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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

Après le blocage, un passage de l’axe syro-iranien à l’offensive ?

L'impasse gouvernementale semble entrer dans un virage dangereux en raison des blocages persistants, liés autant à des considérations internes que régionales. Certes, le Premier ministre désigné Saad Hariri est rentré hier d'Arabie saoudite, mais tout tend à montrer jusqu'à présent que la crise est appelée à durer, avec un risque de plus en plus grand de dérapage sécuritaire contrôlé par l'axe irano-syrien.
La lecture des quotidiens syriens officiels avait en effet de quoi donner froid au dos hier. Ainsi, le quotidien syrien al-Baas a affirmé que l'Égypte désirait le retour de Fouad Siniora à la présidence du Conseil. L'organe syrien a affirmé que « la situation semble évoluer dans ce sens, surtout avec le voyage de (Saad) Hariri en Arabie saoudite, compte tenu du fait que son séjour pourrait durer plus longtemps que les précédents » (l'article a été publié avant le retour de M. Hariri à Beyrouth, mais cela montre à quel point il s'agit plus d'un point de vue que d'un article établi sur base d'informations fiables). Le Baas a par ailleurs critiqué le Premier ministre désigné qu'il a qualifié de « député désigné », reprenant ainsi à son propre compte la terminologie utilisée par le général Michel Aoun, qui avait souligné, rappelons-le, dans son attaque frontale « pour les yeux de Gebran Bassil », qu'il n'existait pas de « président de Conseil désigné », mais un « député désigné ». Le quotidien syrien a également critiqué, sans le nommer, le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, dénonçant son appel à la formation d'un gouvernement composé de la majorité parlementaire.
Plus grave est ce qui est rapporté par le quotidien syrien al-Watan, qui estime que la crise au Liban dépasse désormais la simple crise ministérielle, et que le pays du Cèdre fait désormais face à une « crise de pouvoir », sinon une « crise de système ». Ce qui signifie, poursuit le quotidien, qu'il faille désormais « recourir à un Doha II ou à un Taëf II ». Si la formulation, telle qu'elle est faite, a de quoi inquiéter, c'est parce qu'il a fallu une soixantaine de morts et les événements du 7 mai 2008 pour arriver à Doha et pas moins de 150 000 morts pour aboutir à Taëf... Le spectre de la détérioration sécuritaire se profile malheureusement toujours derrière les projets de révision du système politique, dans la mesure où les parties qui tentent généralement le coup de force pensent qu'elles peuvent ainsi modifier l'équilibre sur le terrain et améliorer leur position de négociateur lors du deal en question. En d'autres termes, Damas tient à passer le message suivant : la solution à la crise ministérielle ne serait pas pour bientôt.
Des sources proches du 14 Mars analysent cette « offensive » de la presse syrienne comme liée à deux éventualités dont le régime syrien tient compte actuellement : une guerre israélienne contre le Hezbollah au Liban ou la publication de l'acte d'accusation du Tribunal spécial pour le Liban qui montrerait du doigt Damas et le Hezbollah. Ce qui laisse le directoire syrien devant une marge de manœuvre très réduite : bloquer ou torpiller. Ces sources, qui attirent l'attention - dans la lignée de la rencontre Assad-Ahmadinejad en Iran - sur une offensive similaire initiée hier par l'éditorialiste du principal quotidien de l'opposition, qui évoque également l'acte d'accusation du TSL et rappelle le « souvenir glorieux » du 7 mai 2008, s'attendent par conséquent à un dérapage sécuritaire visant à déstabiliser le pays, dans la foulée de la prophétie faite il y a deux semaines par « l'ambassadeur syrien "de facto" » Wi'am Wahhab, sous la forme d'incidents séparés. Il convient de rappeler qu'une source bien informée proche du ministère de l'Intérieur avait fait part à L'Orient-Le Jour la semaine dernière de craintes similaires concernant une dégradation de la situation sécuritaire, notamment à Tripoli, où une nouvelle grenade a explosé hier soir à Baal Darwiche, entre Bab el-Tebbaneh et Baal Mohsen.
Il reste que Saad Hariri s'est engagé hier soir, dans le cadre d'un iftar à Koraytem, à « former le cabinet dans les plus brefs délais et dans le cadre d'un dialogue calme avec toutes les forces politiques », rappelant que « c'est le Premier ministre désigné qui forme le gouvernement en coordination avec le président de la République, sans que cela n'enlève rien à personne ». « Chaque partie a le droit de prendre la position qu'elle désire et de proposer ce qu'elle veut, mais c'est le Premier ministre désigné qui possède la prérogative de former le cabinet en coordination avec le président », a-t-il souligné, mettant en exergue l'importance du dialogue pour aboutir à une solution commune et à la formation d'un cabinet d'entente nationale.

 

La lecture des quotidiens syriens officiels avait en effet de quoi donner froid au dos hier. Ainsi, le quotidien syrien al-Baas a affirmé que l'Égypte désirait le retour de Fouad Siniora à la présidence du Conseil. L'organe syrien a affirmé que « la situation semble évoluer dans ce sens, surtout avec le voyage de (Saad) Hariri en Arabie...