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Liban - Commentaire

Le Hezbollah a de bonnes raisons de voler au secours électoral de Aoun

Après avoir appuyé le scrutin en un jour, et en avoir permis le vote au Parlement, le général Michel Aoun et sayyed Hassan Nasrallah se ravisent et demandent que l'opération électorale se déroule en deux étapes ou même plus. Pourquoi ce revirement ?
Des loyalistes, s'appuyant sur des sondages d'opinion, répondent que Aoun, en perte de vitesse manifeste, a besoin de la machine électorale du Hezbollah, de son apport technique et logistique. Et qu'il souhaite donc qu'elle puisse se consacrer entièrement à l'aide qu'il en attend. Ce qui ne peut être le cas si le Hezb doit s'occuper en premier, le même jour, de ses propres circonscriptions. De plus, pour compenser les pertes de son précieux allié en pays chrétien, le parti du sayyed devrait le laisser choisir les candidats chrétiens dans les régions chiites, au Sud et dans la Békaa. Un manque à gagner important pour le Hezb comme pour Amal.
Ce mouvement, on le sait, refuse pour sa part que Aoun lui ravisse des strapontins à Jezzine ou au Zahrani. À Marjeyoun, c'est une autre formation du 8 Mars, le PSNS, qui a fait barrage au général Issam Abou Jamra, bras droit du général Aoun, pour maintenir Assaad Hardane au siège grec-orthodoxe. Le vice-président du Conseil a dû se résigner à se porter candidat à Beyrouth. Ce qui n'est pas sans inquiéter certains postulants aounistes qui craignent qu'ils ne soient également transférés dans des circonscriptions dont ils ne sont pas natifs.
Toujours est-il que, comme on le voit avec l'éclosion de permanences hezbollahies en pays chrétien, le CPL a quand même la chance que son allié chiite n'a pas d'inquiétude à se faire dans ses propres fiefs. Et n'a pas besoin d'y mobiliser toutes les ressources, tous les effectifs, de son instrument électoral. Il peut donc prêter son concours aux candidats aounistes qui risquent d'être en difficulté face à des rivaux Kataëb ou FL. Étant entendu que le gros de cette assistance consistera à faire voter massivement l'électorat chiite en faveur du CPL, au Mont-Liban et dans certaines régions du Liban-Nord. Tout en s'efforçant d'entraîner le Tachnag dans ce même sillage.
Ce n'est pas simplement par loyauté envers un fidèle allié que le Hezb se dévoue de la sorte, à Jbeil, au Kesrouan, au Metn, à Batroun ou au Koura. Mais parce qu'il est très important pour lui de continuer à disposer d'une couverture chrétienne pour son projet. Afin de réfuter tout reproche de visées plus confessionnelles que nationales.
Le rêve du Hezbollah reste de voir le 8 Mars, dont il est l'incontestable fer de lance, remporter les élections et décrocher le pouvoir exécutif. Si cela ne devait pas être le cas, et il s'y prépare manifestement, il devrait pouvoir imposer de nouveau un cabinet dit d'union avec tiers de blocage. Afin de contrôler suffisamment la scène locale pour négocier en position de force avec toute partie étrangère, occidentale ou arabe. Voire même, le cas échéant, avec les Syriens et avec les Iraniens. Notamment sur son armement, ou plutôt son désarmement, et sur l'application de la 1701. Et l'on sait qu'avec la détente extérieure en cours, ce sont ces deux points qui vont être réclamés à Damas comme à Téhéran.
Or pour maintenir, à tout le moins, le statu quo des rapports de force internes, il est nécessaire, pour le Hezb, que Aoun retourne au Parlement à la tête d'un bloc aussi consistant que celui qu'il dirige présentement.
Cependant, l'engagement du Hezbollah à ses côtés met le général Aoun plutôt en porte-à-faux au niveau de l'opinion chrétienne. Saisissant la balle au bond, des loyalistes se demandent comment le champion autoproclamé de la cause communautaire peut-il prétendre au titre de leader unique incontesté quand, pour espérer garder quelques strapontins, il se trouve obligé de faire appel au parti chiite. À l'aide de ses militants et à la collecte des voix chiites qu'il peut mobiliser, ou forcer à voter CPL, à Jbeil, à Baabda ou au Nord. En outre, soulignent ces majoritaires, l'aveu indirect de sa faiblesse populaire prouve que le général Aoun avait tort de soutenir que le retour à la loi électorale de 1960 favoriserait le rétablissement des droits politiques chrétiens.
Après avoir appuyé le scrutin en un jour, et en avoir permis le vote au Parlement, le général Michel Aoun et sayyed Hassan Nasrallah se ravisent et demandent que l'opération électorale se déroule en deux étapes ou même plus. Pourquoi ce revirement ?Des loyalistes, s'appuyant sur des sondages d'opinion, répondent que Aoun,...
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