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Culture - Rencontre

André Velter, poète des grands chemins, troubadour d’aujourd’hui…

Au Liban, l'espace d'un bref séjour, le poète français André Velter donnera, au son du oud « en résonance » d'Alexandre Ahib, deux récitals de poèmes puisés de son dernier grand ouvrage « Midi à toutes les portes » (collection nrf chez Gallimard)*.

Il se dit voyageur. «Citoyen des chemins». Ceux du vaste monde. Avec, néanmoins, une prédilection marquée pour les routes d'Orient. Des confins himalayens à l'Afghanistan, en passant par l'Inde, la Turquie, le Maroc ou encore la Chine, André Velter fait rimer périple, plaisir et poésie. «Je ne voyage pas pour ramener des livres, affirme-t-il. Je voyage pour vivre.» Sauf qu'évidemment son écriture garde plus ou moins la trace de là où il passe...
Ce goût du vagabondage et du dépaysement - il entamera d'ailleurs ses deux soirées libanaises par un texte intitulé Dépaysement - n'est-il pas le propre du poète? «Cela pourrait être aussi un syndrome ardennais, ce goût de l'ailleurs», signale malicieusement Velter, natif tout comme son célèbre prédécesseur Arthur Rimbaud des Ardennes.
Toujours est-il que c'est ce choix existentiel décidé très tôt de rejeter la sédentarisation, «de ne pas entrer dans les rails de la vie habituelle», qui l'a sans doute mené sur les voies du verbe poétique.

 

Ce chant inhérent à la poésie
«Depuis mon adolescence jusqu'à aujourd'hui, j'ai toujours strictement fait ce que je voulais faire, je n'ai jamais fait ce que je ne voulais pas faire et j'ai à peu près vécu comme j'avais envie de vivre», affirme cet homme libre comme le vent... six mois de l'année, et immergé, «avec bonheur» souligne-t-il, dans le flux de la vie parisienne, les six autres mois. Car, outre ses voyages et ses récitals, André Velter, qui est le fondateur avec Jack Lang et Emmanuel Hoog du Printemps des poètes, cumule les spectacles, les écrits ainsi qu'un poste d'éditeur de la collection de poche poésie chez Gallimard. Sans compter l'émission de radio Poésie sur parole qu'il a dirigée pendant plus de vingt ans sur France Culture.
«Retrouver un sens, une musicalité, ce chant inhérent à la poésie française depuis les troubadours», tel est depuis des années le grand combat d'André Velter, prix Goncourt de poésie en 1996. Il s'y était attelé à travers son émission radiophonique où il invitait, face à face, un poète français et un poète étranger - lequel récitait dans sa langue natale ses textes aussitôt traduits - pour «réinstiller dans la poésie française ce recours au souffle, au rythme, au tempo», qui avaient été abandonnés dans les années soixante en France. «La poésie était alors devenue l'annexe de la linguistique et de la grammaire», déplore-t-il. Cet engagement, il l'a poursuivi à la fin des années quatre-vingt-dix par l'initiative couronnée de succès du Printemps des poètes. Aujourd'hui, il se déclare ravi de l'impact toujours croissant de la poésie déclamée dans nos sociétés contemporaines. Un retour de flamme qu'il explique par «un besoin d'entendre du sens dans un univers surmédiatisé, où la langue considérablement appauvrie est devenue uniquement véhiculaire et n'est plus réduite qu'à des slogans ou alors une espèce de langue de bois qui masque la réalité des choses. Une réalité qui n'est autre que le destin humain de chaque individu qui écoute», soutient-il.
Si pour André Velter «le voyage est l'aimant de la vie», la parole poétique est un mode de vie et, surtout, une liberté d'esprit qui s'inscrit dans une saine révolte contre «l'abrutissement général», dit cet homme convaincu que la poésie est pratiquement aujourd'hui le seul médium qui est capable de résister à la mise en coupe réglée du monde par les marchands. Du moment qu'elle respecte ce qui fait son essence même, à savoir cette alliance du son et du sens !

* Ce soir, jeudi 26 mars à 18h, à Beit el-Fan (Tripoli) et demain, vendredi 27 mars, à 20h, à Beyrouth, à la Mission culturelle française (rue de Damas), entrée libre. 

Il se dit voyageur. «Citoyen des chemins». Ceux du vaste monde. Avec, néanmoins, une prédilection marquée pour les routes d'Orient. Des confins himalayens à l'Afghanistan, en passant par l'Inde, la Turquie, le Maroc ou encore la Chine, André Velter fait rimer périple, plaisir et poésie. «Je ne voyage pas pour ramener des livres,...

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