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Nos Lecteurs ont la Parole

Je vous en supplie, gardez-moi Ziyad Baroud !

Hanane ACHCAR
Un ministre qui ne veut être que ministre : c'est rare. De mémoire de Libanaise de plus de euh... disons quelques décennies, c'est même unique. Je n'ai en effet pas souvenance d'un ministre (ou député d'ailleurs) qui, s'il est maronite, ne rêve pas de la présidence de la république ; sunnite, de la présidence du Conseil ; chiite, de prendre la tête de l'Assemblée législative (non, non, je ne vais pas refaire le descriptif de notre organisation confessionnelle. Je laisse à chacun le plaisir de se rappeler ou de découvrir les nuances des répartitions plus élaborées quoique moins exposées dans le partage du gâteau des pouvoirs et les ingrédients des recettes de notre merveilleuse cuisine libanaise). Cela dit, restons réalistes. Dans certains domaines, certaines présidences sont hors concours et les reconductions n'ont pas toujours été le fait d'amendements constitutionnels aimablement suggérés par des voisins soucieux de la pérennité de notre nation et surtout de sa liberté, de sa souveraineté et de son indépendance.
Je digresse. Revenons à notre ministre. Ce ministre donc veut faire son boulot. Quoi de plus naturel, direz-vous. Mais la nature a parfois de ces bizarreries ! Eh bien, oui. Ce ministre est bizarre. Il ne veut pas créer un nouveau parti, ni « ouvrir » une nouvelle chaîne de télévision. Il ne prétend pas non plus intégrer toute sa famille, personnelle ou politique, dans son ministère. Il n'essaie apparemment pas de « vendre » quelque produit qu'un de ses amis aurait importé pour faire un « bon coup commercial ». Souvenez-vous de ce jour où nous nous sommes tous précipités pour acheter des extincteurs pour nos voitures. « On » nous avait fait croire qu'« on » se préoccupait de notre sécurité routière. J'avais fait comme tout le monde et m'étais fendue de quelques dizaines de dollars pour, en bonne prétendante au statut de nouvelle-citoyenne-du-nouveau-Liban-d'après-guerre, acquérir donc le fameux extincteur, rouge brillant et très joli. Mon mari de l'époque (qui était plutôt du genre « lent à la détente et apparemment plus « sage ») avait pris son temps, lui. Il a eu beau jeu de me dire par la suite, d'un ton triomphant : Tu vois ! Je t'ai bien dit que tu jetais l'argent par les fenêtres. Évidemment ! Le ministre en question, ou un de ses copains, je ne m'en souviens plus, avait écoulé son stock d'extincteurs. Le décret n'avait plus besoin d'être appliqué.
Ziyad Baroud. Vraiment bizarre ce type. Il arrive même parfois, lui, à faire durer l'application des décrets qu'il prend (peut-être un peu moins en été quand même. Les routes libanaises ayant de plus en plus un encombrement plus... euh... cosmopolite ? Non ça fait xénophobe, eh bien disons alors plus euh... touristique. Le tourisme, ça passe toujours chez nous). Je ne sais pas ce que vous en pensez, vous, mais en ce qui me concerne, il m'est arrivé de voir le trottoir attenant à Barbar-Babar sans la cohorte éléphantesque des palanquins agglutinés en mal de lahm b'ajin. Pourvu que ça dure, comme on dit quand on n'ose trop y croire.
Vous savez quoi ? J'ai une superidée, peut-être imaginaire, mais on ne sait jamais. Si on faisait une superpétition, c'est de plus en plus tendance, pour demander que, à chaque remaniement ministériel, on confie à notre Ziyad national un portefeuille différent. Peut-être comme ça, finirons-nous par avoir, un peu, l'air d'un pays où le ministre de la Santé s'occupe de la santé des citoyens, celui de l'Éducation nationale des programmes des écoles, celui des Travaux publics des grands chantiers qui concernent tout le pays, etc.
Il n'y a pas de petits plaisirs. On ne peut pas tous ni tous les jours se consacrer au destin national. D'ailleurs, de quoi est fait un destin ? Comme dans une famille, pour que le nom et la filiation perdurent, il est utile, voire nécessaire de mettre parfois son énergie au service de tâches qui n'ont rien de particulièrement percutant : travailler, respecter l'autre, avoir un peu de suite dans les idées, faire la vaisselle (si, si, c'est important aussi la propreté), repeindre les murs de la maison, éduquer les enfants...
Je vous en prie, je vous en supplie, gardez-nous Ziyad Baroud.

Hanane ACHCAR
Un ministre qui ne veut être que ministre : c'est rare. De mémoire de Libanaise de plus de euh... disons quelques décennies, c'est même unique. Je n'ai en effet pas souvenance d'un ministre (ou député d'ailleurs) qui, s'il est maronite, ne rêve pas de la présidence de la république ; sunnite, de la présidence...

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