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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

Déterminant, l’électorat chrétien doit savoir distinguer le bon grain de l’ivraie

Cette voix chrétienne censée déterminer le sort du pays, vers qui va-t-elle donc se porter ? Vers le 14 Mars et ses amis, pour un État de droit souverain et stable ? Vers le 8 Mars et ses alliés, pour un Liban instable, soumis à la tutelle, voué à la ruine ?
Le pays est divisé, au fond, entre une culture de vie illuminée d'espérance et un culte des morts extrait de son cadre humain, tronqué en idéologie. Il appartient à l'électeur chrétien de faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre.
Pour le moment, force est de constater que le plateau populaire se partage entre aounistes aveuglément attachés à leur leader, que les spécialistes créditent de 40 %, et les tenants de la souveraineté bien comprise, quelque 45 % selon les experts. Dès lors, ce sont les 15 % restants qui feraient la différence. Pour en attirer la majeure partie, le 14 Mars doit, absolument, faire montre de cohérence et de cohésion. Condition sine qua non, du reste, pour motiver tout électeur et réduire le taux d'abstentionnisme. En suscitant de la sorte un effet raz-de-marée favorable, comme le Helf tripartite avait su le faire en 1968.
Les loyalistes doivent, en outre, savoir exploiter efficacement ces dérives du camp d'en face, qui constituent également des erreurs électorales tactiques. Comme cette histoire, fumeuse et inquiétante, de Troisième République, assortie d'une offensive visant à écourter le mandat du président Sleiman, ainsi que d'une menace à peine voilée d'un 7 mai bis.
Mais l'essentiel reste, répétons-le, que les listes du 14 Mars et de ses alliés doivent étaler une homogénéité sans faille, dans l'élan comme dans le discours politique, en s'entraidant pleinement, dans toutes les circonscriptions. Surtout dans celles, assez nombreuses, où c'est le marais, comme on labellise les indécis, qui va faire la décision. En fait, plus il y a d'électeurs qui ne voteraient pas, plus les listes du 8 Mars risqueraient de l'emporter, là où il y a ballottage. Mais pourquoi, au juste ? Parce qu'il y a fort à parier que l'électeur tiède, qui se déciderait à voter, choisirait en pays chrétien la devise Liban d'abord. Au-delà des considérations de personnes pouvant expliquer ses réticences initiales.
Est-il besoin d'ajouter qu'on ne peut attendre de la base une orientation unifiée quand les pôles d'un courant de pensée déterminé restent divisés, courant les uns et les autres derrière des acquis personnels. Il est impératif qu'ils mettent de côté leurs ambitions, ou leurs rancunes, propres, pour servir ensemble le projet national. Faute de quoi, la composante chrétienne du pays en aurait les reins brisés.
Le patriarche Sfeir est le premier à déplorer que jusqu'à présent « les chrétiens se divisent en clans dissociés, dressés les uns contre les autres. Chacun d'entre eux agit pour servir ses intérêts particuliers, et non pas l'intérêt de la patrie ». Et les évêques maronites ajoutent pour leur part : « Cela au moment où le Liban est à la croisée des chemins : soit qu'il y ait un État conscient de ses responsabilités, soit qu'il abdique ses prérogatives. »
Il est dès lors extrêmement important que l'électeur, notamment chrétien, réalise que c'est par son vote effectif qu'il peut permettre, ou non, l'émergence d'un État de droit fort, souverain, maître du territoire et des armes. Cette conscience politique doit s'exprimer, même si les prestations des leaders prêtent à redire.
Plus d'une fois, les chrétiens, maronites en tête, se sont trompés dans leurs choix. Ils en ont payé un lourd prix politique en marginalisation et en perte de rôle. Comme en qualité de tissu directionnel. De son exil de Paris, le Amid Raymond Eddé constatait, avec regret, que « le Liban que nous avons connu est maintenant fini ». Le fait que les chrétiens ne représentent plus, comme poids démographique, que les 35 % de la population libanaise doit les encourager, cette fois, à ne plus répéter les erreurs du passé. Car, finalement, leur salut ne peut résider que dans un État libanais, indépendant et fort.
Le pays est divisé, au fond, entre une culture de vie illuminée d'espérance et un culte des morts extrait de son cadre humain, tronqué en idéologie. Il appartient à l'électeur chrétien de faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre.Pour le moment, force est de constater que le plateau populaire se partage entre aounistes...