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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

La donne régionale pèse de tout son poids sur la formation du gouvernement

Maintenant qu'il a rencontré tour à tour Hassan Nasrallah et Wi'am Wahhab, plus rien n'empêche Walid Joumblatt, semble-t-il, de se réunir avec Michel Aoun. Toutefois, et sur le point de savoir si cette réunion est oui ou non imminente, une source du Courant patriotique libre se contente de dire que « rien n'empêche une telle rencontre ».
Une chose est sûre, néanmoins : Walid Joumblatt ne rencontrera pas Michel Aoun pour discuter du gouvernement et des efforts en cours pour sa formation. En somme, cette initiative du chef du PSP fait éminemment partie de son « repositionnement » politique annoncé à plusieurs reprises et répété, clairement et sans le moindre tabou, hier. « Il faut créer un rassemblement politique fort, regroupant le PSP, le Courant du futur, le Hezbollah et le président de la Chambre Nabih Berry, parce que la base est la scène musulmane de Beyrouth et de la banlieue », a-t-il déclaré, sans ambages, s'empressant ensuite de demander « à la scène chrétienne de ne pas se sentir importunée par une telle initiative, parce qu'elle doit comprendre » que les impératifs régionaux exigent un tel revirement stratégique.
Oui, mais. Pourquoi, dans ses propos, Walid Joumblatt semble avoir renoncé à l'union de la scène interne, dans son ensemble, loin de toute catégorisation communautaire, catégorisation à l'arrière-goût amer, surtout au lendemain de la campagne électorale menée, tambour battant, sous la bannière unie du 14 Mars ? Certes, la scène chrétienne connaît des divisions, et non des moindres. Mais pourquoi, et surtout comment, le gouffre créé le 7 mai 2008 entre sunnites et chiites est-il en train d'être remblayé, à la hâte, sous prétexte qu'un changement stratégique menace la région, aussi rapidement qu'avaient été dressées en mai 2008 les barricades dans les rues de la capitale ? Pourquoi les communautés chrétiennes, qui elles aussi ont souffert des graves incidents de mai 2008, ne trouvent-elles ni la volonté ni la force suffisante de resserrer les rangs à la lecture des enjeux stratégiques qui commencent à poindre à l'horizon ?
De source Kataëb, on continue de souligner dans ce contexte que « la meilleure protection est l'unité nationale ». « Nous avons toujours été contre les accords faits en dehors de la légalité, comme ceux dits "tripartites" conclus en 1985-1986. Nous sommes contre ce type d'accords, et si véritablement le Liban risque d'être déstabilisé par un changement majeur au niveau de la région, nous appelons toutes les parties qui ne l'ont pas encore fait à se joindre à la révolution du Cèdre afin que nous puissions, ensemble, promouvoir les constantes pour lesquelles nous avons toujours combattu. » Et d'ajouter, cette fois à l'adresse de Walid Joumblatt : « Nous sommes confiants que la coopération avec le PSP s'approfondira en dépit du discours politique actuel qui ne peut en aucun cas signifier un repositionnement politique, car la trajectoire lancée depuis mars 2005 a eu pour effet de créer des convergences irréversibles qui refusent toute sorte de tutelle, aussi bien interne qu'externe. » Et de préciser : « Il existe une conscience collective qui dépasse désormais la volonté de ses instigateurs. »
Que les Libanais le veuillent ou non, c'est-à-dire pratiquement en dépit et au-delà de leur bulletin glissé dans l'urne le 7 juin dernier, la fièvre des métamorphoses régionales semble s'être emparée des responsables locaux, reléguant - aux oubliettes ? - une urgence : la création du nouveau cabinet, jusque-là virtuellement présidé par Saad Hariri, c'est peut-être pour cela que, du côté de Koraytem, on continue de se murer dans le mutisme. À cette situation déjà suffisamment complexe, vient également se greffer un autre élément qu'il convient de ne pas négliger : la publication prochaine de l'acte d'accusation du Tribunal spécial pour le Liban qui, de source informée, citée par le quotidien al-Quds el-Arabi, irait vraisemblablement dans le sens de l'article publié par le Der Spiegel et qui, au moment de sa publication, avait provoqué des remous sur la scène interne.
Ainsi, et au-delà du climat médiatique détendu, soigneusement distillé par le tandem Berry-Hariri qui s'est laissé filmer et photographier à souhait traversant la place de l'Étoile à pied, sous le soleil de juillet, pour aller déjeuner ensemble dans un restaurant du centre-ville, le nœud gouvernemental semble avoir été dépassé par les changements régionaux. Comme pour confirmer cet état de fait, le ministre Mohammad Jawad Khalifé a affirmé hier que « le retard dans la formation du gouvernement était dû aux dissensions politiques ». Interrogée, une source proche du Hezbollah a en outre répondu par la négative à la question de savoir si un nouveau gouvernement verrait le jour bientôt, pendant que Hussein Hajj Hassan ajoutait hier des conditions cumulatives à la « participation » réclamée par l'opposition : « Nous voulons un partenariat dans les décisions et les politiques au sein du gouvernement, et non pas une simple participation chiffrée. »
Une chose est sûre, néanmoins : Walid Joumblatt ne rencontrera pas Michel Aoun pour discuter du gouvernement et des efforts en cours pour sa formation. En somme, cette initiative du chef du PSP fait éminemment partie de son « repositionnement » politique annoncé à plusieurs reprises et répété, clairement et sans le...