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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

Hariri donne le « la » : Respecter le verdict des urnes

Pour le président Amine Gemayel, les 15-10-5, c'est fini. Il rappelle qu'initialement il n'était pas, personnellement, en faveur d'une telle équation que Joumblatt a enterrée, selon lui, en se dégageant du 14 Mars.
Pour l'ancien chef de l'État, il faut maintenant se mettre en quête d'une autre formule dite d'union nationale, ou d'un autre arrangement réalisable. Il doit en discuter avec le Premier ministre désigné, Saad Hariri, de retour d'un congé familial. Un Hariri qui, dès son arrivée, a mis les points sur les i : il faut respecter la volonté des Libanais qui, pour le choix de leurs représentants à l'Assemblée nationale, source de tous les pouvoirs, se sont exprimés à travers les urnes.
On va donc plancher, en repartant de zéro, sur les chiffres. Des cadres de la majorité conviennent, en effet, avec le président Gemayel qu'après le repositionnement de Joumblatt, on ne peut plus miser sur les mêmes comptes. D'autant, assurent-ils, que le compromis antérieur avait représenté une lourde concession de la part du 14 Mars. À les en croire, la formule initiale était de 16 pour eux, en incluant un ministre-dépôt pour la présidence, de 11 pour l'opposition, dont le ministre chiite attribué au président, et de 3 au président. Avec un Joumblatt se joignant à leurs rangs, les prosyriens auraient 14 ministres, les loyalistes n'auraient plus que 13 et seul le président en resterait à ses 3.
C'est tout à fait inadmissible pour un 14 Mars qui souligne que, malgré le repositionnement de Joumblatt, il garde la majorité à la Chambre. Les loyalistes estiment qu'il faut entièrement repenser la formule ministérielle en fonction des nouvelles donnes politiques. Pour eux, il s'agit autant de redéfinir la nature même du gouvernement que sa composition numérique. Ils soulignent que, pour commencer, Saad Hariri est en droit de présider son propre gouvernement, non celui d'autrui, et, a fortiori, de former sa propre équipe et non celle que lui taillerait une tierce partie, quelle qu'elle soit.

Riposte
En revanche, et cela se comprend, l'opposition s'accroche à la vraie-fausse trouvaille des 15-10-15, au nom du principe de partenariat. Qui induit que le 14 Mars ne dispose pas de la majorité plus un, ni le 8 Mars du tiers de blocage. L'opposition affirme y voir l'incontournable illustration d'un difficile accord local soutenu par un puissant arrangement syro-saoudien. Pour les prosyriens, c'est là qu'est le vrai verdict, non dans les urnes. Sans compter, rajoutent-ils, que ce dernier jugement devient maintenant flottant, sujet à discussion, après le repositionnement de Joumblatt. Ils affirment que si la règle établie n'est pas respectée, ils remettront sur le tapis nombre de conditions antérieures, dont le tiers de blocage, pour la mise en place d'un cabinet d'union. Les prosyriens affirment qu'avant les déclarations de Joumblatt, il ne restait plus que des problèmes mineurs à régler, du côté du général Michel Aoun. Ils pressent dès lors le Premier ministre désigné, Saad Hariri, de mettre les bouchées doubles, en continuant comme si rien n'avait changé. Il faut faire vite, concluent-ils, car les menaces israéliennes, de plus en plus pressantes, ne sont pas à prendre à la légère.
Mais il est probable que l'intéressé prêtera plutôt l'oreille à ses compagnons de route. Il voudra sans doute repenser le montage tout entier, notamment sur le plan de la tessiture politique du gouvernement. Certains proposent des formules restreintes de 14 ou de 10. D'autres, un cabinet de géants réduit à 6 ministres, en faisant valoir que plus on amincit la taille du bébé moins il a de problèmes de santé. Sans compter, c'est le mot, qu'une demi-douzaine de rétribués, cela fait beaucoup moins lourd pour le Trésor que trente limousinés.
La présence à ses côtés des poids lourds de la nation permettait au chef du gouvernement d'être sûr de l'application des décisions retenues, sans bâtons dans les roues ni critiques dérangeantes. Une formule commode faisant tomber le clivage 14-8 Mars. Cependant, 6 supertêtes politiques suffiraient-elles pour faire marcher la boutique ? À cette question, les sources citées répondent qu'on peut toujours recourir à des technocrates qui ont fait leurs preuves, comme Ziyad Baroud, pour les départements spécialisés.
Mais, pour le moment, l'opposition continue à poser des obstacles au redémarrage de l'opération de formation du gouvernement. Elle veut imposer ses conditions à la majorité, qui se demande si la réciproque lui aurait été permise si elle avait été battue aux élections. On se retrouve donc en face de cette réalité négligée, que pointe du doigt un cadre du secrétariat général du 14 Mars : le conflit n'est ni sur les quotas, ni sur la répartition des portefeuilles, ni sur les ministrables, mais sur le choix idéologique pour le Liban de demain. Donc, sur le plan concret, sur le programme du prochain gouvernement. Il ajoute que la phase actuelle constitue, de la part de ses adversaires, une claire tentative de liquider la révolution du Cèdre. Au profit de l'axe syro-iranien et de ses fidèles du cru. Pour observer ensuite que Berry, maître en récupération tactique, s'est bien gardé de rejoindre Joumblatt au centre, alors qu'il y avait invité le leader du PSP avant même les élections. Le but de l'opération-séduction de Berry se confirme comme étant de disloquer le 14 Mars, conclut ce cadre.
Pour l'ancien chef de l'État, il faut maintenant se mettre en quête d'une autre formule dite d'union nationale, ou d'un autre arrangement réalisable. Il doit en discuter avec le Premier ministre désigné, Saad Hariri, de retour d'un congé familial. Un Hariri qui, dès son arrivée, a mis les points sur les i : il faut respecter la...