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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

Berry répercute implicitement des promesses syriennes qui restent à vérifier

Inattendue, la déclaration du président Nabih Berry à sa sortie de Baabda, mercredi, qu'il a confirmée dans des entretiens avec les députés, a fait l'effet d'une bombe positive sur la scène locale. Il a en effet assuré que tout baigne dans l'huile et que le gouvernement sera mis sur pied dans une petite semaine.
Et, surtout, que l'opposition ne demande pas le tiers de blocage, mais, en pleine symbiose avec le président du Conseil désigné, un cabinet d'union nationale cristallisant une participation authentique. Berry se démarque donc de Michel Aoun et de Sleimane Frangié qui exigent le tiers de blocage, voire la proportionnelle, et refusent d'y renoncer au titre d'une garantie que le président de la République leur avancerait.
Pour les loyalistes, il semble clair que Berry a reçu, avant ses alliés, un mot de passe du dehors recommandant une issue ministérielle positive dans les meilleurs délais. Bien entendu, il n'en souffle mot, et ne livre aucun détail de ce qui lui aurait été communiqué. Mais, estiment les majoritaires, il aurait été informé d'un arrangement extérieur visant à accélérer la formation d'un nouveau gouvernement libanais. Pour eux, il est évident que si Berry n'avait pas été sûr de son fait, il n'aurait pas pris une position aussi nette, aussi officielle, sur le perron du palais présidentiel.
Selon un observateur averti, les Syriens auraient promis aux Saoudiens de faciliter la mission du président du Conseil désigné, Saad Hariri, et l'émergence d'un cabinet de coalition. Kouchner laisse entendre qu'il aurait reçu un engagement syrien identique quand il indique qu'Assad a pris soin de ne pas évoquer devant lui le tiers de blocage. Autre indice : nombre de prosyriens progressistes ont adouci le ton, ces derniers jours, à l'instar d'ailleurs des cadres du Hezbollah. Sans atteindre, toutefois, le degré d'optimisme et d'ouverture de Berry.
Mais chat échaudé craint l'eau froide. Les loyalistes soulignent qu'encore une fois, c'est sur le plan concret, dans les actes de ses alliés, qu'il faudra vérifier les véritables intentions de la Syrie. Ses fidèles du cru vont-ils se rallier au concept de partenariat pur et renoncer à leurs exigences rédhibitoires ? Au-delà de cet élément, sont-ils vraiment libres de choisir ? L'essentiel reste en effet que la Syrie ne doit pas se mêler des affaires intérieures libanaises. Et l'intervention la plus positive qu'elle peut développer, c'est encore de ne pas intervenir.
Quoi qu'il en soit, le dégagement ministériel accéléré est rendu encore plus souhaitable par la situation au Sud-Liban. Il est à craindre en effet qu'Israël ne trouve un atout supplémentaire pour attaquer, dans le vide institutionnel partiel au Liban. On sait, en effet, que soumis à une pression américaine et européenne croissante, Netanyahu pourrait choisir la fuite en avant en direction du Liban, maillon faible de la chaîne. Selon des sources informées, la Syrie elle-même appréhende que Netanyahu ne cherche à changer le tableau, et les règles du jeu, sur le front du Sud-Liban, en exploitant la polémique sur les armes du Hezbollah, qui soutient mordicus que les législatives ont été un plébiscite pour son arsenal, alors que c'est le 14 Mars légaliste qui les a emportées.
Autre raison de hâter la formation du gouvernement : selon des informations en provenance de capitales occidentales, le tribunal international compte convoquer sous peu à La Haye, à titre de témoins, diverses personnalités pour les interroger sur l'assassinat du président Rafic Hariri et de ses compagnons. Cette initiative pourrait provoquer des remous sur la scène locale et divers pôles, aussi bien opposants que loyalistes, estiment qu'il faut tenter de les prévenir en accélérant la formation d'un cabinet d'union et d'apaisement. Étant entendu qu'il faut garder l'affaire dans son contexte judiciaire et interdire des réactions de rue mettant en péril la paix civile. Ce qui est d'autant plus délicat que, selon les informations de sources extérieures, l'article du Der Spiegel évoquant le Hezbollah pourrait être répercuté dans l'acte d'accusation. Auquel cas, des troubles risqueraient de se produire au Liban. À ce propos, il convient de souligner que le leader de la Montagne, Walid Joumblatt, se préoccupe beaucoup, actuellement, de la sécurité et de la stabilité du pays qu'il tente de conforter par ses prises de position.
Sur le plan ministériel, Saad Hariri a bien posé ses jalons : consécration effective des résultats du 7 juin, ce qui signifie qu'il ne peut y avoir de tiers de blocage ni de battus aux élections redevenant ministres. Selon des sources informées, Hariri pencherait pour une formule de 15 aux majoritaires, 10 aux minoritaires et 5 au président.
Et, surtout, que l'opposition ne demande pas le tiers de blocage, mais, en pleine symbiose avec le président du Conseil désigné, un cabinet d'union nationale cristallisant une participation authentique. Berry se démarque donc de Michel Aoun et de Sleimane Frangié qui exigent le tiers de blocage, voire la proportionnelle, et refusent d'y renoncer au titre d'une...