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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

Des chiffres et des noms, mais des pronostics hésitants

26 circonscriptions, 700 candidats et 3 257 230 électeurs selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Dans moins de trois semaines, la physionomie du nouveau Parlement sera connue, même si, selon les pronostics, une bonne partie des électeurs semble se désintéresser du scrutin.
En 2005, le nombre des électeurs inscrits sur les listes s'élevait à 3 013 621 et 50 % d'entre eux ont pris le chemin des urnes. Cette année, on s'attend à un chiffre global presque similaire, même si le pourcentage varie d'une circonscription à l'autre. C'est dire que la mobilisation populaire est loin d'être aussi importante que celle de la classe politique. Mais les candidats et les grandes machines électorales ont laissé leur « artillerie lourde » pour la fin et comptent sur une intensification de la sollicitation des électeurs au cours des derniers jours précédant l'opération de vote.
Il est intéressant de noter que, toujours selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, le nombre des électeurs sunnites s'élève à 887 971, alors que celui des électeurs chiites est de 873 418. À elles deux, ces communautés élisent 54 députés (27 chacune). Les électeurs maronites sont 697 502 inscrits (ils ont 34 sièges), alors que les grecs-orthodoxes sont 242 640. Les druzes sont 186 491 et les grecs-catholiques 162 519. Quant aux alaouites, ils n'ont que 26 917 électeurs inscrits et deux députés au Parlement, un au Akkar et le second à Tripoli.
Ces chiffres permettent d'avoir une idée plus précise de l'opération électorale qui, selon des sources diplomatiques occidentales, est quasiment jouée pour 99 sièges au moins au sein du nouveau Parlement. Ainsi, l'opposition est assurée d'avoir au moins 26 des 29 sièges chiites, la majorité ayant assuré l'élection de son candidat chiite à la troisième circonscription de Beyrouth (Ghazi Youssef), alors que le siège chiite dans la circonscription de la Békaa-Ouest est en ballotage entre le candidat de la majorité Amine Wehbé et celui de l'opposition Nasser Nasrallah. Le siège chiite de Zahlé est aussi en ballotage entre le candidat de l'opposition Hassan Yaacoub et celui de la majorité Okab Sakr, avec un avantage pour le premier depuis que l'ancien député et ministre Mohsen Dalloul a décidé de former sa propre liste après l'échec de ses négociations avec le chef du Courant du futur Saad Hariri.
Du côté des sièges sunnites, la majorité est aussi pratiquement assurée d'en avoir la plupart. L'opposition a toutefois trois sièges garantis : deux à Baalbeck-Hermel, Walid Succarié et Kamel Rifaï, et un à Marjeyoun-Hasbaya, Kassem Hachem. Elle devrait en principe perdre le second siège sunnite de Saïda actuellement occupé par Oussama Saad au profit du Premier ministre Fouad Siniora, sauf si le candidat de la Jamaa islamiya, Ali cheikh Ammar, maintient sa candidature et s'allie en douce avec Oussama Saad. Elle pourrait aussi perdre éventuellement le siège sunnite de Zahlé qui devrait revenir au député actuel Assem Araji, qui a toutefois changé de camp en 2009, puisqu'il figure désormais sur la liste de la majorité. En revanche, certains pronostics parlent d'une possible percée de l'un des candidats sunnites de l'opposition au Akkar Wagih Baarini et d'un certain ballotage à Tripoli, surtout avec le maintien de la candidature de l'actuel député Misbah Ahdab. Ce dernier a récemment tenu un rassemblement populaire dans la ville et la base du Courant du futur y a participé en masse. Celle-ci ne semble pas voir d'un bon œil son exclusion de la liste d'entente au profit du candidat proche de l'ancien Premier ministre Nagib Mikati, Ahmad Karamé. D'ailleurs, le député et ancien ministre Ahmad Fatfat a aussitôt déclaré que même si Ahdab est élu en dehors de la liste d'entente, ce sera une victoire pour la majorité actuelle, puisqu'il est « l'un des nôtres ». Toutefois, la candidature d'Ahdab met rudement à l'épreuve la cohésion de la liste d'entente à Tripoli qui a été qualifiée par le ministre Mohammad Safadi de « liste unique mais non unifiée ». Si Ahdab maintient sa candidature, et ses chances d'être élu sont grandes, il pourrait aussi procéder à un échange de voix avec d'autres candidats indépendants et les pronostics bien établis pourraient ainsi sauter, ouvrant la voie à une percée de l'ancien Premier ministre Omar Karamé.
C'est dire que dans certaines circonscriptions, le suspense est encore total et quel que soit le camp vainqueur, il ne devrait l'emporter qu'avec un maximum de six sièges d'avance. Certains sondages donnent un léger avantage à l'opposition, estimant qu'elle a bénéficié de facteurs favorables, notamment le changement de climat régional et international, la libération des quatre généraux et le nouveau langage tenu par Walid Joumblatt, un des moteurs du camp du 14 Mars. Mais la riposte ne s'est pas fait attendre, l'opposition a elle aussi essuyé des coups, notamment la crise entre l'Égypte et le Hezbollah, qui tout en étant de portée interne limitée, aura peut-être une incidence sur l'électorat sunnite en ballotage, ainsi que la position du département d'État américain qui continue d'appuyer ouvertement la majorité. C'est le sprint des dernières semaines qui déterminera le vainqueur et, à la veille des élections, il faut s'attendre à une multiplication des coups, bas de préférence...
En 2005, le nombre des électeurs inscrits sur les listes s'élevait à 3 013 621 et 50 % d'entre eux ont pris le chemin des urnes. Cette année, on s'attend à un chiffre global presque similaire, même si le pourcentage varie d'une circonscription à l'autre. C'est dire que la mobilisation populaire est loin d'être aussi importante que celle...