indication sur le contenu de leur réunion, mais dans les coulisses, les proches des deux camps ne font pas preuve d'un grand optimisme. Les sources de l'opposition estiment que le Premier ministre désigné ne cherche pas sérieusement à former le gouvernement et qu'il entreprend des contacts pour la forme, pour combler le temps mort et donner une impression d'action, alors que le camp du 14 Mars continue à qualifier les revendications de Michel Aoun d'inacceptables et à l'accuser d'entraver sciemment la formation du gouvernement pour servir les intérêts de son allié le Hezbollah et des parrains de celui-ci, à savoir l'axe syro-iranien. Les sources proches de la présidence contestent, de leur côté, l'examen de nouvelles formules, alors que celle des 15-10-5 a fait l'objet de longues négociations avant d'obtenir l'aval des parties locales et régionales. Il n'est donc pas facile de la remettre en question et d'assurer un aussi large éventail de positions favorables.
Au cœur de cette impression de paralysie totale, une seule lueur d'espoir : la baisse considérable des attaques verbales. Saad Hariri a visiblement demandé aux membres de son bloc parlementaire de mettre un bémol aux critiques adressées à Michel Aoun, conformément à l'entente sur le sujet conclue à Baabda et, en l'absence du chef du CPL, le ministre des Télécommunications s'est abstenu lui aussi de tout commentaire. La rencontre hebdomadaire du mercredi organisée par le président de la Chambre, Nabih Berry, avec les députés a été ainsi l'occasion d'échanges généraux, sans polémique précise, ni éléments nouveaux sur le plan de la formation du gouvernement. Le député membre du Bloc du changement et de la réforme, Abbas Hachem, a même affirmé que M. Berry a parlé avec les députés de la grippe A (H1N1) et de son impact sur la rentrée scolaire, pour bien montrer que l'heure de la naissance du nouveau gouvernement n'a pas encore sonné et qu'en période de trêve verbale, seuls les sujets qui ne fâchent pas sont abordés...
Reste encore une date souvenir à mentionner : celle du 2 septembre 2007 où, après des combats d'une rare violence, l'armée libanaise était venue à bout du groupe Fateh al-islam à Nahr el-Bared. Deux ans après, cette date pourtant mémorable est à peine évoquée par la classe politique, alors que les détenus du groupe croupissent sans jugement dans la prison de Roumié et tentent même de s'évader... pour suivre leur chef Chaker Absi, dont le sort est toujours inconnu...
En dépit de l'appel pressant du président de la République mardi soir, qui a d'ailleurs placé les différentes parties face à leurs responsabilités, et de celui, tout aussi pressant, du conseil des évêques maronites, qui s'est réuni hier, la situation politique baigne dans une stagnation désolante. La rencontre...