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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

Le Hezbollah en quête d’une victoire-bouclier indispensable

Le vœu de Bachar el-Assad va-t-il se réaliser ? Au sortir de la guerre de juillet, il affirmait que le Hezbollah, vainqueur sur le terrain, méritait de se voir remettre le pouvoir politique au Liban. Pour diverses considérations conjoncturelles, le parti de Dieu n'a pas vraiment cherché à prendre les rênes. Mais aujourd'hui, les donnes régionales et internationales ont changé.

Il lui faut mieux se protéger contre de possibles arrangements étrangers. De plus, sur le plan interne, il doit disposer d'atouts supplémentaires, l'armement ne suffisant pas et se révélant même contre-productif, pour faire progresser ses projets.

Le Hezb choisit donc la voie démocratique. Il aborde les législatives pour les gagner nettement, avec ses alliés, sans transiger comme lors de la précédente édition. Ensuite, il proposerait aux loyalistes, devenus minoritaires, de participer au gouvernement, pour rester conséquent avec son slogan de la participation nationale obligatoire, au titre que nul ne doit monopoliser les commandes. Tout en sachant que son offre va être refusée. Et si, par tactique, le 14 Mars devait l'accepter, eh bien, rien ne changerait et l'État resterait paralysé, comme il a continué à l'être quand la majorité sortante avait mis de côté ses propres candidats à la présidence pour soutenir le candidat de consensus, le général Michel Sleiman. Mais la probabilité d'un nouveau choix surprise des loyalistes est faible.
C'est pourquoi, prenant le contre-pied de précédentes indications du Hezbollah, l'un de ses théoriciens, Nawwaf Moussaoui, annonce que « les prochaines élections ne sont pas une simple course au strapontin, mais une bataille livrée contre les USA et Israël qui, à travers ses suppôts, cherche à contrôler la décision libanaise, en prélude à la liquidation de la Résistance comme de la cause palestinienne ». On n'est donc plus du tout dans le « moins qu'ordinaire » de Nabih Berry au sujet de l'importance des législatives, mais plus loin encore que dans l'estimation « cruciale » du 14 Mars. En effet, par la bouche du cadre cité, le Hezbollah laisse entendre que les élections sont, désormais, à ses yeux une question de vie ou de mort, ou presque.
Selon Moussaoui, le salut passe « par le changement du système tout entier ». Il rejoint ainsi les slogans du CPL, qui parle également de tout chambouler, sans toutefois préciser les contours de la métamorphose envisagée. S'agit-il de larguer des personnes, comme on peut le penser quand on entend Michel Aoun inviter les responsables loyalistes à regagner leurs pénates ? Ne projette-t-on pas plutôt de restructurer de fond en comble le Liban politique en supprimant Taëf au profit d'une nouvelle Constitution ? Le régime pouvant alors devenir présidentiel, comme aux États-Unis, ou semi-présidentiel, comme en France, avec abolition du confessionnalisme politique, ce qui permettrait à tout citoyen libanais de se porter candidat à la présidence. Ou, plus exactement, aux trois présidences, le succès allant à ceux qui recueilleraient le plus de voix, et l'on sait qui en a le plus.
Comme étape transitoire, chi va piano va sano, des journaux notoirement pro-iraniens proposent que les trois présidences soient soumises à une rotation entre chiites, sunnites et maronites, en avançant que les clivages politiques aigus et chroniques fragilisent trop le système actuel. On lit ainsi dans un article qu'après les élections tronquées de 2005, « tous les protagonistes ont continué à proclamer leur attachement à la formule de Taëf fondée sur la parité parlementaire égale entre musulmans et chrétiens, ainsi que sur la détermination de la confession de chaque présidence, les prérogatives du président de la République se trouvant réduites au profit du Conseil des ministres ». Mais les Libanais commencent à penser, à cause de la crise constitutionnelle persistante, que Taëf n'est pas du tout une formule réussie.
Il convient cependant de souligner que le président Nabih Berry n'est pas sur la même longueur d'onde que ses partenaires du 8 Mars. Il ne cesse en effet de marteler son attachement à Taëf et son rejet d'un partage en trois, deux aux musulmans et un aux chrétiens, au lieu d'une parité égale.

Il lui faut mieux se protéger contre de possibles arrangements étrangers. De plus, sur le plan interne, il doit disposer d'atouts supplémentaires, l'armement ne suffisant pas et se révélant même contre-productif, pour faire progresser ses projets.
Le Hezb choisit donc la voie démocratique. Il aborde les législatives pour les gagner nettement,...