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Nos Lecteurs ont la Parole

Dépité libanais

Marwan EL-TIBI
Qu'il est beau le climat démocratique qui règne ces derniers temps sur le paysage politique libanais.
Des préparations aux élections législatives sous forme de discours, d'attaques et de contre-attaques. Parfois même, ultime joie, des programmes. Enfin, des pamphlets contre l'autre, faisant office de programmes et suivant une logique manichéenne qui réduit l'activité politique à une lutte acharnée opposant des gentils à des méchants.
Mais qui sont les gentils et que font les méchants pour l'être ? Au fond, ce n'est pas ce qui intéresse les électeurs chez un prétendant à la plaque bleue, mais plutôt sa capacité à transformer l'eau en goudron, ou sa force de persuasion pour libérer le jeune dernier en prison pour cause de vol à main armée, ou encore ses connexions permettant de trouver une place au sein de l'administration publique pour caser l'aînée qui a enfin obtenu son diplôme.
Parce que, de vous à moi, à quoi ça sert d'être député au Liban ? Bon, c'est vrai il y a la plaque bleue, mais maintenant que les barrages de l'armée syrienne n'existent plus et que les « voies militaires » qui les caractérisaient ont disparu, elle ne sert plus vraiment à grand-chose.
Il y a aussi le fait de bénéficier d'exonération de droits de douane pour deux véhicules et une servante. Alors oui, ça en revanche c'est plutôt tentant pour le Libanais lambda...mais pas suffisant.
Et puis il y a le salaire, qui doit tourner autour d'une dizaine de millions de livres libanaises, mais franchement, n'est-il pas préférable de se trouver un bon poste au sein d'une multinationale pour prétendre à cette catégorie de salaires sans forcément risquer sa vie ou se couvrir de ridicule à chaque échéance majeure de la vie démocratique du pays ?
Mais à quoi servent donc ces strapontins tant convoités?
À contrôler les actions du gouvernement pour qu'elles soient menées dans le respect de la Constitution, me rétorqueriez-vous.
Soit, si encore la plupart des ministres n'étaient pas - étant également membres du Parlement - plus concernés par les intérêts de leur parti ou bloc que par ceux du citoyen.
Légiférer et proposer des lois qui améliorent le quotidien du peuple, telle est, me diriez-vous, la devise d'un député.
Soit, si tant est que l'on puisse définir le terme légiférer par le fait d'amender constamment la Constitution pour l'adapter à la réalité politique libanaise.
Peut-être me parlerez-vous du prestige d'être député, de la dimension nationale, mais force est de constater que rares sont les députés, que nous avons pu observer lors des retransmissions télévisées des débats parlementaires, qui se font les porte-parole de l'ensemble des Libanais plutôt que de ceux qui sont originaires de leur circonscription.
Le nombrilisme de ces soi-disant représentants de la nation allant parfois jusqu'à dénoncer les aides ou subventions obtenues par d'autres régions libanaises, parfois après des années d'attente en prétextant y avoir également droit.
Au Liban, un élu de la nation n'est député que pour les habitants de sa circonscription, et encore faut-il qu'il les serve correctement ; pour les autres, il n'est rien qu'une figure de plus dans le camp adverse.
Si nous autres, pauvres idéalistes aspirant à un État digne de ce nom, croyons que ces élections devraient permettre d'accéder à la Chambre des hommes et femmes capables de défendre nos intérêts collectifs, nous nous plantons le doigt dans l'œil jusqu'à l'omoplate.
En réalité et quel que soit le vainqueur, les élections du 7 juin prochain n'apporteront rien aux Libanais, à part le sentiment éphémère d'être au cœur des préoccupations des politiciens et quelques dollars moyennant leur voix.

Marwan EL-TIBI
Qu'il est beau le climat démocratique qui règne ces derniers temps sur le paysage politique libanais.Des préparations aux élections législatives sous forme de discours, d'attaques et de contre-attaques. Parfois même, ultime joie, des programmes. Enfin, des pamphlets contre l'autre, faisant office de programmes et suivant une logique...

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