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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

Malgré le retour de Hariri, le nouveau cabinet demeure plus problématique que jamais

Faut-il s'accrocher une énième fois au retour de Saad Hariri de l'étranger pour espérer la naissance, dans la douleur certes, mais naissance quand même, du nouveau cabinet tant attendu ?
Le climat qui prévalait hier soir demeurait assez négatif eu égard à tout nouveau développement gouvernemental, d'autant que le Premier ministre désigné ne devrait pas rentrer à Beyrouth avant demain et que, même une fois rentré au pays, cela ne devrait pas pour autant changer la dynamique négative qui prévaut.
De source informée, on insiste sur le fait que l'alliance des députés de la majorité, telle que Walid Joumblatt la désigne aujourd'hui - l'appellation 14 Mars semble en effet de plus en plus taboue depuis son repositionnement brutal qui a secoué la majorité parlementaire - compte se réunir en présence du chef du PSP afin de lancer à Saad Hariri un message de soutien empreint de détermination. Car il s'agit de lui rappeler qu'il est à la tête d'une formation parlementaire majoritaire et que, partant de là, il dispose d'une marge de manœuvre suffisante pour lui permettre, au moins, de faire une proposition de cabinet, quitte à ce que celle-ci soit par la suite discutée par les différentes parties politiques. Au risque de jouer les rabat-joie, il convient cependant de rappeler qu'il était déjà question de cette réunion vers la fin de la semaine dernière, et qu'elle semblait avoir été ajournée à une date qui demeure à l'heure qu'il est inconnue. Saad Hariri rentrera-t-il d'Arabie saoudite avec de nouveaux éléments décisifs qui lui permettront de dépasser un blocage de plus en plus présenté comme « externe » car lié aux turbulences que traversent les relations syro-saoudiennes ? Rien n'est moins sûr, du moins pour le moment. Une source informée rappelle toutefois qu'une visite du fils du roi Abdallah, Abdelaziz ben Abdallah, est prévue courant septembre et aurait pour effet de chasser les mauvaises ondes qui planent actuellement sur la formation du gouvernement.
Aux milieux diplomatiques qui prévoient d'autre part un rapide dénouement gouvernemental avant la tenue à New York le 22 septembre de la 63e Assemblée générale de l'ONU à laquelle doit prendre part le président de la République Michel Sleiman puisqu'il y présidera la délégation libanaise, il est utile de rappeler qu'avant chaque échéance les responsables locaux tentent de faire croire à l'opinion publique que « quelque chose » va se produire et va faire en sorte que le vide gouvernemental va s'arrêter de manière soudaine, et que les problèmes à l'origine de la crise vont miraculeusement s'évaporer. Avant la fête de l'Armée, Nabih Berry et Michel Sleiman avaient tous deux prédit la naissance prochaine du nouveau gouvernement. Il faut, à ces éléments éminemment négatifs, ajouter également un raidissement de la part du 14 Mars qui est désormais convaincu qu'il a largement dépassé la part de concessions qu'il pouvait se permettre de faire. Une source parlementaire proche de la majorité a estimé hier soir dans ce contexte qu'il n'est « plus question de concéder quoi que ce soit à l'opposition. Ni les Télécommunications, ni l'Intérieur. C'est une question de sécurité nationale, avant toute chose ». Le débat sur la reconduction de Gebran Bassil à la tête des Télécommunications semble donc aujourd'hui de plus en plus obsolète, car la majorité est résolue à rattraper l'attitude trop coulante qu'elle s'est permise d'avoir à l'égard de l'opposition et dont elle estime qu'elle est en train de payer le prix aujourd'hui.
Cette opinion assez rigide prévaut également, à en croire une source diplomatique, dans les milieux diplomatiques américains et égyptiens qui reprochent à ce stade à Saad Hariri de s'être montré « trop souple » avec l'opposition, ayant dès le lendemain des élections parlé de « main tendue » et ayant même, aux dires d'une source informée, « accepté de se rendre à Damas avant la formation du gouvernement ». Partant de là, mais aussi en se basant sur un certain ras-le-bol égyptien à l'égard du Hezbollah notamment eu égard à l'impact particulièrement destructeur qu'aurait pu avoir ce parti sur son territoire national, l'administration US et Le Caire seraient plus en train de favoriser un reconduction de Fouad Siniora à la tête du gouvernement, ou au moins de s'assurer qu'il demeure le plus longtemps possible à la tête d'un gouvernement chargé d'expédier les affaires courantes, et qui aura de facto la capacité de prendre des décisions en cas de circonstances exceptionnelles. Paradoxalement, cette thèse était reprise hier par les quotidiens syriens Baas et Techrine, « dans le but de faire pression, tant médiatiquement que politiquement, sur Saad Hariri et Fouad Siniora », affirmait à cet égard hier une source proche du Sérail. Non, ce n'est pas juste une impression, le blocage persiste et semble avoir pour objectif ultime de changer la donne.
Le climat qui prévalait hier soir demeurait assez négatif eu égard à tout nouveau développement gouvernemental, d'autant que le Premier ministre désigné ne devrait pas rentrer à Beyrouth avant demain et que, même une fois rentré au pays, cela ne devrait pas pour autant changer la dynamique négative qui prévaut.De...