Il y a aujourd'hui dans un hôpital du Liban une jeune fille, Maya Keyrouz, qui a été amputée d'une jambe, parce que, le jour de l'élection, elle avait sur sa voiture la photo d'un candidat qui n'était pas celui du parti de Dieu.
Dans la presse, il est mentionné que deux voitures du Hezb avec fanion du parti l'ont poussée dans un fossé pour lui faire payer cher son adhésion à un parti qui n'était pas le leur. Jusqu'à ce jour, je n'ai pas vu les noms des assassins ou appris qu'une poursuite quelconque avait été engagée contre les responsables de ce crime. Y a-t-il encore une justice au Liban ? Et dire qu'il y a des gens qui veulent nous faire croire que s'ils avaient gagné les élections, nous aurions enfin atteint une période de stabilité politique que eux seuls et leurs alliés aveuglés sont capables de nous donner.
Second cas aussi dramatique. Un jeune officier libanais Samer Hanna est tué à bord de son hélicoptère par des partisans du parti de Dieu, et pour une fois on tient enfin un coupable, qui a reconnu son crime. Comble de la dérision, ce coupable parce qu'il fait partie d'un groupe affilié à la Résistance est libéré et une maman éplorée crie son désespoir devant les caméras, mais personne n'a le courage d'appuyer ses dires. Aucune manifestation de soutien n'est organisée et l'assassin est rentré chez lui, assuré de l'impunité pour le restant de sa vie.
Il est des régions du Liban où un honnête homme ne peut s'aventurer sans risquer sa vie. Mais qui se soucie de protéger l'innocent, le vrai déshérité, le laissé-pour-compte qui n'a pas eu l'intelligence de s'affilier à un parti politique, qui, sous couvert de résistance, fait la loi dans certaines régions de mon pays ?
Pour couronner le tout, voilà qu'un humoriste français, Gad Elmaleh qui a le malheur, pour certains Arabes, d'être né juif, est obligé d'annuler sa tournée au Liban où il devrait se produire au Festival de Beiteddine.
Où allons-nous ? Je voudrais voir la réaction du général Aoun devant le comportement de son allié. Déjà que le cinéaste acteur, Ghassan Rahbani, partisan du général, et qui est au courant de tout ce qui se passe au Liban, dit dans L'Orient-Le Jour du 29 juin, tout ignorer de l'affaire. Cela nous donne une idée de l'état d'esprit qui règne au Liban et de ce qui nous attendait, si par malchance, cette opposition « parti de Dieu-Aoun » était arrivée au pouvoir. Devant les assassinats, les insultes, les calomnies, ils seraient restés indifférents et auraient accusé leurs femmes, de ne pas les avoir avertis à temps, de ce qui arrivait au Liban.
Nous disons aux gouvernants que la politique de compromis n'est pas valable. Il faut une main de fer dans un gant de velours. Et je voudrais dire à Walid Joumblatt, que nous estimons et aimons beaucoup, que le Liban est d'abord libanais, avant d'être arabe ou palestinien. C'est l'opinion de la majorité silencieuse.
Une autre jeune femme de 30 ans, Zeina Miri, mère de 5 enfants, reçoit une balle perdue alors qu'elle était sur son balcon. Accident, ont dit certains. Pour moi, je dirais assassinat, car toutes ces armes dans les mains de gens irresponsables sont autant de possibilités de crime futures dans cette mosaïque communautaire qui a nom Liban.
En conclusion, nous disons à Saad Hariri, leader incontesté de la majorité qui a remporté les élections : Vous êtes la majorité démocratiquement élue ; il est temps pour vous de prendre les décisions radicales. Le peuple libanais veut pouvoir continuer à vivre sur son sol et croire qu'il a voté pour ses vrais dirigeants. Retirons toutes les armes qui ne sont pas aux mains de l'armée libanaise ; notre pays ne doit pas devenir le champ de bataille du Moyen-Orient. Le Liban doit vivre dans une atmosphère heureuse et prospère.
C'est notre seule planche de salut.